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Bienvenue dans le royaume de l’inutile et de la poudre aux yeux

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 Demain, des milliards d’appareils intelligents peupleront notre quotidien, nous promettent les études et les créateurs de startups. Mais qui est prêt à payer 200 euros pour une brosse à cheveux ou 300 euros pour un friteuse connectée ?

Il fallait y penser : le rideau de douche connecté qui ferme et s’ouvre avec un smartphone. C’est la dernière invention dans le monde merveilleux des objets connectés. Au dernier salon CES de Las Vegas, ces derniers étaient partout : couches pour bébé, brosse à cheveux, réfrigérateur, semelles de chaussures, poubelle, pommeau de douche… A croire que chaque objet du quotidien est déterminé à devenir «intelligent».

Une pluie de chiffres mirobolants

Si ces nouveaux objets pullulent, c’est que les chiffres annoncés donner le vertige. L’institut d’études et de conseils GfK estime par exemple que chaque foyer français détiendra 30 objets connectés d’ici 2020. Son homologue Gartner mise lui sur 20,8 milliards d’objets connectés en service dans le monde d’ici-là, soit une multiplication par quatre par rapport à 2015. Les entrepreneurs avancent également des chiffres incroyables. Au dernier salon CES de Las Vegas, le patron de Blue Frog Robotics, qui fabrique des petits robots domestiques, expliquait ainsi cibler «les familles avec enfants». Soit, selon lui, «un potentiel de plusieurs dizaines de millions de robots».

Overdose de données

Avec toujours la même promesse des fabricants : nous faciliter la vie et veiller sur notre sécurité ou notre santé. Le problème, c’est que cette avalanche de données n’est tout simplement pas gérable pour un consommateur lambda. Imaginez chaque soir vérifier les statistiques de votre consommation électrique heure par heure, des cycles de sommeil de la nuit précédente, du nombre de pas effectués dans la journée, ou encore du taux d’humidité dans le salon ? Sans compter les alertes incessantes sur votre smartphone vous signalant que le rôti est cuit à point dans le four ou qu’il est temps de faire votre séance de yoga. De quoi être rapidement saturé. «Les habitudes des gens évoluent finalement peu et ils n’ont pas envie de se conformer à une norme», expose Raphaël Berger, directeur du Département Média & Numérique à l’Ifop.

À cela s’ajoute la question de la sécurité. «Pour tous les objets connectés, vous pouvez remplacer le mot “intelligent” par “vulnérable” », prévient Mikko Hyppönen, directeur de la recherche de la société finlandaise F-Secure. Et moins l’objet est vendu cher, plus il risque d’être faiblement protégé. Une porte d’entrée à la merci de n’importe quel hacker en herbe pour ensuite s’emparer de tous les autres appareils de votre maison reliés à internet. Sans compter les attaques par «déni de service», qui consistent à saturer le réseau en prenant le contrôle de différents objets mis en réseau. Pas un vrai frein à l’achat mais un gros problème de société…

Un marché anecdotique qui peine à décoller

Si le marché est en forte croissance (forcément puisqu’on part de rien ou presque), le connecté reste «anecdotique» selon GfK : à peine 1% du chiffre d’affaires de l’électroménager et seulement 5% de la domotique. Même les montres et trackers d’activité, qui représentent deux tiers des ventes, restent cantonnés à un public d’avertis. Un simple problème de pédagogie, relativisent les fabricants. Vraiment ? Sauf que même les acheteurs ont du mal à être convaincus. Un tiers des possesseurs de ces appareils ne les utilisent jamais, révélait Gartner en décembre 2016. «Ils n’en voient pas l’utilité, se fatiguent de ces matériels ou encore les cassent et ne les remplacent pas», indique la société d’études. Notamment en raison du prix, jugé trop élevé par rapport à la valeur d’usage.

Déconvenues en série

June, le bracelet de Netnamo qui mesure l’exposition au soleil ? Tombé aux oubliettes. Aurora, un bandeau censé analyser l’heure optimale à laquelle vous réveiller ? Les centaines de contributeurs qui avaient participé à son financement sur Kickstarter l’ont attendu en vain pendant deux ans. Même déconvenue pour SCiO, un scanner de poche qui analyse la composition des aliments. Juicero, qui se rêvait en «Nespresso du jus de fruits» avec sa machine lancée au printemps 2016, a du diminuer drastiquement son prix de 700 à 400 dollars. Et réorienter son business vers le B to B.

