Category Archives: Non classé

Les Etats-Unis déploieront des armements lourds sur le flanc Est de l’Otan

Avatar de BouessoWorld Vision

Tallinn – Les Etats-Unis vont temporairement déployer des armements lourds pour une brigade dans les pays d’Europe centrale et orientale, afin de renforcer l’Otan sur son flanc Est, a déclaré mardi à Tallinn le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter.

Nous allons temporairement stationner des armements pour une brigade, comprenant des véhicules de combats et des équipement associés, dans les pays de l’Europe centrale et orientale, a déclaré M. Carter lors d’une conférence de presse.

Il a précisé qu’il s’agira notamment de chars et des équipement d’artillerie mobile pour l’infanterie.

Une brigade américaine compte environ 5.000 hommes.

L’Estonie, ainsi que la Lituanie, la Lettonie, la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne ont accepté d’accueillir du matériel suffisant pour équiper entre une compagnie et un bataillon. Ce matériel tournera dans la région pour entraînements et exercices, a ajouté M. Carter.

Des armes lourdes américaines seront ainsi déployées pour la première…

Voir l’article original 67 mots de plus

«J’ai donné plus de 1 milliard de francs dans ma vie»

Avatar de iffresblogActualité du mécénat et des fondations de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

Hansjörg Wyss: «Une start-up comme Google change le monde, recevoir un Prix Nobel ne fait que refléter l’excellence passée.» (David Wagnières)

Hansjörg Wyss nous a reçus sur La Côte vaudoise dans sa maison qui abrite sa fondation pour la paix PeaceNexus, quelques jours avant l’inauguration du Campus Biotech de Genève. Rencontre avec un philanthrope de 80 ans

Patrick Aebischer et Ernesto Bertarelli étaient faits pour s’entendre avec Hansjörg Wyss. Le premier a imposé l’axe stratégique des sciences de la vie à la tête de son école d’ingénieurs, le second, ex-président de Serono et ancien de Harvard, reste très actif dans les biotechnologies. Leur rencontre a permis la création du Campus Biotech inauguré aujourd’hui à Genève. Situé dans le quartier de Sécheron, ce centre d’excellence en sciences de la vie unique en Europe s’étend sur 40 000 m2. Outre l’EPFL, l’Unversité de Genève, la famille Bertarelli et Hansjörg Wyss, ce nouvel écosystème s’appuie sur une approche scientifique interdisciplinaire pour positionner la région au premier plan de la recherche dans les neurosciences et de la…

Voir l’article original 1 502 mots de plus

La transition : une démarche dans l’ère du temps

Le monde est en transition. Il faut avoir une vision du monde demain dès aujourd’hui. Pour en savoir plus, nous recevons aujourd’hui Patrick Laredo, président de X-PM.

Pour Patrick Laredo, les managers et les entreprises sont en transition. En revanche, les managers « en transition » ne sont pas forcément des managers « de transition ». X-PM est très sélectif quant aux candidatures des managers. Différents entretiens avec des partners sont effectués. Le travail en équipe, le sens du résultat et la fibre entrepreneuriale sont des éléments essentiels pour des managers de transition. Afin d’accompagner les managers de transition en devenir, une académie a été fondée afin de les sensibiliser aux aspects comportementaux du métier de manager de transition et au management actuel.

Des managers missionnaires et non mercenaires

X-PM a pour culture l’humain. Ainsi, les managers doivent avant tout s’intéresser à l’humain. Mener une transformation dans une entreprise est une véritable mission et le manager doit comprendre que l’on attend de lui une loyauté et une éthique irréprochables.

3 CAMPAGNES INSTAGRAM INNOVANTES POUR PERSONNALISER UNE MARQUE

De nombreuses entreprises ont compris l’intérêt d’utiliser Instagram pour promouvoir leur marque mais peu d’entre elles sont parvenues à mettre en place des campagnes marketing efficaces sur ce réseau social. Nous avons ainsi déniché trois brillantes campagnes qui vous montrent l’étendue des fonctionnalités qu’offre l’application. Ces campagnes ont un point commun : elles invitent les utilisateurs à customizer les produits de la marque !

