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Huit tendances techno sur lesquelles garder un oeil en 2017

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Dans quel domaine les pépites vont-elles décoller cette année ? Quelles mutations et quelles nouveautés attendent le monde de la tech ? Nous avons détecté en avant-première les orientations à ne pas rater.

Les cobots entrent à l’usine

Dans son usine de Cologne, en Allemagne, les ouvriers de Ford bénéficient d’un robot assistant bien pratique, qui améliore l’efficacité de chacun de leur geste et les soulage des tâches pénibles. L’an dernier, ces «cobots» (robots collaboratifs) ont été les stars des salons industriels, à l’instar du bras robotisé d’IsyBot, une startup française issue du CEA. A mi-chemin entre la chaîne de production 100% automatisée et les opérations manuelles, le cobot a un créneau porteur à exploiter. Son usage est jusqu’ici resté limité en raison des risques d’accidents, mais les nouveaux appareils intègrent aujourd’hui des technologies détectant la présence humaine et anticipant le comportement de leurs «collègues» humains. Reste un point essentiel : la formation des employés. A Dijon, un pôle de formation a ouvert fin 2016 et propose déjà un module spécial «cobotique».

Les objets connectés passent à la taille nano

Vous avez aimé l’IoT (Internet of Things) ? Vous allez adorer l’IoNT (Nano Internet of Things).

Des micro capteurs pouvant être directement intégrés à des matériaux comme le béton afin d’alerter des fissures dans un pont ou un bâtiment par exemple. L’an dernier, la startup toulousaine Nanolike a mis au point des microparticules qui mesurent la déformation mécanique de certaines pièces (pales d’un hélicoptère, missiles, ailes d’avion…). En médecine, les labos planchent sur des nanocapteurs pour détecter et surveiller l’évolution d’un cancer, de diabète ou d’autres maladies inflammatoires. Associés, ces nano objets peuvent enfin dessiner une cartographie précise de leur environnement et détailler le moindre changement (luminosité, courant électrique, composition chimique…).

Le marketing surfe sur la réalité virtuelle

2016 a vu la folie Pokemon Go débarquer sur nos téléphones mobiles. Une aubaine dont se sont emparés de nombreux commerces, en plaçant des «Pokestops» dans leurs magasins. Outre le mode du jeu, il existe quantité d’autres pistes pour exploiter la réalité augmentée : visiter son futur appartement témoin en 3D en choisissant le papier peint ou le parquet (Bouygues Immobilier, Ikea…), découvrir son prochain lieu de vacances (Club Med) ou visionner des reportages (New York Times). La technologie est encore limitée par la faible diffusion des casques grand public, mais elle est un réel booster de ventes. D’ici les quatre prochaines années, 78% des responsables marketing prévoient d’utiliser des expériences clients basées sur la réalité virtuelle selon une étude Oracle de décembre dernier.

Les agents conversationnels envahissent notre vie quotidienne

L’an dernier, Apple a intégré son système vocal Siri dans ses nouveaux Mac, tandis que Facebook a ouvert un «magasin» de chabots. Ces agents conversationnels, capables de répondre à nos moindres envies (commander un billet d’avion, trouver un formulaire administratif, demander un conseil de maquillage…), vont connaitre une croissance de 28% par an selon Transparency Market Research. En 2017, Microsoft lancera lui sa plateforme de conversation automatisée à destination des développeurs, ce qui devrait booster le nombre d’applications de ce genre. «Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’accès à la technologie» s’enthousiasme Christie Pitts, responsable du fonds d’investissement Verizon Ventures. Tout cela bien sûr grâce aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle.

Les startups grandissent dans des incubateurs

Dans un parcours classique de création de startup, l’entrepreneur passe d’abord par un incubateur, qui fournit des locaux et offre un coaching personnalisé. Une fois lancé, il fait appel à un accélérateur, qui apporte des capitaux pour permettre un déploiement rapide. Une séparation parfois artificielle et problématique pour le créateur. D’où l’idée d’une structure «deux-en-un» avec l’inculateur. La station F, créée par Xavier Niel au coeur de Paris, qui se décrit elle-même comme une «usine à startups», accueillera à la fois des des espaces de travail, un auditorium, des fonds d’investissement… Le blockbuster américain Techstar pourrait lui aussi débarquer en France sur le même modèle. Autres acteurs de ce marché très prisé : les grands groupes, comme Orange, qui disposent à la fois de leur propre incubateur et des capitaux.

Les algorithmes mis sous surveillance

En 2016 les algorithmes ont montré de graves signes de dysfonctionnements : diffusion de fausses informations sur Facebook, mini krachs boursiers causés par des programmes informatiques ou résultats de recherche racistes sur Google. Le 15 décembre dernier, un rapport du Conseil général des entreprises préconisait donc une norme définissant un algorithme «loyal» et fiable. Le Conseil national du numérique va lui mettre en place ou outil permettant aux utilisateurs de signaler des éventuels problèmes. En Angleterre, le Labour entend avoir accès aux algorithmes qu’utilisent Facebook ou Amazon pour permettre une meilleure régulation du marché. Quant à Google, il est toujours sous le coup d’une enquête de la Commission européenne sur le cas de son moteur de recherche de Google, accusé d’abus de position dominante.

La banque se goinfre de blockchain

La blockchain, nouvel eldorado des banques ? Selon une étude Santander InnoVentures, le recours à cette technologie ferait économiser au secteur jusqu’à 20 milliards d’euros chaque année, grâce à la réduction des coûts d’infrastructure dans les paiements internationaux, le trading et la mise en conformité. La blockchain contourne notamment les chambres de compensation dont le fonctionnement est opaque et lent. Depuis 2015, une cinquantaine de grandes banques se sont regroupées en consortium pour s’entendre sur un standard commun. En décembre dernier, la Banque de France a annoncé une expérimentation dans le paiement interbancaire tandis que la BNP a signé un partenariat avec des plateformes de crowdfunding pour permettre aux entreprises d’émettre des mini-obligations.

Les securetech prennent leur envol

Après la fintech, la foodtech ou la greentech, ce sont les securetech – les startups spécialisées dans la cybersécurité – qui sont en 2017 dans l’oeil du visuel des investisseurs. Fin 2016, de nombreuses jeunes pousses (Secdo, Proficio, PhishMe, LogRythm, SafeBreach, Cylance…) ont levé des dizaines de millions de dollars. La France a elle aussi ses pépites, à l’instar de Dashlane, CybelAngel, Pradeo  ou Ziwit. Et ce n’est pas un hasard : le nombre de cyberattaques a augmenté de 50% en 2015, selon Denjean & Associés, et la situation s’est encore empirée en 2016 avec des piratages à répétition (DDoS, ransomware, vol de données…). Mal armées pour lutter contre ce fléau, les entreprises recourent de plus en plus à l’externalisation en faisant appel aux start-ups, expertes et plus agiles.

par Céline Deluzarche

L’usine du futur viendra d’Asie

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Devenue en quelques décennies l’usine du monde, l’Asie est en bonne position pour devenir leader sur le marché de l’internet des objets industriels (l’IoT), au coeur du prochain grand tournant industriel qu’on appelle déjà la révolution industrielle 4.0.