Même les piliers du marché ne sont pas épargnés : Au 3e trimestre 2016, les ventes d’Apple Watch ont chuté de 71,6% sur un an, révélait IDC. Le fabricant canadien de montres et bracelets connectés Pebble a mis la clé sous la porte en décembre. Les télévisions connectées, pas plus que celles en 3D, ne semblent décoller. «Les objets connectés ne sont pas un phénomène de masse», avoue dans Challenges Rafi Haladjian, créateur en 2005 du lapin Nabaztag, «décédé» en 2015.

Se méfier des prévisions

Alors que les études continuent à nous prédire une explosion du marché, il y a tout lieu de relativiser. En 2011, Cisco prévoyait ainsi 25 milliards d’objets connectés dans le monde en 2015 et IBM en annonçait carrément 1000 milliards. Bilan : leur nombre a péniblement atteint 15 milliards cette année-là selon… Cisco lui-même.  Gartner en décompte pour sa part tout juste 6,4 milliards pour 2016.

Les hypothèses semblent donc tenir autant du doigt mouillé que de la pure analyse économique. Les startups peuvent elles avancer des chiffres les plus fantaisistes : peu importe puisque personne n’ira vérifier. «Les instituts d’études et les médias ont tout intérêt à annoncer à faire du buzz autour d’innovations soi-disant révolutionnaires. La vérité c’est que sur le marché des appareils grand public, on n’a rien vu de véritablement nouveau depuis les années 1970», raille un spécialiste du secteur.

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Les start-up françaises en quête d’intelligence artificielle

Après avoir fait le tour des stratégies d’IA de quelques grands acteurs du numérique, dont Google, IBM, Microsoft et Facebook, et de leurs acquisitions, revenons aux start-up du secteur en nous intéressant aux françaises.

Il est clair que l’IA est l’une des technologies clés du numérique, aujourd’hui et demain. Au lieu de chercher à créer un Google, un Facebook ou un système d’exploitation français, il serait bon de s’intéresser à ce domaine prometteur, surtout dans la mesure où les plateformes correspondantes sont encore en devenir.

La recherche en IA en France

La recherche en IA est disséminée dans plusieurs laboratoires et dans des projets collaboratifs associant laboratoires publics et universités. Les deux premiers organismes se focalisant sur l’IA sont l’INRIA et le CNRS.

Que fait l’INRIA ? Un grand nombre des projets de recherche fondamentale en IA référencés sur leur site font appel aux techniques de l’IA, même s’ils ne sont pas forcément labellisés IA / machine learning / réseaux neuronaux. C’est ainsi le cas du projet Orpailleur mené à Nancy et dédié à la représentation des connaissances et au raisonnement. L’équipe planche sur l’extraction de données dans les bases de connaissances non structurées, et notamment dans le domaine de la santé, le même que celui qui est investi par IBM Watson et plein de start-up. Ils collaborent notamment avec le centre de lutte contre le cancer de Nancy. L’équipe Magnet travaille, quant à elle, directement sur le machine learning et l’auto-apprentissage.

Les chercheurs français se plaignent en tout cas d’être délaissés en France dans la discipline. Ils ne sont certainement pas les seuls, au sens où de nombreuses disciplines se sentent délaissées dans la recherche publique.

Une association créée en 1993 fait la promotion de la recherche en IA, l’AFIA. Elle organisait en octobre 2014 une conférence de promotion de l’IA dans la recherche. On y identifie par exemple Andreas Herzig (IRIT, CNRS, Toulouse) qui travaille sur la modélisation de la logique et du raisonnement, Hélène Fargier (IRIT, CNRS, Toulouse) qui travaille notamment sur la programmation par contraintes, Jérôme Euzenat (LIG, Inria) qui planche sur la représentation et l’échange de connaissances et Leila Amgoud (IRIT, CNRS) qui est spécialisée dans la modélisation de l’argumentation.

Le défi pour ces chercheurs et leurs autorités de tutelle est de trouver des applications tirées de leurs travaux. En consultant la liste des participations d’IT Translation qui est l’un principaux financeurs de projets issus de l’INRIA, on constate que l’IA est souvent en filigrane de ces projets, mais pas forcément au niveau «plateforme» ou «couches de base».

 

1Dans le Economic Report or The President, le rapport annuel 2016 sur l’économie de la Maison Blanche, j’ai découvert deux données intéressantes. Aux Etats-Unis, en 2013, les start-up ont créé deux millions d’emplois et les entreprises traditionnelles huit millions. Donc 20% ! Une proportion énorme sachant que dans le même temps, l’économie française a plutôt détruit des emplois et les startups n’en ont probablement créé que quelques milliers. Et surtout : la moitié de la R&D fédérale est dédiée à la défense ! Et au milieu des années Reagan, elle en représentait les deux tiers ! Cela explique pourquoi tant de projets autour de l’IA sont financés par la DARPA. En France, la recherche dans l’IA semble mieux financée côté civil, même s’il est difficile de le vérifier par les chiffres. On ne s’en plaindra pas. A ceci près que la R&D militaire US a une qualité : elle est orientée vers des objectifs pratiques selon des cahiers des charges. De son côté, la recherche civile française fonctionne plutôt de manière très décentralisée et sans objectifs pratiques clairs, sauf lorsqu’elle est financée par des entreprises privées, surtout depuis la loi Pécresse de 2007. A méditer !