1. Nike – L’expérience “PHOTOiD”

En 2013, Nike a eu l’idée originale de laisser leurs clients créer leur propre paire de baskets. Pour promouvoir la marque Air Max, Nike a lancé la campagne “PHOTOiD” et a inséré un lien vers le site PHOTOiD dans le profil Instagram de la marque. Une fois sur le site, les fans devaient choisir une photo de leur compte Instagram afin de permettre à PHOTOiD de créer un nouveau modèle de Nike Air Max à partir des couleurs de la photo sélectionnée.

nike air max photoid

Les participants étaient invités non seulement à partager leur design sur les réseaux sociaux, mais aussi à acheter leur paire de baskets personnalisée ! Tous les modèles créés ont été rassemblés sur le site Nike ainsi que sur leurs plateformes sociales.

2. Mercedes-Benz – “Construit ta propre GLA”

Mercedes-Benz a repris l’idée de Nike, mais cette fois-ci, en s’appuyant uniquement sur les fonctionnalités offertes par Instagram. Pour célébrer le lancement de la nouvelle Mercedes 2015, GLA Compact SUV, la marqué a créé, en collaboration avec l’agence Razorfish, un ensemble de profils Instagram interactifs, avec des centaines d’images, pour permettre aux utilisateurs de construire leur propre version du véhicule de luxe. En seulement quelques clics sur l’application, ces derniers avaient accès à différentes options de customisation.

wersm-iphone-mercedes-gla-instagram-razorfish (1)

Les utilisateurs pouvaient choisir la couleur, mais aussi les types de roues, toit et calandre qu’ils souhaitent voir apparaître sur leur voiture. Une fois le design terminé, ces derniers obtenaient la photo du véhicule personnalisé, ainsi que le prix de vente associé. Ils pouvaient ensuite apporter la photo dans le concessionnaire Mercedes-Benz le plus proche, avec assez d’argent pour s’offrir leur petite merveille !

https://youtu.be/56dzHFySChU

L’enseigne britannique Net-a-Porter a décidé de promouvoir le lancement de leur magazine Porter en transformant leurs fans en stars. La marque a créé l’application iPhone “I Am Porter“, pour permettre aux utilisateurs de faire la Une de leur magazine. Ces derniers n’avaient qu’à télécharger une photo d’eux pour apparaître sur la couverture digitale du magazine Porter. Les fans étaient ensuite amenés à partager leur couverture, avec le hashtag #IamPorter, sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter, et Instagram, pour avoir une chance de gagner 8000 € de shopping chez l’e-marchand.

i am porter app

i am porter appEn transformant subtilement les fans en ambassadeurs de marque, le nouveau magazine a bénéficié d’une large publicité gratuite. En quelques heures seulement, plus de 700 couvertures de magazine, accompagnées du hashtag #IamPorter, ont été publiées sur Instagram.

I am porter app Instagram

Ces trois campagnes Instagram devraient ainsi vous donner quelques idées pour engager davantage vos clients et leur permettre d’adapter vos produits à leur goût !

MARQUE-EMPLOYEUR : POURQUOI IL FAUT FAIRE CONFIANCE AUX EMPLOYÉS POUR PARLER DE LEUR ENTREPRISE

 Tout le monde parle de son entreprise, que ce soit à ses proches, ses amis, ou… sur les réseaux. Mais, par crainte, beaucoup d’entre elles choisissent de limiter la parole des employés. Et si c’était, au contraire, une opportunité à saisir ? 