La Chine, Singapour et l’Inde ont déjà commencé à adopter des machines connectées permettant d’accroître la productivité, de réduire les déchets, d’acquérir et analyser plus de données et ainsi d’offrir de meilleurs produits ou services. Le marché l’IoT devrait atteindre 319,62 milliards de dollars et connaître un taux de croissance de 8,15% de 2014 à 2020. Dans son rapport 2015, McKinsey estime que ces usages B2B peuvent générer près de 70% de la valeur des objets connectés (Rapport McKinsey).

La plupart des pays développés ont migré leurs usines vers la Chine et d’autres pays asiatiques où le coût du travail est beaucoup plus faible. Les ouvriers des pays asiatiques ont longtemps éxecuté les ordres venus des pays développés mais les ont désormais surpassés et sont capables d’innover pour rester compétitif. Les pays occidentaux doivent faire face aux conséquences : ils ne sont pas au devant des changements dans l’industrie manufacturière et ne seront pas les chefs de file de la révolution industrielle 4.0.

L’expertise de la Chine dans l’industrie manufacturière est indiscutable. Le pays produit actuellement 90% des ordinateurs dans le monde. En plus de cela, la Chine est également devenue un centre d’innovation, en particulier pour les produits hardware.

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Visite de Seeds Studio, Shenzhen

Les startups de l’Internet des objets ont trouvé un écosystème favorable en Chine ; Shenzhen, en particulier, permet de passer de l’idée au prototype et à la production à moindre coût et quatre fois plus rapidement que dans la Silicon Valley.

La métropole chinoise mérite bien sa réputation de capitale électronique du monde, l’ensemble de la chaîne électronique y ayant élu domicile; des détaillants aux fournisseurs de composants, en passant par les usines, les incubateurs hardware et une communauté croissante de “makers”, des adeptes de la culture “Do it yourself” tournés vers les technologies.

La Chine reste le centre de fabrication du monde, mais le pays innove aussi de plus en plus et à un rythme sans précédent », expliquait le PDG de Flextronics, Mike McNamara, à South China Morning Post en décembre dernier. Flextronics est un géant manufacturier basé à Singapour, deuxième fabricant électronique au monde après Foxconn. La société, qui est aussi le principal fabricant de produits Lenovo, prévoit de lancer un accélérateur de startups en Chine.

“ L’objectif est d’être situé là où se trouve l’innovation afin que nous puissions participer à sa chaîne d’approvisionnement “

Mike McNamara

Flextronics a été l’un des pionniers de l’internet des objets industriels. La société a commencé à incuber le projet IIoT Elementum en 2012, qui est devenue une de ses spin-off: “Nous avons été inspirés par les entreprises telles que Salesforce ou Workday, une startup de gestion des ressources humaines et des données financières dans le cloud, qui est maintenant évaluée à plus de 15 milliards de dollars. La chaîne d’approvisionnement et la logistique sont une industrie encore plus importante, donc nous avons eu l’idée d’appliquer à notre industrie la même combinaison de logiciels dans le cloud et de rapidité d’exécution“.

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Elementum Flextronics

En deux ans, Elementum est a connu une croissance considérable, comptant aujourd’hui une centaine d’employés et atteignant une valorisation à environ 220 millions de dollars après son financement de série B en 2014.

Un écosystème unique pour les fournisseurs de solutions IIoT à Singapour

A Singapour, la situation est très différente. Tout comme les autres pays développés, Singapour fait face à des coût de main-d’oeuvre élevés et des contraintes importantes sur l’embauche de main-d’œuvre étrangère. Se tourner vers de nouvelles technologies telles que l’internet des objets connectés est un passage obligé. Le consortium des entreprises manufacturières de Singapour (SIMCO) rassemble des fournisseurs de solutions parmi les plus avancées à Singapour avec pour objectif de transformer les fabricants locaux en usines intelligentes du futur.

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SIMCO est un organisme sans but lucratif formé en juillet 2015, et vise à être un guichet unique pour les fabricants qui recherchent des solutions de fabrication. «Nous rassemblons les meilleures solutions éprouvées et testées des entreprises locales les plus avancés pour aider à propulser les fabricants de Singapour dans la course de la révolution industrielle 4.0“, explique Willson Deng, le président et porte-parole de SIMCO.

Selon Deng, un écosystème ouvert de fournisseurs de solutions manufacturières qui utilisent une infrastructure de données unique en temps réel est la clé pour donner un avantage concurrentiel à Singapour afin de mener la révolution industrielle 4.0.

“ L’industrie manufacturière de Singapour se trouve à un moment très critique de son avancement. Si elle lutte uniquement sur le coût et la qualité, elle risque de se retrouver perdante étant donné la concurrence mondiale. Singapour a la possibilité de se transformer en centrale connectée de données manufacturières. Grâce à cette infrastructure, les fabricants peuvent rapidement puiser dans les nouvelles solutions innovantes de n’importe quel fournisseur sans se préoccuper de leurs intégrations 

Willson Deng

La fantastique infrastructure numérique de Singapour, son gouvernement avant-gardiste et un appui solide des organismes tels que le Conseil de développement économique vont être des avantages concurrentiels importants pour la cité-Etat dans son ambition de devenir un chef de file dans l’internet des objets industriels.

Les trois membres fondateurs de SIMCO sont Arcstone, une startup d’analyse de données de production, Evercomm, une plateforme de gestion de l’énergie, et la plateforme de gestion des transactions de fret ad-hoc Cargobase. “C’est une période de croissance pour nous. Nous avons des clients à Singapour et aux États-Unis et nous ouvrons des bureaux en Indonésie, en Inde, au Vietnam et aux Philippines », explique Deng, également le fondateur de Arcstone.

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 IOT SHOW ASIA 2016

Ce n’est pas une coïncidence si Singapour a accueilli l’IoT Show Asia 2016 les 1-2 Septembre et que l’événement s’est concentré uniquement sur quatre secteurs pour lesquels l’internet des objets offre un important potentiel de transformation: les villes intelligentes, la fabrication intelligente, la logistique intelligente et les chantiers intelligents.

L’Inde, acteur majeur de la révolution industrielle 4.0

L’Inde qui souhaite devenir le prochain centre de fabrication mondiale avec son initiative «Make In India», lancée en 2014, ne peut pas être ignorée en tant que futur acteur de la révolution industrielle 4.0. Cette initiative a été lancée par le gouvernement pour encourager les multinationales et d’autres entreprises à fabriquer leurs produits en Inde. Le premier ministre indien, Narendra Modi, souhaite créer 100 millions d’emplois dans cette industrie dans les 6 prochaines années pour accélérer le développement de la classe moyenne qui devrait soutenir la croissance du pays. Les investissements directs étrangers en Inde sont ainsi passés de 35 milliards de dollars en 2014 à 44 milliards en 2015, et ont connu une croissance encore plus forte dans les premiers mois de 2016, d’après le Rapport d’Investissement Mondial 2016 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). L’été dernier, le géant Foxconn a annoncé ses plans d’investir 5 milliards de dollars dans une usine en Inde, tandis que GM a révélé un plan d’un milliard de dollars en Inde. Airbus et Hyundai ont aussi annoncé des investissements majeurs.