Start-up «horizontales»

Voici les start-up que j’ai pu repérer dans les solutions techniques d’IA plus ou moins génériques. Le champ de la reconnaissance audio est faiblement couvert par les start-up françaises. Dans celle des images, on eu quelques cas anciens comme LTU qui a été racheté par le japonais JASTEC en 2005. Il subsiste quelques acteurs spécialisés dans la recherche et qui ont intégré petit à petit des techniques d’IA dans leurs offres. Antidot et Sinequa sont anciens dans le paysage mais, à l’instar de nombreux éditeurs B2B, ils peinent à croitre, notamment à l’international. Ils ne font que quelques millions d’euros de chiffre d’affaires. Comme dans l’article précédent, j’indique entre parenthèses l’année de création et les montants levés lorsqu’ils sont disponibles. J’aimerais bien ajouter un troisième indicateur : le chiffre d’affaires, mais il n’est généralement pas disponible.

Antidot (1999, 3,5 millions de dollars) est connu pour son moteur de recherche pour entreprises. Il propose une fonction de classification automatique de contenus ainsi que d’amélioration de la pertinence des résultats de recherche s’appuyant sur du machine learning.

Sinequa (2002, 5,33 millions de dollars) est un fournisseur de solutions de big data et d’analyse de données pour les grandes entreprises. Il fournit un moteur de recherche sémantique capable d’exploiter les données issues de nombreux progiciels (ERP, CRM, gestionnaires de contenus, etc). La société a annoncé en 2015 investir dans le machine learning pour améliorer la performance de ses solutions.

Dataiku (2013, 3,5 millions de dollars) fait évoluer les concepts de business intelligence et de data mining ave son Data Science Studio, un ensemble d’outils d’analyse de données qui exploitent du machine learning pour la création de modèles de données et de simulations.

Heuritech (2013) propose sa solution logicielle Hakken d’analyse sémantique, de tagging et classement automatiques de textes, images et vidéos sous forme d’APIs. Ils proposent aussi HeuritechDIP qui permet d’améliorer sa connaissance des clients et d’anticiper leurs besoins, évidemment, surtout dans les applications de commerce en ligne. Le tout s’appuie sur force marchine et deep learning. La start-up s’appuie sur les travaux de recherche de deux laboratoires publics le CNRS LIP6 and l’ISIR de l’UPMC (Paris VI).

 

2Smart Me Up (2012, 3 millions d’euros), vu aux CES 2015 et 2016 propose une solution logicielle d’analyse des visages. Elle détecte l’âge, le comportement et les émotions des utilisateurs. La solution est bien entendu plutôt commercialisée sous forme de brique logicielle en marque blanche utilisable dans des applications métier.

Moodstocks (2008) propose une solution mobile de reconnaissance d’images, fournie sous la forme d’APIs et d’un SDK multi-plateforme.

Objets connectés

C’est un domaine où les entrepreneurs français sont assez prolixes en général. Il n’est donc pas étonnant d’y trouver quelques start-up intégrant des briques d’IA dans leurs solutions. Le scénario le plus répandu est lié à la consommation d’énergie et à la maison connectée, avec des solutions faisant de l’auto-apprentissage du comportement de ses habitants pour piloter des actions d’économies d’énergie et d’automatisation diverses.

Craft.ai (2015, 1,1 million de dollars) est une très jeune start-up spécialisée dans l’Internet des objets. Elle permet de créer des solutions logicielles d’orchestration d’objets connectées qui apprennent toutes seules des comportements des utilisateurs et des données environnementales captées par les objets connectés. La solution est commercialisée sous la forme d’APIs destinées aux développeurs d’applications. L’approche est intéressante dans son principe. Reste à trouver un modèle économique solide.

 

3Angus.AI (2014) est un peu l’équivalent de Craft.ai, mais pour les robots. La start-up, créée par des anciens ingénieurs d’Aldebaran qui ont développé la partie logicielle des robots Nao et Pepper, propose une solution logicielle embarquée dans les robots leur apportant les fonctions de base de reconnaissance vocale et faciale et de détection d’obstacles. Elles sont fournies sous la forme d’un kit de développement et d’API (interfaces de programmation). Les ingénieurs s’appuient beaucoup sur des solutions open source du marché. Ils travaillent déjà avec la SNCF, mais pas sur des robots.