« Ce qui se passe dans l’entreprise reste dans l’entreprise ». Bon nombre d’organisations rechignent à autoriser leurs employés à s’exprimer sur leur entreprise publiquement, en particulier sur les réseaux sociaux. Le risque est bien réel : une prise de parole mal-informée ou irresponsable suffit pour déclencher une crise. Et pour cause : selon le Trust Barometer d’Edelman (2014), les employés sont aujourd’hui considérés comme la source la plus digne de confiance pour parler de façon authentique de leur entreprise. La prise de parole des employés : menace ou… opportunité ?

sarah-peiker-175x185Publiée la semaine dernière, l‘étude #TRUST : The Key Ingredient To A Great Employer Brand réalisée par Sarah Peiker, RPO Practice Leader chez ManpowerGroup Solutions EMEA, défend la seconde possibilité : empêcher les employés de s’exprimer sur leur entreprise, c’est la priver d’un atout considérable dans la construction d’une marque-employeur plus authentique et sincère. Décryptage d’une stratégie de plus en plus répandue.

Les risques de la prise de parole non-contrôlée des employés

Il faut l’admettre : les risques d’une prise de parole non-contrôlée sont importants. Se retrouver au cœur d’une crise médiatique peut avoir un effet dévastateur, d’une baisse du prix de l’action à la chute des ventes. Sur le plan des ressources humaines, cela peut également se répercuter sur la capacité de l’entreprise à recruter les talents :

  • Un recrutement plus difficile : selon une étude de CR Magazine et Alexander Mannréalisée aux Etats-Unis, plus de 30% des sondés déclare refuser catégoriquement de travailler pour une entreprise ayant des problèmes de communication ou une mauvaise réputation.
  • Et plus coûteux : parmi les sondés, les hommes déclarent qu’ils demanderaient un salaire 53% plus élevé dans une telle entreprise, et 60% pour les femmes.

Cependant, le verrouillage de la prise de parole des employés pose d’autres problèmes : est-il raisonnable d’envoyer aux employés le message qu’ils ne sont vraiment pas… dignes de confiance ?

Une stratégie d’autant plus problématique que ces employés sont pourtant les sources les plus écoutés par… les futurs candidats : 78% des chercheurs d’emploi affirment que les appréciations et commentaires des employés anciens ou actuels ont une réelle influence sur leur décision de postuler pour une entreprise, selon une étude réalisée par le site Glassdoor en septembre 2014 (une plateforme spécialisée dans la notation des entreprises par leurs employés).

Se battre contre des moulins à vent ?

Il ne faut pas se faire d’illusion : aujourd’hui, il est impossible d’empêcher vos employés de parler de l’entreprise. C’est ce que tendent à montrer plusieurs études qui mettent en lumière la tendance croissante des employés à parler de leurs employeurs sur de multiples canaux : au Royaume-Uni, une le cabinet d’avocat Kemp Little note que 40% des employés ont admis avoir critiqué leur supérieurs sur les réseaux sociaux. Et cette tendance n’est pas limitée aux anciens employés, le Benchmark 2014 de la Talent Board Candidate Experience est sans appel :

  • Depuis 2012, il y est 4 fois plus probable que des employés partagent leur expérience sur les réseaux sociaux
  • 83% partageront une bonne expérience avec leur proche, 51% sur les réseaux sociaux
  • 66% partageront une mauvaise expérience avec leurs amis et collègues, 34% posteront des informations sur une expérience négative, en ligne

etude-trust

Le constat est donc clair : aujourd’hui, il est tout simplement devenu impossible d’empêcher la prise de parole des employés. Les plateformes pour le faire se multiplient, la demande est forte et la pratique se répand.

Le choix, quasi-instinctif, d’exercer un contrôle de la parole publique et des réseaux sociaux s’avère donc dans la plupart des cas contre-productif. Mais comment concilier prise de parole des employés, sécurité de l’information et excellence de l’image de marque-employeur ?