L’Inde pourrait donc devenir le prochain centre d’innovation le’IoT en Asie, avec déjà quelques startups comme Altizon et Entrib qui ont bien l’intention de jouer un rôle majeur dans l’écosystème de l’usine connectée. Le principal produit de Entrib, ShopWorx, vise à rendre les ateliers de fabrication plus efficaces en fournissant un contrôle en temps réel et plus de visibilité tandis que la plate-forme Datonis de Altizon connecte les machines d’usine en utilisant une série de capteurs et de kits de développement logiciel (SDK).

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Le cloud et l’impression 3D bouleversent les codes de la productivité

Frenchweb publie les bonnes feuilles de l’ouvrage «Oser l’improductivité», de Davy Rey. Il y démontre que l’innovation dans son ensemble permettra l’émergence de l’entreprise improductive. Dans cet extrait, le cloud et l’impression 3D transforment la structure de l’entreprise.

 

«Avec deux milliards d’utilisateurs dès 2015, les smartphones et les tablettes représentent déjà le sésame du tout / partout / tout de suite. Les capacités des réseaux et technologies sans fil, en constante évolution, permettront bientôt de fournir à toute la planète un accès illimité et ubiquitaire à Internet… et aux entreprises d’atteindre quatre ou cinq fois plus de consommateurs. Mais Internet, c’est un peu comme un grille-pain : cela ne sert à rien sans électricité. Les capacités nouvelles de stockage de l’énergie permettront d’alimenter les régions les plus reculées du monde et de fiabiliser les réseaux électriques. (…)

Le cloud computing est à la mobilité ce que les protocoles Wi-Fi et Bluetooth sont à la connectivité : une rampe de lancement. Ce nuage, qui grossit de jour en jour, permet à l’organisation qui y stocke ses informations et ses applicatifs, d’y avoir accès partout où Internet est accessible (…) Le cloud remplace des logiciels, dont l’installation nécessite un investissement significatif, par des applications accessibles via navigateur web. Bien que des travaux d’intégration peuvent rester nécessaires au démarrage, l’entreprise qui opte pour une solution en SaaS (Software as a Service) s’épargne le coût d’achat de la solution et des licences. A la place, elle paie un abonnement par utilisateur, qu’elle peut moduler en fonction de ses besoins. (…) Plus besoin de prendre le risque d’acheter des extensions, dont on ne saura qu’à l’utilisation si elles satisfont le besoin des opérations. Plus l’organisation se déleste de ses applicatifs, plus elle se débarrasse de son matériel informatique et moins elle consomme d’énergie et de prestations de maintenance. Ce virage, nécessaire, vers le cloud transforme des coûts fixes élevés en charges variables plus faibles. Il participe à réduire le besoin de financement de l’entreprise et ce sera de circonstance, car le coût du capital obligera la plupart des entreprises à ralentir leurs investissements.

La mobilité, alliée à la connectivité, ouvre donc des perspectives nouvelles pour nos entreprises. Ces deux évolutions combinées font émerger un gisement de valeur client inexploité, un recentrage de certaines fonctions autour de leurs activités cœur, tout en allégeant considérablement la structure.»

Sur l’émergence de la prosommation et ses impacts sur la chaîne d’approvisionnement

«Certains modèles d’imprimantes 3D valent maintenant moins de mille euros et, si votre entreprise n’en possède pas encore, cela ne devrait plus tarder. En effet, elles sont aujourd’hui largement employées pour le prototypage rapide. Elles permettent aux équipes qui les utilisent de matérialiser rapidement, en quelques clics et quelques heures, des maquettes ou des prototypes fonctionnels. Par exemple, l’enveloppe plus ou moins vide d’un appareil électronique est lancée en impression, pendant que les interfaces sont développées et simulées sur des écrans tactiles. Le concept, assemblé matériellement, est testable auprès du client ou d’un panel de consommateurs. Autrefois réservée au développement informatique, la validation itérative des produits physiques est rendue possible par l’impression 3D, dès les phases amont de leur développement. Elle apporte une base solide pour la diffusion des techniques de développement agile issues du monde numérique (…) Les technologies additives permettent, dès aujourd’hui, de largement accélérer la mise en marché des nouvelles offres. (…)

Si les premières techniques produisent arêtes et bavures à reprendre en finition, certains modèles sont désormais capables d’imprimer directement des mécanismes complexes, c’est-à-dire des assemblages fonctionnels de plusieurs pièces. Ces technologies permettent ainsi de supprimer toutes ou partie des opérations de finition. Moins de chute et moins d’opérations : les gains sont immédiats sur les rendements. La vitesse d’impression reste, pour tous les modèles, une limite à leur emploi à l’échelle industrielle. Les délais d’impression ne rivalisent pas encore avec les temps de cycle de l’industrie traditionnelle, l’impression 3D n’est pas encore compétitive pour la production. Cependant, des modèles en cours de développement, vingt-cinq à cent fois plus rapides, pourraient bien arriver sur le marché dès 2016 et constituer une rupture dans la rupture. (…)

Lorsque la barrière de la vitesse sera tombée (…) ne resteront que les opérations d’assemblage, lorsque les sous-ensembles ne seront pas imprimés directement (…). Encore que… Stratasys, l’un des principaux fabricants d’imprimantes 3D, développe une technologie d’impression auto-formante, en collaboration avec le MIT. Cette technique focalise moins sur l’étape d’impression que sur l’utilisation de matériaux, dont les propriétés d’absorption de l’eau permettent d’activer une opération d’auto-assemblage. (…) Il est aisé de comprendre ce que cela signifie pour l’entreprise qui emploie cette technologie : imprimer des objets plats, en laissant le soin au client de les former lui-même sans les assembler, avec le gain de place que cela génère en stock et pour le transport. (…)

Et pourtant, c’est sur la chaîne d’approvisionnement que l’impression 3D pourrait bien avoir le plus d’impact à moyen terme. En effet, une grande partie des biens de consommation pourra être imprimée en local à la commande, c’est-à-dire à quelques mètres ou kilomètres du consommateur. Fini les transits maritimes de plusieurs semaines, car les économies d’échelle et de main-d’œuvre ne compenseront plus les coûts logistiques. (…)

A l’achat d’un article, deux possibilités coexisteront pour le consommateur. Il pourra imprimer lui-même le produit si celui-ci est aussi «simple» qu’un jouet ou qu’une paire de baskets. Et il pourra retirer un produit plus complexe dans le fab-lab le plus proche. Un fab-lab est un atelier avec des capacités d’impression et de production plus larges qu’une imprimante personnelle. Il s’agit d’un centre de mise en commun ou de mise à disposition de moyens de fabrication comprenant des imprimantes 3D professionnelles, des composants électroniques de base et l’accès à des bases de données open-source. (…)

La prosommation s’appuie sur l’impression 3D pour réaliser ce que la digitalisation a permis pour les produits numériques, en libérant les canaux de distribution et en démocratisant la production. Que cette dernière soit réalisée à domicile ou en fab-lab, l’impression 3D rendra accessible à tous des produits de niche ultra-personnalisés, tels que des prothèses ou du mobilier sur-mesure, tout en restant rentable pour les entreprises qui les commercialiseront, malgré des volumes faibles. Autrement dit, la véritable révolution de la prosommation, c’est qu’elle abroge le paradigme de l’économie d’échelle et contribue à remettre en cause les fondements de la productivité. (…)»

Oser l'improductivitéLe livre «Oser l’improductivité» de Davy Rey (Lulu.com). Il s’agit d’une remise en cause des mécanismes productivistes de nos entreprises et d’un nouveau modèle recentré sur l’innovation, pour améliorer leur performance.Davy Rey est manager chez STEP Consulting, un cabinet de conseil en amélioration des performances. Il accompagne de grands groupes, ainsi que des PME et des ETI, depuis près de 10 ans. Mais il maintient aussi un lien fort avec le monde des start-up et décrypte les grands changements économiques et technologiques de notre époque. Depuis deux ans, il tente d’en faire la synthèse sur le blog professionnel qu’il anime : Perspectives.