Ubiant (2011), basé à Lyon, était également présent au CES de Las Vegas en 2015 et 2016. Il propose une solution matérielle et logicielle de gestion de la maison intelligente, de l’éclairage et de l’énergie qui s’appuie sur du machine learning et sur le Luminion (ci-dessous), un objet connecté interagissant avec l’utilisateur via des LED de couleur indiquant si la consommation du foyer est supérieure à celle du voisinage. C’est une offre B2C.

 

4Vivoka a développé Lola, un logiciel de contrôle des équipements de la maison connectée. Elle s’appuie sur une box reliée à Internet qui se pilote via une application mobile et par commande vocale. Le projet lancé sur Kickstarter n’a pas porté ses fruits.

Iqspot (300 000 euros) est une start-up bordelaise qui analyse la consommation énergétique des bâtiments et sensibilise ses occupants pour la diminuer. Le tout avec du machine learning.

Xbrain (2012) est une start-up française, établie dans la Silicon Valley ainsi qu’à Paris et Lille, qui se spécialise dans les applications de l’IA à l’automobile et la robotique. Sa plateforme xBrain Personal Assistant permet de créer des agents conversationnels. Elle s’appuie sur la reconnaissance vocale, sur la gestion de contexte, sur la détection des intentions et la gestion de règles. Son créateur, Gregory Renard, planche sur l’IA depuis près de 20 ans.

Scortex (2016) développe des solutions matérielles et logicielles apportant l’autonomie aux robots et aux objets connectés qui intègrent notamment la reconnaissance d’images et de la parole. Ils ont même développé un chipset à base de réseaux neuronaux.

E-commerce

L’écosystème français a toujours été prolixe en start-up B2B et B2C dans le secteur du e-commerce et du marketing. Il est donc normal d’y retrouver quelques start-up intégrant de l’IA.

AntVoice (2011, 2 millions de dollars) propose une solution de recommandation prédictive pour les sites d’e-commerce qui s’appuient sur de l’intelligence artificielle. C’est un spécialiste du big data marketing.

Dictanova (2011, 1,2 million d’euros) est une société nantaise à l’origine d’une solution d’analyse textuelle des feedbacks clients dans les réseaux sociaux ou sites de vente en ligne, en liaison avec les outils de CRM pour optimiser la relation client. Les techniques utilisées comprennent l’analyse sémantique de textes et la classification automatique. La solution est fournie en cloud.

Modizy (2012, 275 000 dollars) propose un assistant d’achat dans la mode basé sur un algorithme d’intelligence artificielle. Modizy propose aussi une place de marché reliant consommateurs et marques.

Tastehit (2014) utilise du machine learning et du big data pour personnaliser les sites d’e-commerce en temps réel. Donc, une offre B2B.

CompareAgences (2012) intermédie la relation entre agents immobiliers et particulier dans le cadre de la vente de biens. La start-up emploie 12 personnes et génère 200 000 visiteurs uniques par mois. 1 000 agences immobilières sont intégrées en France. Le tout est à base de machine learning, sans plus de précisions.

Santé

C’est un domaine très porteur pour les applications de l’IA. Seulement voilà, nous sommes un peu à la traîne dans l’une de ses grandes applications : la génomique. Mais la santé va au-delà de la génomique, heureusement.

CardioLogs Technologies (2014) a créé une solution d’interprétation automatique des électrocardiogrammes (ECG) en temps réel s’appuyant sur du machine learning. Uberisation en puissance des cardiologues ? Pas si vite ! Cela permet surtout de rendre un suivi plus régulier des patients à risques ou atteints de maladies chroniques.

Dexstr.io (2014) est une start-up toulousaine fournissant la solution Inquiro qui exploite les données médicales non structurées pour faciliter la recherche d’informations pour les sociétés de pharmacie. En gros, c’est de la recherche documentaire, un peu comme le font Sinequa et Antidot, mais avec un tuning adapté à la documentation scientifique dans la santé. Leur concurrent serait plutôt l’application d’IBM Watson à l’oncologie.

Khresterion (2014) propose un logiciel d’aide au diagnostic et à la prescription pour les cancers. La solution fonctionne sur un principe voisin de celui d’IBM Watson, compulsant la littérature scientifique et les données des patients pour proposer divers traitements avec leurs avantages et inconvénients comme les effets secondaires. La société aurait comme prescripteur des organismes de remboursement comme Humanis, Axa et la Maaf. Sa solution commence aussi à être utilisée dans la finance, là où les cycles de vente sont probablement plus courts.