Parier sur la confiance : le cas Netflix 

Dans tous les pays qui sortent de la crise, l’exigence des candidats sur la Proposition de Valeur des entreprises aux Employés (PVE, ou Employee Value Proposition en anglais) se renforcent. Investir sur cette dernière est nécessaire pour faire d’eux les meilleurs ambassadeurs de la marque.


netflix-logo-newL’exemple de Netflix est un cas typique d’entreprise qui a su investir sur la PVE, faire confiance à ses employés et favoriser des prises de parole positives. Toute leur approche a été de prendre pour une évidence que, confrontée à des cas sensibles, la majorité de leurs employés prendront la bonne décision. Pour Netflix, il est plus important de recruter les bonnes personnes que de rédiger les règlements de politique interne. Dans la Harvard Business Review,Patty McCord, ancienne responsable de la gestion des talents chez Netflix, l’explique ainsi :

« 97% de vos employés prendront toujours la bonne décision. La plupart des entreprises passent trop de temps et d’argents à rédiger et appliquer des politiques RH censé régler des problèmes qui ne concernent que les 3% restants. Nous, chez Netflix, nous avons vraiment tout fait pour ne pas recruter ce type de personnes problématiques, et si nous nous rendions compte que nous l’avions fait, nous nous en séparions, tout simplement ».

Au lieu de l’interdire, Netflix a donc encouragé l’usage des réseaux sociaux par ses employés – par le biais de formations et de partages sur le ton et le contenu le plus appropriés – le tout dans une dynamique de liberté d’expression. Et si certaines erreurs sont toujours possibles – le risque zéro n’existant pas à la matière -, l’entreprise a considéré qu’elle avait plus à gagner par la diffusions de ces contenus authentiques, qu’à y perdre.

Comment mettre la parole des employés au service de la marque-employeur ?

Mais toutes les entreprises ne sont pas Netflix, certes. Ce qui ne doit pas empêcher les employeurs de se demander comment s’engager dans une démarche de transparence avec leurs employés, et ne pas priver ainsi l’entreprise de ses plus influents ambassadeurs.

La récente étude #TRUST : The Key Ingredient To A Great Employer Brand réalisée par ManpowerGroup Solutions propose 10 conseils pour démarrer cette réflexion:

  • Rédiger les politiques internes de prise de parole en pensant à la majorité qui a l’habitude de bien agir, pas pour la toute petite minorité qui enfreindra de toute façon les règles ;
  • Traitez vos employés comme des adultes : et vous verrez que vos employés se comporteront comme tels ;
  • Gardez votre politique interne claire et simple à comprendre : « Less is more » ;
  • Soyez transparent : identifiez les erreurs et les manières d’y remédier ;
  • Partez de l’idée que vos employés ont toujours à l’esprit l’intérêt de leur entreprise.C’est le cas la très grande majorité du temps ;
  • Répondez aux appréciations, positives ou négatives, concernant la marque-employeur ;
  • Ne donnez pas d’éléments de langages. Faites confiance à vos employés pour s’exprimer avec leur propre voix. Ils seront d’autant plus authentiques ;
  • Félicitez les employés qui parlent de l’entreprise en public (y compris lorsqu’il s’agit de critiques constructives) ;
  • Si quelqu’un vous explique que quelque chose est impossible, continuez à creuser.N’abandonnez que si le risque devient plus important que le bénéfice ;
  • Soyez courageux. Les leaders capables d’avancer vers une démarche de confiance sont des pionniers.

La puissance du léger…

La puissance du léger…

GILLES LIPOVETSKY

A l’âge hypermoderne, le culte polymorphe du léger s’affirme partout. Avec l’ère consumériste, c’est une culture quotidienne de la légèreté hédonistique qui triomphe (du corps – régime, relaxation – aux nanotechnologies en passant par l’architecture et le design) : s’affichent de tous côtés les images luxuriantes de l’évasion et les promesses du plaisir. Dans ce cadre, les objets ne se définissent plus exclusivement par leur stricte valeur d’usage. Ils acquièrent une connotation ludique ou tendance qui les fait basculer du côté du léger : tout objet, à la limite, devient gadget chargé d’inutilité et de séduction ludique. La passion du léger contribue désormais à définir un capitalisme de consommation « artiste » caractérisé globalement par quatre mots : individualisme, esthétisation, légèreté et obsolescence (logique de la mode ou de l’éphémère).