 

La régulation m’a tué… La FinTech est née

cyril-tramon-Wesharebonds

La nature a horreur du vide. Voilà pourquoi les fintech émergent et améliorent ou remplacent les établissements financiers.

Pourtant chaque jour qui passe, on vous vend un autre histoire, celle d’établissements financiers européens qui souffrent et se plaignent de la régulation actuelle, Bâle 3, et solvency 2, et celle à venir…Bâle 4…et laissent à penser que finalement ces fintechs prennent avantage de cela. C’est vrai, mais c’est l’arbre qui cache la forêt.

Tous affirment, la main sur le cœur, que les exigences prudentielles, en clair de fonds propres, les obligent à fermer ou vendre des activités, à délocaliser, à embaucher des spécialistes de la compliance, par définition non productifs, pour pouvoir faire les économies nécessaires et ainsi maintenir les profits qui leur permettent de faire leur métier. Tous affirment aussi que les établissements financiers américains, qui sont pourtant plus à l’origine de la crise, ne subissent pas les memes contraintes, et que tout cela est prodigieusement injuste et anti-concurrentiel, et les pénalise. Cela est plus discutable, mais en grande partie vrai.

Pourtant, c’est outre atlantique que les « fintechs » ont démarré le plus fort, ce qui montre bien que les problèmes règlementaires des banques ne sont pas la cause essentielle de l’émergence des fintechs.

Le contexte de fond favorable aux fintechs, c’est celui de l’émergence d’une nouvelle génération, la « génération Y « , celle des « digital natives », qui est dans tous les aspects de sa vie en quête de relations directes et de transparence, et qui va d’autant moins se priver d’appliquer ces principes à la gestion financière qu’elle garde en mémoire les errements la crise de 2007/2008. Cette génération n’aime déjà pas les intermédiaires quand ils prennent une marge sans apporter de service significatif ; elle s’en passe encore mieux quand il apparaît que les intermédiations successives, en plus d’empiler les coûts, provoquent des court-circuits systémiques, des complexités illisibles, des catastrophes en chaine, ou plus généralement une asymétrie dans l’analyse des risques ou un aveuglement au risque extreme.

Comme la banque n’est pas un métier comme un autre, ce mouvement inquiète. Uber peut bien troubler le métier des taxis, c’est un problème corporatiste localisé : quelques-uns (les taxis en place) perdent beaucoup, d’autres (ceux qui accèdent à l’emploi) gagnent beaucoup, la majorité gagne un peu (du choix et de la compétition dans les modes de transport).

La banque, c’est plus sérieux : c’est une utilité de base qui permet aux gens d’utiliser la monnaie scripturale et conditionne le financement du commerce, de l’industrie et de nos économies. Les investisseurs peuvent parfois perdre de l’argent, sur un marché qui doit être transparent sur les risques pris. Mais les banques ne doivent pas fermer, et ne doivent plus menacer de fermer sauf à obtenir le soutien du contribuable. C’est pour cela qu’elles doivent être régulées, et limiter leurs prises de risque. Et comme il faut quand même que des investisseurs prennent des risques, et soient rémunérés pour cela si le risque ne se concrétise pas, il faut que ces risques soient pris directement sur des marchés transparents. Les « fintechs » utilisent la technologie pour permettre à ces marchés de risque de fonctionner le plus directement possible, entre les épargnants et les entreprises (ou parfois les particuliers) qui ont besoin de lever de la dette ou du capital.

Ce mouvement, qui va réduire les banques à un rôle d' »utilité de base », très régulée et essentielle au fonctionnement de la vie en société, et qui va déplacer les activités de prise de risque sur des marchés que la technologie rendra de plus en plus en plus transparents, n’est pas près de s’arreter. Les banquiers d’hier ne croient plus trop à leur modèle ancien : quand on les interroge, ils finissent par convenir qu’une banque en vaut bien une autre. Il n’y a plus cet attachement qui a existé dans certains établissements forts d’une culture souvent centenaire, et d’une histoire glorieuse de rachats et autres batailles boursières pour se manger les uns les autres. Pour les jeunes, les métiers de la banque attirent moins. Les plus brillants éléments des meilleures écoles ne vont plus spontanément dans ces banques, un phénomène qui accentue le déclin de l’intérieur. Vis à vis de l’extérieur, des gens qui ont tendance à mettre tout le monde dans le même sac, les nombreux cas de manquements individuels aux règles les plus élémentaires d’éthique ont entamé la fierté d’être banquier. Et pour retrouver un rôle social incontesté, un projet commun, une identité commune, les banques n’ont pas d’autre choix que de redevenir austères, ennuyeuses, et averses au risque. Et aussi longtemps qu’elles gèreront la monnaie et engageront implicitement le crédit des Etats qui les hébergent, on les préfèrera ainsi.

Il faut donc qu’à coté des banques, là ou des épargnants conscients et informés peuvent choisir les projets entrepreneuriaux auxquels ils croient, là où chacun ne peut perdre que son argent et n’engage pas le budget de la collectivité, s’organise de manière transparente et efficace le marché des risques. C’est peut-être là qu’iront les équipes les plus dynamiques des banques, et notamment dans les « fintechs » qui affichent crânement leur indépendance, la liberté d’innover et aussi de se tromper, et qui expriment une autre valeur qui semble perdue dans ces établissements : la prise de risque, corollaire de l’entrepreneuriat et du dynamisme. Elle le feront dans un cadre qui doit aussi etre régulé, de manière spécifique, et dans lequel la technologie permet à chacun d’identifier avec précision le risque qu’il prend : telle entreprise, et pas telle autre ; une entreprise choisie soi-même, et non un panier d’entreprises constitué de manière opaque par de soi-disant professionnels de la gestion d’actifs sur lesquels une recherche académique abondante a montré qu’ils ne battaient jamais les indices en moyenne durablement, ou alors par hasard. C’est ce que permet la technologie, et qui modifie les règles de la prise de risque : le risque devient tracable, et beaucoup plus accessible, même pour des montants moins élevés, par un individu ou un groupe d’individus qui échangent ensemble leurs analyses.

C’est pour nous le vrai moteur de cette « renaissance », bien aidé il est vrai par le contexte, la technologie, et un leadership de ces géants qui tardent à réagir. Ils le feront, les fintechs rentreront dans le rang, mais pour autant, comme l’aurait dit Machiavel, un peuple qui a gouté à la liberté ne peut plus durablement être gouverné dans un autre système. Les banquiers modernes l’ont compris et s’adapteront, les autres…

  • L’auteur

Par Cyril Tramon, Président et co-fondateur de Wesharebonds, une plateforme de crowdfunding en prêt.