Applications métiers

C’est là que la créativité est la plus développée, comme nous l’avions vu dans l’article précédent de la série au sujet des start-up américaines.

Snips.ai (2013, 6,3 millions de dollars) est une start-up connue du secteur de l’IA, créée par Rand Hindi (prix du MIT 30 en 2015), Mael Primet et Michael Fester. Leur dernière levée de fonds de 5,7 millions d’euros en juin 2015 présente la particularité d’associer Bpifrance avec des investisseurs américains, en plus de business angels tels que Brent Hoberman et Xavier Niel. L’équipe comprend 35 personnes : des data-scientists, des développeurs, designers et quelques marketeurs. Leur positionnement est large et un peu vague : rendre la technologie invisible et les usages intuitifs via de l’IA. A ce titre, la start-up a développé des applications expérimentales telles que :snips (un ensemble d’applications de recherche pour iOS dont un clavier virtuel intelligent pour la recherche d’adresses), Tranquilien (qui prédit les places disponibles dans les trains de banlieue), Parkr (la même chose pour prédire les places de parking), Flux (qui identifie le trafic mobile en s’appuyant sur les données des smartphones), RiskContext et SafeSignal (identification de risques d’accidents sur la route). La start-up planche aussi sur des applications verticales : pour les véhicules connectés, dans l’hôtellerie, la maison connectée et les loisirs numériques. Le tout s’appuie sur force machine et deep learning, modèles probabilistiques, traitement du langage, gestion de graphes et aussi encryption des données pour garantir la vie privée. Derrière la vision, l’implémentation et l’expérimentation, on leur souhaite de réussir la businessmodelation.

 

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Jam (1 million d’euros) a créé un agent conversationnel SMS pour étudiants. Ils ont ISAI Ventures dans leur capital. La solution utilise une combinaison d’IA et de vrais intervenants humains pour assurer une bonne qualité des réponses. Leurs outils d’IA sont en open source.

Julie Desk (2014, 993 000 dollars), basé à Paris, propose un service d’assistante virtuelle fonctionnant sous la forme d’un agent conversationnel opérant en français et en anglais. Il gère surtout votre agenda et répond à vos mails à votre place pour prendre des rendez-vous avec vos interlocuteurs. Comme pour Jam, l’agent fonctionne en mode supervisé par des opérateurs, ce qui permet d’assurer une bonne qualité de service. Les tarifs vont de 50 à 80 euros par mois. Il est notamment utilisé par des entrepreneurs de startups. Mais l’agent ne répond pas encore au téléphone.

 

7Riminder (2015) est une start-up spécialisée dans les RH qui s’appuie sur du deep learning pour proposer des outils d’aide à la décision. Il aider les chercheurs d’emploi à construire leur parcours professionnel et les actifs à développer leur carrière, en exploitant une base de connaissance de plusieurs millions de parcours de cadres.

Niland (2013) est une participation de IT Translation, la structure de valorisation des projets de recherche issus notamment de l’INRIA. Mais la startup a été créée par des anciens de l’IRCAM et s’appuie sur 10 années de travaux de recherche. Elle utilise le deep learning analysant le contenu de la musique pour rendre son exploration dans les plateformes de diffusion plus intelligente. Elle identifie les similarités entre morceaux pour les classifier automatiquement. La solution sera exploitée par CueSongs (UK, une société fondée par le chanteur Peter Gabriel) et motionelements (Singapour) qui sont dédiés aux professionnels de la musique. La solution est aussi illustrée par le service en ligne www.scarlett.fm et s’appuie sur SoundCloud pour vous permettre de créer une web radio personnalisée en fonction de vos gouts.

Yseop (2008) propose son agent conversationnel Savvy. Nous l’avions déjà évoqué dans le troisième article de cette série.

Séline (2013), édité par la société Evi, propose une panoplie d’applications bureautiques intégrant un agent conversationnel permettant de dialoguer et poser des questions en langage naturel. On y trouve notamment un traitement de texte, un tableur, un gestionnaire d’agenda, un carnet d’adresses, un gestionnaire de tâches, une médiathèque, un logiciel de gestion de finances et un gestionnaire de messagerie instantanée. Dilemme classique : faut-il recréer tout un existant complexe pour y intégrer une nouvelle fonction ou ajouter cette fonction aux produits existants du marché (Microsoft Office, Open Office). Question d’ouverture, de simplicité de mise en oeuvre et de modèle économique!

Dans mon précédent article sur l’écosystème entrepreneurial de La Réunion, j’avais aussi identifié quelques startups qui utilisent le machine learning : logiCells (ERP sémantique) et Teeo (analyse de consommation d’énergie pour les entreprises). A contrario, certaines start-up font appel à des briques d’IA comme le machine learning mais préfèrent ne pas l’évoquer dans leur communication.