Cette apologie de la légèreté ne se réduit pas pour autant à une logique de la superficialité. Pour bien le comprendre, il faut se rappeler que si cette nouvelle puissance du léger est unique dans l’Histoire, aucune civilisation n’a néanmoins ignoré la légèreté comme structure anthropologique de l’imaginaire et aspiration humaine éternelle (trouvant toujours des formes d’incarnation dans la vie sociale). Je rappellerais ici quelques archétypes fondamentaux :

 

  • La légèreté aérienne (le rêve immémorial de s’élever dans les cieux, au propre comme au figuré)
  • La légèreté-mobilité (du nomadisme à la miniaturisation)
  • La légèreté-distraction (visant à alléger le poids de l’existence : jeux, loisirs, fêtes, humour, etc.)
  • La légèreté frivole (mode, charme des apparences)
  • La légèreté volage (inconstance et mobilité du désir)
  • La légèreté-style (l’art apparaît comme un des grands domaines où se concrétise l’exigence anthropologique de la légèreté)
  • La légèreté-sagesse (la vie frivole, et sa fuite en avant dans les plaisirs toujours nouveaux, n’épuise pas à elle seule l’imaginaire de la légèreté. A l’archétype de la frivolité s’oppose celui de la légèreté-sérénité renvoyant à l’idéal antique du bonheur défini par l’ataraxie, l’état paisible où l’homme est affranchi de ses peurs et de ses faux désirs).

 

La différence par rapport au passé, c’est que notre époque valorise grandement la légèreté alors que nos ancêtres lui préféraient le « lourd ». Substituant la séduction à la coercition, l’hédonisme au devoir rigoriste, l’humour à la solennité, l’univers consommatoire tend à s’afficher comme un univers délesté de toute gravité idéologique, de toute épaisseur de sens. Toutefois, l’idéal du léger impose des normes exigeantes, aux effets épuisants.

Pour autant, il ne faut pas simplement interpréter notre époque comme une réappropriation de l’esprit « artiste » de Mai 68 par le capitalisme (ce qui introduit des nuances dans mon raisonnement par rapport aux thèses de Luc Boltanski et Eve Chiapello dans Le nouvel esprit du capitalisme[1]). Cette montée en puissance de la légèreté (connexe de l’individualisme, de l’esthétisation et de la promotion de l’éphémère) a débuté dès la seconde moitié du XIXe siècle avec La création du Bon Marché par Aristide Boucicaut. Avec la naissance de ce premier grand magasin, ancêtre de la distribution moderne, il s’agissait déjà d’organiser une théâtralisation de la consommation, c’est-à-dire le triomphe de la séduction, la création du désir. Ce qu’amena le XXesiècle, c’est un changement d’échelle, dont le cinéma et la voiture devinrent deux symboles forts.

L’univers digital s’affirme d’ailleurs comme un condensé de l’univers du léger, et il démontre au passage que les lieux physiques et virtuels ne s’affrontent pas. Ils s’interpénètrent et contribuent à se recomposer l’un l’autre.

A bien des égards, la puissance sur le léger conditionne aujourd’hui la puissance au sens le plus global ! Dans le cadre de la « guerre économique » contemporaine sur laquelle certains spécialistes comme Eric Delbecque attirent l’attention, l’Europe devra également miser sur l’expertise qu’elle possède en ce domaine (luxe, aéronautique, sphère numérique, etc.). Ce leadership ne durera pas éternellement (cf. les écoles de design en Chine, par exemple en partenariat avec celle de Nantes, à Shanghai) mais c’est un chemin essentiel de prospérité sur le moyen terme.

Le capitalisme a parfaitement assimilé, voilà maintenant plus d’un demi-siècle, que les marchés s’avèrent très vite saturés si l’on s’en tient à la satisfaction des besoins primaires (cf. la pyramide de Maslow) ; s’attacher à répondre aux autres et les développer (accomplissement et estime de soi) permet en revanche de créer du désir à l’infini.