 

 

La bataille secrète des banques pour mettre la main sur la blockchain

La technologie derrière le bitcoin a le potentiel de rebattre les cartes du monde financier. L’établissement bancaire qui imposera sa solution deviendra le maître du jeu.

La lutte est ouverte pour déterminer qui contrôlera les futures blockchains dédiées au monde bancaire. L’enjeu est de de taille: « La blockchain pourrait entraîner des transformations profondes dans certains métiers du secteur bancaire et changer la donne entre les acteurs, raconte Nicolas Chatillon, directeur du développement fonctions transverses du Groupe BPCE. Tous mettent en place des stratégies. »

La technologie reposant sur l’adoption, « il faudra adhérer aux standards les plus en vogue et diffusés », renchérit Frédéric Dalibard,  responsable du digital de la banque de grande clientèle de Natixis, filiale du groupe BPCE. « Mais quitte à participer au système blockchain, les banques préfèrent participer à la construction des standards pour ne pas se les faire imposer ».

« Le propriétaire du système pourra faire payer un droit d’entrée »

Les technologies qui s’imposeront ne seront probablement pas des blockchains publiques, ouvertes à tous et visibles par tous comme leBitcoin, mis à part pour certaines applications précises. Les régulations propres au système bancaire imposeront des protocoles sur lesquels l’identité des acteurs est certifiée et nécessiteront donc la centralisation d’une partie de l’autorité pour gérer les droits des participants.

Autrement dit, « celui qui prendra le leadership sur le système pourra gérer les flux de A à Z et l’ouvrir ou non à d’autres acteurs bancaires », décrit Nicolas Chatillon. Avec potentiellement des gains considérables à la clé. « On peut imaginer que le propriétaire du système fasse payer un droit d’entrée pour démarrer les noeuds ou bien les tokens pour réaliser des transactions », ajoute Adrien Lafuma, consultant chez Labo Blockchain.

Résultat : plusieurs consortiums ont vu le jour pour tenter de créer le futur système de référence. A échelle mondiale, 42 banques travaillent au sein de R3 pour tester des blockchains sur des applications diverses. En France, l’initiative de la CDC regroupe des acteurs bancaires, des assureurs, des start-up spécialisées et des acteurs publics. La fondation Linux a aussi créé un projet open-source, Hyperledger, auquel participent plusieurs banques dont JP Morgan et Wells Fargo ainsi que le prestataire de paiement Swift. « Le problème, c’est que les consortiums avancent lentement puisque les acteurs et les intérêts sont multiples, note Adrien Lafuma. Ils risquent d’avoir du mal à sortir une bonne solution technique. »

« Les banques travaillent en parallèle des consortiums sur leurs propres projets »

Pour pallier la lenteur des consortiums, toutes les grandes banques travaillent donc en parallèle sur la blockchain. « Elles peuvent avancer plus vite vers une bonne solution technique », reconnaît Adrien Lafuma. « Les banques veulent s’approprier la technologie encore plus fortement que dans le consortium et évangéliser davantage de collaborateurs, analyse Frédéric Dalibard. Elles se disent aussi que si la stratégie de leur groupe bancaire ne fonctionne pas, elles auront un plan B. » En France, par exemple, BNP Paribas a lancé plusieurs « proofs of concepts » sur diverses applications et technologies.

Certaines grandes banques mondiales travaillent ainsi avec l’ambition de « gérer de bout en bout l’ensemble de la chaîne de valeurs », analyse Nicolas Chatillon. « Elles essayent de monter des systèmes privatifs, parfois avec une crypto-monnaie. L’idée étant, à terme, d’inviter d’autres acteurs bancaires ou non bancaires à s’y agréger en leur facturant l’accès. » Citi bank est par exemple extrêmement active sur le créneau et a lancé sa monnaie Citicoin, tandis que Goldman Sachs a créé les CETL coins.

Mais, selon Adrien Lafuma, « il sera difficile pour une banque seule de fédérer les autres acteurs autour d’un système sur lequel ils n’ont pas la main ». « Ils s’interrogeront forcément sur l’opportunité de créer une plateforme concurrente et j’ai du mal à voir comment un acteur unique pourrait prendre la main », explique le spécialiste de la blockchhain. Même son de cloche du côté de Frédéric Dalibard : « il y a peu de chances pour qu’une technologie propriétaire devienne le protocole de référence, car il faut que le code soit ouvert et vérifiable pour être adopté largement. »

Les consortiums semblent donc les plus à mêmes de créer les futures blockchains de référence. « Les », car plusieurs technologies verront probablement le jour selon les usages : l’une, très ouverte, pour les données publiques de conformité, une autre pour les transactions entre banques, une pour l’échange de titres… (lirenotre série sur les différentes applications de la blockchain dans le monde bancaire).

« La clé résidera dans l’interopérabilité entre les différentes blockchains et la création de passerelles pour transférer des fonds de l’une à l’autre », décrit Frédéric Dalibard. Et outre l’interopérabilité,  les banques devront également résoudre les problèmes de gouvernance des consortiums. Le plus grand défi sera de réussir à faire évoluer les technologies et de garder une latitude d’action malgré le lobbying et la tendance à l’inertie des consortiums.

Aude Fredouelle
JDN

Withings ou l’histoire d’une naïveté française

Le spectaculaire rachat de Withings par Nokia ne traduit pas comme on l’évoque systématiquement la faiblesse de notre système de financement mais le manque de vision et d’engagement de notre scène entrepreneuriale. L’incapacité à créer des écosystèmes à l’échelle mondiale afin de se positionner dans la guerre du numérique qui oppose la Chine aux Etats-Unis. Il est temps de se mobiliser pour «faire tomber les GAFA» et défendre notre souveraineté.

Après Captain Train racheté par les Anglais pour 200M€, c’est au tour d’un emblème de la technologie française Withings et qui a fait grand bruit au CES de Las Vegas en jouant la carte du made in France, de passer sous le contrôle de Nokia pour 170M€. Et il y a fort à parier que Blalacar ne résisterait pas à une proposition de Facebook si ce dernier décidait d’introduire le covoiturage dans sa palette de services pour connecter la planète. L’aventure de ce que l’on appelle les pépites à la française n’a malheureusement qu’une seule issue : un gros chèque !

L’intelligence first

Plus la technologie se développe et plus elle s’efface derrière les idées. Le «purpose» ou la raison d’être. Les grands acteurs du numérique l’ont compris en prenant le virage de «l’intelligence first». Le produit devient une fonctionnalité qui s’intègre dans une plateforme dont le rôle est de résoudre les problèmes du monde, la santé, les déplacements, les loisirs… gérer une communauté, organiser un écosystème circulaire, itératif, ouvert et inclusif qui met en contact directement les utilisateurs et producteurs pour raccourcir et optimiser l’interaction. C’est la mort annoncée des sites et des applications. Le rôle de l’entrepreneur est alors de défendre une «vision» et ensuite de designer le système qui va avec. C’est un chef d’orchestre plus qu’un créateur de ressources qui va défendre les actifs clés de l’entreprise ; les idées et les données. Dans ce nouveau contexte, des entreprises mono-produits comme Withings n’ont aucune chance de se développer sinon à intégrer un écosystème. On peut d’ailleurs s’interroger sur les véritables bénéfices pour Whitings d’un rachat par Nokia ? Dropbox ou Evernote en ont l’amère expérience en cédant au pouvoir de frappe des grandes plateformes. Et que dire de la pertinence de cette phrase de Steve Job : «Vous êtes une fonctionnalité et non pas un produit», en refusant de racheter Dropbox il y a dix ans ?