Ce tour est probablement incomplet et les oubliés du secteur se feront immanquablement connaître pour intégrer cette liste que je mettrai à jour au fil de l’eau. A vrai dire, d’ici peu de temps, l’usage de machine learning sera aussi courant dans les start-up que l’appel à des bases de données NoSQL : une banalité !

Le top du top de la start-up d’IA ? Utiliser l’IA dans une solution d’agent conversationnel en cloud qui fait du big data sur des données issues de l’IoT en sécurisant les transactions via des blockchains. Le bingo de la start-up d’IA est lancé !

Article initialement publié sur le blog Opinions Libres.

Par Olivier Ezratty, expert FrenchWeb

 

Grâce aux objets connectés, les marques redeviennent branchées

Connecter leurs produits permet aux industriels d’attirer à nouveau les clients… et d’en savoir plus sur eux.

Abracadabra… « connecté » ! Ce seul mot fait désormais office de formule magique chez les plus grandes marques. Jugez plutôt : pour l’une, il permettrait de faire revenir les clients en magasin, pour l’autre, de se démarquer face au low-cost, pour la dernière, de connaître enfin ses clients pour mieux les séduire.

Il faut dire qu’aujourd’hui, même une simple paire de lunettes peut devenir intelligente. La preuve avec Atol et son modèle Téou lancé fin août. Le principe ? Une paire de lunettes retrouvable en un clic grâce à son smartphone. Et vice-versa : un petit bouton placé sur l’une des deux branches permet de faire sonner l’appareil égaré.

La clientèle attirée dans les points de vente

Avec cette innovation, la quatrième enseigne du marché de l’optique français entend bousculer la concurrence : « Dans un marché perturbé par les promotions et l’abondance des offres, nous avons choisi d’étonner pour nous démarquer », explique Fabrice Obenans, directeur marketing de la marque. La promesse, simple et universelle, permet d’intéresser le public le plus large possible : « Nous sommes dans une stratégie de recrutement de clients multi-générationelle avec un produit de santé connecté qui n’est pas uniquement destiné aux initiés. Ce sont d’abord des lunettes de qualité, auxquelles nous avons ajouté un service qui aidera nos clients au quotidien », affirme Fabrice Obenans.

« Nous sommes dans une stratégie de recrutement de clients multi-générationelle avec un produit de santé connecté qui n’est pas uniquement destiné aux initiés. »

Selon l’enseigne, les produits intelligents offrent un avantage insoupçonné : attirer les consommateurs dans ses points de vente. D’après un sondage Ifop pour Atol, réalisé en août dernier, 8 Français sur 10 veulent tester les objets connectés avant de les acheter, et de préférence en magasin. Résultat : Atol assure voir une nouvelle clientèle de tous âges débarquer en nombre dans ses magasins, sans pour autant avoir de chiffres sur leur fréquentation, depuis la mise en vente des Téou, vendues à partir de 199 euros, soit « le prix moyen d’une paire de lunettes de qualité fabriquée en France », selon Fabrice Obenans.

Un prix qui permet de démocratiser une technologie autrefois réservée aux bourses les plus aisées et cantonnée aux secteurs des loisirs et de la domotique.

Démocratisation et nouveaux usages

Jusqu’à présent, pour trouver des volumes de ventes conséquents d’objets connectés, il fallait se tourner vers le marché de la Hi-Fi, avec les enceintes audio connectées. En seulement deux ans, toutes les enseignes de distribution se sont converties, même les plus généralistes : « Les dispositifs connectés représentent désormais 50% du marché du son. Un chiffre encore plus important chez Conforama, où ils se vendent mieux que les produits non connectés », confie Martine Heitz, directrice du pôle électroménager et électroloisirs. Dans les rayons de de l’enseigne tricolore, ces produits connaissent « une croissance annuelle des ventes de 2 à 3 chiffres », révèle-t-elle au JDN.

Le gros électroménager connecté débarquera dans les rayons des surfaces spécialisées au printemps-été 2016

Un oasis au milieu d’un marché de l’électroménager jusqu’à présent aride dans l’Hexagone : « Les objets connectés vont créer de nouveaux usages dans les secteurs de l’hygiène, de la santé et du sport », prédit Martine Heitz.