 

Gilles LIPOVETSKY est Philosophe et sociologue, il est l’auteur, entre autres, de L’Ere du vide (Gallimard, 1983), L’Empire de l’éphémère (Gallimard, 1987), des Temps hypermodernes (Grasset, 2004), et de L’Occident mondialisé (Grasset, 2010), traduits en vingt langues, L’Esthétisation du monde. Vivre à l’âge du capitalisme artiste (Gallimard, 2013), De la légèreté (Grasset, 2015)

« Faire de la réalité virtuelle, c’est hacker le cerveau »

Pour Sébastien Kuntz, faire de la réalité virtuelle, c'est hacker le cerveau

Sébastien Kuntz travaille dans la réalité virtuelle (VR) depuis plus de 13 ans. D’abord à la SNCF, où il a créé des applications de formation en VR, puis chez Virtools, une start-up dont le moteur 3D est devenu un produit phare de la réalité virtuelle, ce qui motiva son rachat par Dassault Systèmes en 2005. En 2010, il a créé MiddleVR, une entreprise qui intègre la réalité virtuelle aux moteurs 3D, pour profiter de ce boom naissant. A l’aube de l’arrivée de ces technologies sur le marché grand public, il nous fait part de son regard sur ce phénomène.

 – Pourquoi selon vous la réalité virtuelle (VR) est-elle sur toutes les lèvres en ce début 2015 ?

Sébastien Kuntz – Cela fait 5 ans qu’elle se démocratise. Le matériel est devenu beaucoup moins cher, y compris les projecteurs 3D et les capteurs. Cette tendance a commencé même avant l’arrivée de l’Oculus Rift. Auparavant les casques étaient trop lourds, souffraient de trop de latence et d’une résolution d’affichage trop basse. Les deux éléments cruciaux ont été les écrans et les capteurs de position venus des smartphones qui ont permis un énorme gain de qualité et une baisse de prix.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que la VR est une mode qui ne prendra pas, comme la 3D pour les téléviseurs ?

Si la réalité virtuelle existe depuis 15 ans chez les pros, c’est que soin utilisation présente de vrais bénéfices. Cela va continuer sur le marché professionnel et se démocratiser à mesure que les technologies deviennent plus abordables. Pour le marché grand public, Facebook [qui détient Oculus depuis 2014, ndlr] et Sony sont impliqués à fond, tout comme Valve et HTC. Quand vous avez autant de grandes entreprises technologiques qui misent sur un marché, son émergence ne fait aucun doute. Cependant cela va prendre du temps, Facebook par exemple planifie sur dix ans.

Quels sont les gros acteurs de la réalité virtuelle, que ce soit au niveau mondial ou en France ?

Oculus, Valve et HTC, Sony, Samsung… et des dizaines de petites entreprises qui vont émerger. On attend aussi Google, Microsoft ou Apple qui devraient arriver tôt ou tard. Et puis il y a des entreprises comme Immersion, un intégrateur basé à Bordeaux depuis 20 ans.

La France est un leader de la réalité virtuelle, avec beaucoup d’entreprises en pointe. C’est l’un des seuls pays, avec le Japon, où existe une association regroupant tous les acteurs nationaux (l’Association française de réalité virtuelle). Le gouvernement a été très moteur, en portant des projets faisant travailler ensemble, les industriels, les universités, et les laboratoires de recherche…

Nous sommes en revanche moins fort en marketing. Chez MiddleVR nous allons régulièrement aux Etats-Unis pour nous faire connaître, avec l’ambition de devenir le spécialiste mondial pour les activités professionnelles. Le but n’est pas d’utiliser la réalité virtuelle pour s’échapper de la réalité, mais pour améliorer la réalité.

Quid des gens malades ? Est-ce qu’on a mis fin à ce type de problèmes ?