La nouvelle guerre des écosystèmes

C’est sur le terrain des écosystèmes que s’affrontent désormais les deux géants du numérique, les Etats-Unis avec les GAFA, sous-tendus par une idéologie, et la Chine avec des entreprises plus pragmatiques comme Alibaba, Wechat qui ont su développer de nouveaux écosystèmes dans des secteurs en plein essor en créant de nouveaux modèles de business et qui après avoir touché un nombre impressionnant d’utilisateurs sur leur marché intérieur commencent à se positionner à l’international en déclenchant une lutte féroce avec les Américains. C’est dans ce contexte que les GAFAs (principalement) font leur «marché» aux quatre coins de la planète pour alimenter et enrichir leur écosystème. Et la France avec la qualité de sa recherche et le dynamisme de ses start-up est un terrain de chasse particulièrement attractif.

Pourquoi l’Europe n’est pas en mesure de créer des écosystèmes à l’échelle mondiale ?

Le rachat de Withings n’est pas comme on l’évoque un problème de financement. Un écosystème européen d’investissement inadapté qui empêcherait un scale-up rapide de nos pépites. Le périmètre de withings quels que soient les fonds qu’on y injecte rend de toute façon un développement impossible hors d’une plateforme. La question est pourquoi l’Europe n’est pas en mesure de créer des écosystèmes à l’échelle mondiale au sein desquels des pépites comme Withings trouveraient toute leur place ?

Nous ne pensons pas le numérique à la bonne échelle !

Nos discours sur le made in France, la mise en scène autour de nos champions du numérique et de leur présence au CES appuyée par le ministre de l’économie en personne a quelque chose de naïf et de pathétique. Toutes nos infrastructures institutionnelles ou privées, accélérateurs, groupes de réflexion, French tech, CNNum, École 42, The Family, l’accélérateur ou le NUMA, pour ne citer que les plus en vue ne sont pas programmées pour développer des plateformes avec des visions mais des produits et des fonctionnalités ou des lois et des rapports. C’est notre culture économique et entrepreneuriale qui est en cause. Un monde encore très marqué par la culture de l’ingénieur et du spécialiste. Un monde qui n’est pas familier et qui reste méfiant envers les notions de vision et d’engagement et plus généralement envers le monde des idées. Des entrepreneurs plutôt conservateurs qui ne perçoivent pas la nature profondément subversive de la révolution numérique et la nécessité de changer leur «échelle de réflexion».

Des grands groupes qui ont tous un potentiel de start-up

Nous pourrions aussi nous appuyer sur les grands groupes qui ont tous un potentiel de start-up à l’image de l’Américain Goldman Sachs qui déclare : «Nous ne sommes plus une banque, mais une entreprise de technologie, nous sommes les Google de la finance», en faisant travailler trois mille cinq cents personnes sur le sujet et en annonçant un train de mesures comme l’ouverture en open source des données de marché et de gestion des risques. On imagine très bien des entreprises comme La Poste et Groupama dont les métiers vont être radicalement remis en cause dans les cinq prochaines années préparer l’avenir en organisant un écosystème autour du soin et de la santé (par exemple) qui intègre Withings et ses savoir faire. Mais en écoutant les représentants de ces grands groupes, Pierre Gattaz ou de Carlos Ghosn par exemple, on perçoit rapidement leur vision court terme et leur manque d’intérêt (ils n’ont rien à y gagner) pour les stratégies de rupture.

Sommes-nous prêts à vivre dans un «Internet Fisher Price»

Sommes-nous condamnés à devenir des satellites, à perdre notre souveraineté économique et de sécurité en restant sous l’emprise des GAFAs. Ou encore comme le propose François Candelon, Senior Manager au sein du Boston Consulting Group dans un très bon article «de regarder ce que la Chine peut nous apprendre et nous apporter» et de «créer une route de la soie du numérique». Sommes-nous condamnés à choisir entre Charybde et Scylla ? Non ! Car si les géants du web avec leur vision ont ouvert la voie à de nouvelles relations en construisant les entreprises les plus disruptives de l’histoire, elles nous laissent face à un trou béant. La «technicisation de l’individu». Sommes-nous prêts à vivre dans un «Internet Fisher Price», comme le titrait Viuz «dans des résidences fermées» gérées par des machines «avec des bosquets rondouillards, des pelouses impeccables et des routes goudronnées» où règne l’exclusivité, le premium et la rareté en laissant à la porte toute une partie de la population. Des sortes de maisons de retraite ultra sécurisées pour les plus fortunés ?

Faire tomber les GAFA

Il faut sans aucune hésitation nous engouffrer dans une troisième voie : «Faire tomber les GAFA». Si la formule est quelque peu provocante, elle incite à la mobilisation. Le retard sera difficile à rattraper, mais il est temps pour l’Europe de s’appuyer sur ses valeurs historiques et fondamentales pour construire de nouveaux écosystèmes et entrer de plain-pied dans la guerre économique qui oppose les deux grands blocs. Proposer des alternatives aux GAFAs. «Se servir des algorithmes et de l’intelligence artificielle pour créer une intelligence augmentée et résoudre les problèmes complexes que l’urgence écologique et sociale nous pose», comme le dit Yann Moulier Boutang. Intégrer les nouvelles technologies pour rééquilibrer les rapports de force, trouver les clés d’une véritable économie du partage et de la connaissance, s’attaquer à la question de l’avenir du travail, de sa rémunération, de la santé, du libre-arbitre, de l’éducation…

Changer d’échelle

Une rupture qui nécessite de changer d’échelle en bousculant notre culture économique et notre appréhension du monde. Une rupture qui, si elle se heurte encore à une «diabolique» inertie, s’impose comme une nécessité pour beaucoup d’entre nous.

Si vous faites partie de cette nouvelle «génération» de «l’intelligence first», si vous avez des idées et des solutions pour changer notre échelle de réflexion, je vous invite à nous joindre sur Twitter @ifbranding ou par email f.nemo@ifbranding.fr ensemble, nous avons des solutions à proposer et des projets à construire.

  • L’auteur

Par François Nemo, spécialiste en conseil en stratégies de ruptures.Site Internet : ifbranding.fr

Twitter : @ifbranding

Medium : @ifbranding

 

Les 10 compétences-clés du monde de demain

PSFR201

Aucun doute, le futur nous intéresse. Et comme le dit Woody Allen, nous avons plutôt intérêt… puisque c’est là que nous allons passer le reste de notre vie. Le Peoplesphere de février 2016 vous emmène dans les méandres des impacts de l’évolution socio-démographique sur nos organisations à l’horizon 2030. Le Forum Economique Mondial quant à lui a publié ce 10 mars un article particulièrement intéressant sur les compétences-clés dans le monde de demain. Les conclusions résultent de l’analyse de 213 enquêtes sur les nouveaux modes d’apprentissage des étudiants et de la mise en perspective avec les enseignements du dernier Forum Economique de Davos qui a eu lieu en janvier 2016. Morceaux choisis.