Une révolution à laquelle se préparent les grandes surfaces spécialisées. Les magasins But préparent ainsi en interne un plan dédié aux objets connectés, mais refuse de communiquer tant qu’il n’est pas activé. Conforama, de son côté, distribuera dès le printemps-été 2016 du gros électroménager connecté. Demain, le réfrigérateur sera capable de gérer les stocks de nourriture en alertant l’utilisateur sur les produits à consommer en priorité selon leur date de péremption ou de définir une liste de courses en fonction des denrées bientôt épuisées. La machine à laver n’y échappera pas non plus, avec la possibilité de  contrôler sur son smartphone sa consommation en électricité et en eau ou de lancer un programme avant de rentrer du travail, notamment.

Créer de la valeur

Des innovations qui, selon Martine Heitz, pourraient bien relancer les géants de l’électroménager face à des marques de distributeur et des produits d’entrée de gamme qui ont participé à une baisse générale des prix : « Les produits connectés contribuent à l’image de modernité et à la montée en gamme des fabricants. En développant ce genre d’appareil, ils ont trouvé un moyen efficace de recréer de la valeur et de reparler d’innovation ».

D’autant plus efficace que les produits connectés représentent un surcoût modéré. Pour Martine Heitz, il n’y aura pas de quoi rebuter les acheteurs potentiels : « Sur les quelques produits connectés existants aujourd’hui, nous observons une différence de prix en moyenne de 100 euros entre le gros électroménager connecté et le non connecté ».

« Les produits connectés contribuent à l’image de modernité et à la montée en gamme des fabricants »

Cette faible différence de prix s’explique par des coûts de production de ces biens de nouvelle génération bientôt proches des coûts actuels, explique Jérémie Moritz, en charge du digital chez le spécialiste français des vins et spiritueux Pernod Ricard : « La technologie est de moins en moins chère, elle est donc amenée à se développer », affirme-t-il. Et selon lui, peu de secteurs y échapperont : « Les produits connectés sont désormais un passage obligé pour les marques mais c’est justement là qu’il y a un piège : il ne faut pas tomber dans la facilité et proposer une vraie valeur ajoutée au consommateur. »

Se rapprocher des consommateurs

Une valeur ajoutée pour les clients, certes, mais aussi pour les professionnels : « Connecter nos produits nous permet à la fois de proposer une expérience plus conviviale aux consommateurs mais aussi de récupérer des données sur leurs usages « , avoue Jérémie Moritz. Si Pernod Ricard assume cette stratégie, c’est parce que selon l’alcoolier français, elle lui permet de servir au mieux les consommateurs : « Avant, nous étions dans un schéma B to B to C où les clients n’étaient que très peu en contact avec le groupe Pernod Ricard. Les objets connectés nous offrent une opportunité supplémentaire d’établir une relation plus directe avec eux », affirme-t-il.

Une nouvelle stratégie marketing concrétisée par deux projets signés Pernod Ricard : la bouteille et le mini-bar connectés. Si la première, lancée sous la marque de champagne Mumm, offre une expérience premium avec une animation son et lumière personnalisée à l’ouverture de la bouteille, le mini-bar connecté, en cours de test sous le nom de « projet Gutenberg », permet à Pernod-Ricard de suivre en temps réel les réserves d’alcool de ses clients et de leur proposer des recettes de cocktail, mais aussi potentiellement des offres commerciales en conséquence.

« Le futur des produits intelligents passera par la capacité des fabricants à partager les données récupérées »

Ces données seraient même l’enjeu majeur des objets connectés, selon Xavier Boidevezi, directeur Business Development & Digital du Groupe SEB France : « Le futur des produits intelligents passera par la capacité des fabricants à partager les données récupérées sur les usages qu’en font les consommateurs », assène-t-il. Selon lui, les industriels devront avoir la volonté de faire interagir leurs produits respectifs pour offrir une expérience la plus personnalisée possible.

Concrètement, l’utilisation du multicuiseur Cookéo de Moulinex (groupe SEB), qui apprend pas à pas à cuisiner grâce à une application mobile et propose des suggestions en fonction de l’historique des recettes, pourrait être enrichie par un partenariat avec le mini-bar connecté de Pernod Ricard, qui ajoutera aux recettes personnalisées des suggestions d’alcools pour les accompagner. Une connexion avec une station météo intelligente pourrait également permettre de proposer les plats les plus adaptés à l’atmosphère ambiante. Le système déconseillerait ainsi à l’avance de préparer un barbecue pour le week-end suivant s’il détecte un risque de pluie, par exemple.