HTC et Oculus disent tous deux qu’ils ont résolus ce problème et que leur technologie ne donne pas la nausée. La réalité est un peu plus nuancée. Il y a deux composantes : la latence trop importante entre les mouvements de la tête et l’adaptation de l’image pour l’utilisateur, et la navigation dans le monde virtuel, sorte de mal du simulateur induit par les déplacements (effet de tangage par exemple).

Oculus et HTC/Valve ont globalement résolu le premier point, contrairement à d’autres acteurs comme Google avec son Cardboard. Le deuxième aspect en revanche ne l’est pas encore, pour la bonne raison qu’on ne sait pas exactement d’où il vient. Certaines personnes sont immunisées, d’autres non.

Que reste-t-il à accomplir pour assurer le succès de la réalité virtuelle auprès du grand public ?

Pour le moment on a réussi à obtenir l’immersion, mais il reste encore beaucoup à faire sur l’interaction. Il faut bien comprendre que la réalité virtuelle ce n’est pas juste de la 3D, c’est se sentir présent de façon inconsciente dans un environnement virtuel. Travailler dans la réalité virtuelle ne se résume donc pas à de l’optique ou des capteurs, c’est véritablement hacker le cerveau. Oculus l’a très bien compris et a été le premier acteur à le mettre en avant.

Le problème de l’interactivité fait face à un dilemme : soit on fait du réalisme, soit on va au-delà du réel. Par exemple en utilisant la téléportation pour contourner un déplacement qui rendrait l’utilisateur malade. Comme le cerveau n’a pas de point de référence, il accepte l’évènement sans problème. Pareil lorsqu’il s’agit de saisir un objet, ma main ne peut aller qu’à un mètre de mon épaule dans la vraie vie, mais pas dans la réalité virtuelle. Il y a beaucoup de réponses techniques à mettre en oeuvre, sur lesquelles des équipes entières de recherche travaillent à travers le monde. Là est le grand chantier de demain.

L’interface du futur dans l’e-commerce n’est pas encore né

L’expérience  : le point faible des sites ecommerce

A lire l’article de Valérie Leboucq sur les Echos, je ne puis qu’être jaloux de ce que l’on peut faire en terme d’expérience client en magasin, par rapport à ce que l’on peut faire sur le web. Je le dis franchement : l’expérience client dans le monde digital est quasiment nulle. Non pas que la notion n’existe pas. Nombreux sont les artifices trouvés par les webdesigners pour tenter de recréer l’expérience du réel sur un écran à 2 dimensions, mais parce qu’elle est infiniment plus pauvre qu’en magasin. Et pour le peu que je puisse en voir, ça n’est pas prêt de changer.

Les sites de ecommerce : de banals automates ?

Les sites de ecommerce sont essentiellement des automates à prendre des commandes. Pas des endroits où rêver. Et pourtant, aujourd’hui, quand on voit les efforts déployés par les grandes marques de fabricants pour créer une expérience de shopping envoûtante, il apparait clairement que l’écrin compte autant que le contenu. Si vous n’en êtes pas convaincu, faites simplement un tour en ville et rentrez dans les magasins  les plus en avance dans ce domaine, comme les Apple Store, les Abercrombie & Fitch, les Yves Rocher, etc… Tous s’orientent à la fois vers une experience digitale interactive plus grande (qui reste, tout de même, comme nous le dit l’article, pas si évidente que ça), mais surtout, vers une mise en ambiance qui plonge le passant dans un monde meilleur, un monde de rêve, même s’il n’achète pas.

Sur le web, qu’en est-il ? Rien. Ou presque rien.

Les sites se ressemblent tous. Une page d’accueil, un rayon, une fiche produit et un tunnel de commande. Les rayons ressemblent à des boites de caractères d’imprimerie où les produits sont rangés en tout petit dans des cases cloisonnées. Les pages d’accueil sont le champ de bataille entre les promos, les offres, les bannières publicitaires, les éléments de rassurance, que les gens ne regardent pas ou à peine. Les fiches produits, la plupart du temps, réduisent le produit lui même à une image de quelques centaines de pixels de côté. Souvent, les prises de vue sont disparates, les mannequins plus ou moins bien sélectionnés, les tentatives d’augmenter l’expérience utilisateur par de la vidéo, des images plein écran, des sons, rares.