 

L’approche socio-émotionnelle érigée au rang de condition de succès

Vous le savez, les robots, la technologies, l’intelligence artificielle, les algorithmes vont traiter des milliards d’informations beaucoup plus vite, beaucoup mieux, beaucoup plus précisément que nous, pauvres humains. Pour faire face à cette déferlante technologique qui va réduire à néant 45% des jobs actuels d’ici 2025 (enquête Oxford 2013), il nous restera comme arme de guerre notre incroyable capacité à nous connecter les uns aux autres et à créer des émotions. Nous sommes en route au pas cadencé vers cette économie de l’Emotion.

Le Forum Economique Mondial a synthétisé les compétences critiques dans le schéma suivant :

20160319_Compétences du monde de demainSOURCE : WORLD ECONOMIC FORUM – REPORT : NEW VISION FOR EDUCATION: FOSTERING SOCIAL AND EMOTIONAL LEARNING THROUGH TECHNOLOGY

Le monde académique semble donc prendre lentement conscience que nos têtes blondes auront besoin d’autres compétences que celles que nous avons eues la chance d’apprendre et surtout d’autres façons d’apprendre.

L’approche socio-émotionnelle contribue factuellement au succès.

Selon le Forum Mondial Economique (WEF), les compétences qui sont jugées comme critiques pour réussir professionnellement (voire humainement) dans le monde de demain sont principalement développées par des méthodologies dites SEL : Social – Emotional Learning. Les experts du WEF se sont penchés sur les méthodes probantes d’apprentissage scolaire et ont parcourus les études qui observaient les étudiants utilisant la technologie pour développer leurs aptitudes à interagir socialement et émotionnellement. Par technologie on entend notamment l’usage des plateformes collaboratives, des media sociaux, des MOOC – SPOC – COOC, du blended learning, … Mais la technologie n’est pas tout, encore faut-il y mettre les bons usages.

Les compétences annoncées ci-dessus sont celles détectées dans les projections des emplois de demain et ramenées au niveau des étudiants d’aujourd’hui. Ce qui est intéressant, c’est de se rendre compte que les mêmes compétences sont déjà critiques actuellement dans nos organisations. Les modes d’apprentissages ne diffèrent finalement en rien de ce qui s’organise dans les écoles et universités.

UNE VARIÉTÉ DE SOURCE D’APPRENTISSAGE DES COMPÉTENCES SOCIO-ÉMOTIONNELLES

20160319_apprentissage des compétences de demain

SOURCE : WORLD ECONOMIC FORUM – REPORT : NEW VISION FOR EDUCATION: FOSTERING SOCIAL AND EMOTIONAL LEARNING THROUGH TECHNOLOGY

En sachant que les étudiants qui favorisent des approches “socio-émotionnelles” d’apprentissage ont un taux de succès qui les positionnent à 11 points des étudiants qui suivent un apprentissage classique, nous pourrions nous permettre d’entrevoir les mêmes garanties de succès pour nos collaborateurs si nous les mettions dans les mêmes conditions de développement. A nous de jouer, donc !

Quels jobs pour demain ? 

A l’occasion du dernier forum économique de Davos portant sur l’émergence de la 4ème révolution industrielle (la révolution digitale), le WEF a également édité un rapport sur les “Emplois du Futur”, élaboré avec la contribution d’experts académiques, professionnels ainsi que de CEO et CHROs de 371 organisations de référence sur leurs marchés, représentant 13 millions de collaborateurs à travers 9 secteurs d’activités et 15 régions économiques majeures ou émergentes.

Tous s’accordent à dire que notre monde VUCA (Volatile Uncertain Complex Ambiguous) a d’ores et déjà des impacts majeurs sur nos organisations.

65% des enfants qui sont en primaire aujourd’hui travailleront dans des emplois qui n’existent pas encore.

Les projections en terme d’emploi sont impressionnantes : 7,1 millions de jobs d’employés administratifs devraient disparaître entre 2015 et 2020, conséquence de cette 4ème révolution industrielle… avec un gain de 2 millions d’emplois dans le secteur STEM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Maths). Les secteurs de l’Energie, de l’Information, des Media, de la NanoBioTech et de l’Entertainement sont les secteurs dont la progression s’annonce la plus florissante. Les 2 métiers dont la pénurie s’annonce déjà sont les data analysts qui donneront du sens à la masse de données traitées et les commerciaux qui seront en capacité de créer une réelle connexion humaine avec les clients. Notez le bien, on vous aura prévenus : l’économie de l’Emotion est en route…

53% des DRH interrogés s’estiment confiants dans la capacité de leur organisation à s’adapter. Cela fait 1 sur 2… C’est plutôt inquiétant. Et 50% pensent que cette adaptation viendra de l’interne (plan de développement) et seulement 20% par du recrutement externe. Il est donc urgent de se mettre au travail !!

Quelles compétences pour demain ? 

Donc, en projetant les compétences et traits de personnalités critiques sur les projections d’emplois à 2020 (il est relativement compliqué d’aller plus loin compte tenu justement de la nature VUCA de notre monde), le WEF a identifié l’évolution suivante dans la criticité de ces compétences :

20160319_top 10 des compétences de demainSOURCE : WORLD ECONOMIC FORUM – REPORT : FUTURE OF JOBS

 

Nous voyons émerger l’urgence de comprendre le monde qui nous entoure (résolution de problèmes complexes, développement de la pensée critique, capacité de jugement et de décision), de nous adapter (créativité, flexibilité cognitive) et surtout de nous connecter (people management, négociation, orientation service, intelligence émotionnelle, se coordonner avec les autres, …).

Sans aligner esprit et coeur, il sera très compliqué de réussir dans le monde de demain. Sans courage et sincérité, cette mutation sera douloureuse et inefficiente.
Sans collégialité et émulation, nos organisations seront vides de sens.
Sans regard pour notre Monde et nos Communautés, nos actions seront inutiles.

“Don’t Manage. Love”. “Don’t work. Have Fun”.
Dans le monde de demain, le Bonheur au Travail sera plus vrai que jamais.
Des collaborateurs heureux sont 55% plus créatifs… Des collaborateurs heureux sont 31% plus productifs. Des collaborateurs heureux font des clients heureux qui font à leur tour des actionnaires heureux. Il est possible de passer d’un monde VUCA à un monde collaboratif et agile. Il est possible de renverser le cercle vicieux pour passer dans une spirale vertueuse. Et de cela, nous en avons terriblement besoin pour construire un meilleur monde du travail, qui puise son sens dans le Bonheur de ses collaborateurs comme source de performance durable… Si vous en doutez, je suis prête à parier avec vous !

(Ecrit le 20 mars 2016, 4ème journée internationale du Bonheur – Happy Happiness Day !).

Les start-up françaises en quête d’intelligence artificielle

Après avoir fait le tour des stratégies d’IA de quelques grands acteurs du numérique, dont Google, IBM, Microsoft et Facebook, et de leurs acquisitions, revenons aux start-up du secteur en nous intéressant aux françaises.

Il est clair que l’IA est l’une des technologies clés du numérique, aujourd’hui et demain. Au lieu de chercher à créer un Google, un Facebook ou un système d’exploitation français, il serait bon de s’intéresser à ce domaine prometteur, surtout dans la mesure où les plateformes correspondantes sont encore en devenir.