Le temps est compté selon Xavier Boidevezi : « En ce qui nous concerne, nous sommes en avance car la France a une certaine légitimité sur la cuisine. Mais si on ne s’allie pas, nous nous ferons manger par les géants étrangers comme Google ou Apple. »

Matthieu Deleneuville

Objets connectés et bien-être (infographie)

Vous et les objets connectés

Lunettes, lave-linge, téléviseurs, montres, systèmes de vidéosurveillance, serrure, fourchette… De nombreux objets du quotidien existent désormais en version « connectée », sous-entendu à Internet. Qu’ils soient directement connectés au Web en Wi-Fi ou bien par l’intermédiaire d’un smartphone (avec lequel ils communiquent en Bluetooth), ces objets prennent une nouvelle dimension. Le consommateur connecté peut ainsi surveiller sa maison, la distance qu’il a parcourue dans la journée et son rythme cardiaque en deux clics sur l’écran de son smartphone. L’univers de la santé et du bien-être est au cœur de cette nouvelle tendance.
Nous avons voulu savoir si vous, lecteurs de Que Choisir, aviez déjà intégré ces nouveaux objets à votre quotidien et quel était votre ressenti. Voici les résultats de notre questionnaire en ligne.

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 Les ventes en France

Les professionnels du Web et du mobile sont unanimes : les ventes vont décoller en 2015. À en croire leurs prévisions, les instituts d’étude vont dans le même sens. La moitié des personnes interrogées par Médiamétrie envisagent d’acheter un objet connecté prochainement. GfK, dont nous vous présentons ici quelques chiffres, estime que 350 000 montres etbracelets connectés auront été vendus en 2014, un chiffre qu’il prévoit déjà de revoir à la hausse. Les montres connectées sont les plus connues de ces objets. Les modèles se sont multipliés ces derniers mois (Samsung Galaxy Gear S, LG G Watch R, Sony Smartwatch, Asus Zenwatch, Pebble, etc.), et il faut dire que fabricants et distributeurs se sont passé le mot pour les mettre en avant (publicités, îlots dans les boutiques…). Le prix reste toutefois un frein à leur développement et le premier critère de sélection (Harris Interactive).

Utiles, les bracelets ?

Les bracelets connectés arrivent juste derrière les montres en termes de notoriété, c’est vous qui le dites (1). Moins élaborés que les montres, ces capteurs d’activité comptent vos pas quotidiens, la distance parcourue, les calories brûlées. Ils vous félicitent lorsque votre objectif quotidien est atteint et vous encourage s’il ne l’est pas encore. Certains « surveillent » votre sommeil, d’autres intègrent un cardiofréquencemètre pour prendre votre pouls. Les plus évolués permettent aussi de piloter un lecteur de musique et affichent des notifications lorsqu’on vous appelle ou que vous recevez un SMS sur votre smartphone (ils se rapprochent alors beaucoup des montres connectées).

Vos avis sont très partagés quant à l’utilité de ces bracelets et des autres objets connectés liés à la santé (balances, tensiomètres, thermomètres, etc.). Notez qu’à défaut d’être forcément utiles, ces objets ont au moins le mérite d’être très simples d’utilisation. Les applications « compagnon » à installer sur le smartphone sont généralement bien faites et revêtent même souvent un aspect assez ludique.

La majorité est à peine plus franche en ce qui concerne la protection de vos données personnelles. Faute d’avoir encore mené d’étude précise sur le sujet, impossible de vous rassurer sur ce point. Les fabricants d’objets connectés, en particulier concernant la santé, accumulent des milliers de statistiques sur leurs utilisateurs. Comme de nombreuses applications (toutes ?) de l’App Store ou du Google Playstore, celles des fabricants de bracelets s’intéressent, en plus, aux données personnelles contenues dans votre smartphone (localisation, numéro d’identification de l’appareil, adresse MAC de la puce Wi-Fi, etc.).

Les spécialistes en tête

Aujourd’hui, les taux d’équipement en objets connectés sont encore faibles. Parmi vous, le bracelet est le plus répandu, suivi de la balance et de la montre. Le plus souvent, ces objets ont été achetés sur Internet. Les sociétés spécialisées dans le bien-être connecté tirent leur épingle du jeu à côté des grandes marques d’électronique grand public : elles arrivent largement en tête dans les ventes. Notez que ces spécialistes proposent souvent une gamme plus vaste, avec des produits à tous les prix.

Une satisfaction mitigée

La plupart des utilisateurs ne peuvent plus se passer de leur bracelet, ou de leur montre. Plus de la moitié l’utilise tous les jours, et il semble que vous allez de plus en plus loin dans les fonctions proposées puisque 85 % d’entre nous affirment l’utiliser autant qu’au début, voire plus. Cet enthousiasme concerne a priori les utilisateurs de bracelets et de balances connectés. Les utilisateurs de montres connectées sont en effet moins globalement satisfaits de leur achat.

(1) Enquête réalisée du 27/11/2014 au 4/12/2014 auprès de 831 abonnés à la lettre d’information hebdomadaire de QueChoisir.org