Le pire ennemi des sites ecommerce : le code

Pire encore, les sites de ecommerce pâtissent la plupart de bugs. Ce n’est pas qu’une affirmation gratuite. Tous les tests que nous menons sur les sites de nos clients en révèlent. Ce qui prouve qu’ils ne sont pas si rares. Autre problème flagrant : à cause d’une obésité récurrente dans le code, les pages sont lourdes et longues à télécharger. Si vous êtes un pro du web et que vous bossez en agence, je vous invite à vous éloigner de votre petit cocon digital de vous éloigner de quelques kilomètres d’une grande métropole et vous saurez de quoi je parle. Malgré la généralisation du haut débit, le réseau devient tellement saturé qu’obtenir une bonne connexion devient une exception. L’expérience utilisateur, même si elle s’améliore sur desktop, reste encore très en deçà d’un minimum de qualité dès que l’on parle de tablette ou de smartphone. Beaucoup de sites ne font pas attention à cet aspect de la performance qui peut pourtant être extrêmement important notamment au niveau des sites à plus de 1 millions de visite par mois.

Les sites e-commerce ne sont pas des endroits pour faire rêver

Quand à l’expérience client, à l’immersion, à la projection, faites une croix dessus. Personne ne s’amuse à aller sur un site de e-commerce. On ne s’y promène pas par plaisir pas, on n’y rêve pas. Rien n’y est vraiment fait pour créer une expérience à la hauteur de ce que l’on retrouve en magasin.

Alors que la technologie est là, l’intelligence des sites est quasi nulle

Enfin, dernier point, malgré toutes les technologies disponibles et la quantité d’informations récoltée, les sites webs restent dans une large mesure plutôt bêtes.

Les moteurs de recherche employés indexent souvent mal les bases de données et renvoient encore trop souvent des résultats sans rapport avec la recherche. Beaucoup ne savent pas prendre en compte les synonymes, les expressions, les fautes d’orthographes. Cet aspect n’est pas forcément dû à la technologie, mais plutôt à ceux qui la gèrent et dont ni les compétences ni l’emploi du temps ne sont forcément en faveur de leur utilisation à leur plein potentiel.

Les outils de personnalisation qui commencent à apparaître sur le marché restent encore rudimentaires en basant leurs recommandations sur le comportement et la navigation des internautes. Peu savent prendre en compte les comportement généraux ou même encore mieux à se servir du CRM pour faire de véritables propositions personnalisées. C’est pourtant là la voie nécessaire et indispensable à suivre pour proposer une meilleure expérience, plus proche des attentes des utilisateurs. Cette fois, on se heurte sans doute plutôt à des questions de coûts, car il est extrêmement compliqué de mêler plusieurs sources de données et d’en tirer des trames de recommandations vraiment pertinentes. Cela demande beaucoup de temps d’analyser et des ressources humaines très compétentes.

Le modèle idéal

Nous n’en sommes qu’à l’aube du commerce digital. Depuis 15 ans, de nombreux progrès ont été faits, mais l’apparence et l’interactivité des sites n’a pas beaucoup changé. Et surtout, personne n’a encore vraiment pris le risque, ou eu le courage, de proposer une expérience vraiment innovante ou vraiment différente. Et je parle surtout des sites de grandes marques, car l’on retrouve parfois, chez des petits marchands des tentatives intéressantes de merchandising ou de mise en scène différentes de ce que l’on trouve sur les grands sites.

Un autre facteur d’importance pour faire évoluer l’expérience client sur les sites ecommerce sera également l’amélioration de la capacité de ces sites à faire des propositions intelligentes, ciblées, pertinentes. On en est encore loin.