La recherche en IA en France

La recherche en IA est disséminée dans plusieurs laboratoires et dans des projets collaboratifs associant laboratoires publics et universités. Les deux premiers organismes se focalisant sur l’IA sont l’INRIA et le CNRS.

Que fait l’INRIA ? Un grand nombre des projets de recherche fondamentale en IA référencés sur leur site font appel aux techniques de l’IA, même s’ils ne sont pas forcément labellisés IA / machine learning / réseaux neuronaux. C’est ainsi le cas du projet Orpailleur mené à Nancy et dédié à la représentation des connaissances et au raisonnement. L’équipe planche sur l’extraction de données dans les bases de connaissances non structurées, et notamment dans le domaine de la santé, le même que celui qui est investi par IBM Watson et plein de start-up. Ils collaborent notamment avec le centre de lutte contre le cancer de Nancy. L’équipe Magnet travaille, quant à elle, directement sur le machine learning et l’auto-apprentissage.

Les chercheurs français se plaignent en tout cas d’être délaissés en France dans la discipline. Ils ne sont certainement pas les seuls, au sens où de nombreuses disciplines se sentent délaissées dans la recherche publique.

Une association créée en 1993 fait la promotion de la recherche en IA, l’AFIA. Elle organisait en octobre 2014 une conférence de promotion de l’IA dans la recherche. On y identifie par exemple Andreas Herzig (IRIT, CNRS, Toulouse) qui travaille sur la modélisation de la logique et du raisonnement, Hélène Fargier (IRIT, CNRS, Toulouse) qui travaille notamment sur la programmation par contraintes, Jérôme Euzenat (LIG, Inria) qui planche sur la représentation et l’échange de connaissances et Leila Amgoud (IRIT, CNRS) qui est spécialisée dans la modélisation de l’argumentation.

Le défi pour ces chercheurs et leurs autorités de tutelle est de trouver des applications tirées de leurs travaux. En consultant la liste des participations d’IT Translation qui est l’un principaux financeurs de projets issus de l’INRIA, on constate que l’IA est souvent en filigrane de ces projets, mais pas forcément au niveau «plateforme» ou «couches de base».

 

1Dans le Economic Report or The President, le rapport annuel 2016 sur l’économie de la Maison Blanche, j’ai découvert deux données intéressantes. Aux Etats-Unis, en 2013, les start-up ont créé deux millions d’emplois et les entreprises traditionnelles huit millions. Donc 20% ! Une proportion énorme sachant que dans le même temps, l’économie française a plutôt détruit des emplois et les startups n’en ont probablement créé que quelques milliers. Et surtout : la moitié de la R&D fédérale est dédiée à la défense ! Et au milieu des années Reagan, elle en représentait les deux tiers ! Cela explique pourquoi tant de projets autour de l’IA sont financés par la DARPA. En France, la recherche dans l’IA semble mieux financée côté civil, même s’il est difficile de le vérifier par les chiffres. On ne s’en plaindra pas. A ceci près que la R&D militaire US a une qualité : elle est orientée vers des objectifs pratiques selon des cahiers des charges. De son côté, la recherche civile française fonctionne plutôt de manière très décentralisée et sans objectifs pratiques clairs, sauf lorsqu’elle est financée par des entreprises privées, surtout depuis la loi Pécresse de 2007. A méditer !

Start-up «horizontales»

Voici les start-up que j’ai pu repérer dans les solutions techniques d’IA plus ou moins génériques. Le champ de la reconnaissance audio est faiblement couvert par les start-up françaises. Dans celle des images, on eu quelques cas anciens comme LTU qui a été racheté par le japonais JASTEC en 2005. Il subsiste quelques acteurs spécialisés dans la recherche et qui ont intégré petit à petit des techniques d’IA dans leurs offres. Antidot et Sinequa sont anciens dans le paysage mais, à l’instar de nombreux éditeurs B2B, ils peinent à croitre, notamment à l’international. Ils ne font que quelques millions d’euros de chiffre d’affaires. Comme dans l’article précédent, j’indique entre parenthèses l’année de création et les montants levés lorsqu’ils sont disponibles. J’aimerais bien ajouter un troisième indicateur : le chiffre d’affaires, mais il n’est généralement pas disponible.

Antidot (1999, 3,5 millions de dollars) est connu pour son moteur de recherche pour entreprises. Il propose une fonction de classification automatique de contenus ainsi que d’amélioration de la pertinence des résultats de recherche s’appuyant sur du machine learning.

Sinequa (2002, 5,33 millions de dollars) est un fournisseur de solutions de big data et d’analyse de données pour les grandes entreprises. Il fournit un moteur de recherche sémantique capable d’exploiter les données issues de nombreux progiciels (ERP, CRM, gestionnaires de contenus, etc). La société a annoncé en 2015 investir dans le machine learning pour améliorer la performance de ses solutions.

Dataiku (2013, 3,5 millions de dollars) fait évoluer les concepts de business intelligence et de data mining ave son Data Science Studio, un ensemble d’outils d’analyse de données qui exploitent du machine learning pour la création de modèles de données et de simulations.

Heuritech (2013) propose sa solution logicielle Hakken d’analyse sémantique, de tagging et classement automatiques de textes, images et vidéos sous forme d’APIs. Ils proposent aussi HeuritechDIP qui permet d’améliorer sa connaissance des clients et d’anticiper leurs besoins, évidemment, surtout dans les applications de commerce en ligne. Le tout s’appuie sur force marchine et deep learning. La start-up s’appuie sur les travaux de recherche de deux laboratoires publics le CNRS LIP6 and l’ISIR de l’UPMC (Paris VI).

 

2Smart Me Up (2012, 3 millions d’euros), vu aux CES 2015 et 2016 propose une solution logicielle d’analyse des visages. Elle détecte l’âge, le comportement et les émotions des utilisateurs. La solution est bien entendu plutôt commercialisée sous forme de brique logicielle en marque blanche utilisable dans des applications métier.

Moodstocks (2008) propose une solution mobile de reconnaissance d’images, fournie sous la forme d’APIs et d’un SDK multi-plateforme.

Objets connectés

C’est un domaine où les entrepreneurs français sont assez prolixes en général. Il n’est donc pas étonnant d’y trouver quelques start-up intégrant des briques d’IA dans leurs solutions. Le scénario le plus répandu est lié à la consommation d’énergie et à la maison connectée, avec des solutions faisant de l’auto-apprentissage du comportement de ses habitants pour piloter des actions d’économies d’énergie et d’automatisation diverses.

Craft.ai (2015, 1,1 million de dollars) est une très jeune start-up spécialisée dans l’Internet des objets. Elle permet de créer des solutions logicielles d’orchestration d’objets connectées qui apprennent toutes seules des comportements des utilisateurs et des données environnementales captées par les objets connectés. La solution est commercialisée sous la forme d’APIs destinées aux développeurs d’applications. L’approche est intéressante dans son principe. Reste à trouver un modèle économique solide.

 

3Angus.AI (2014) est un peu l’équivalent de Craft.ai, mais pour les robots. La start-up, créée par des anciens ingénieurs d’Aldebaran qui ont développé la partie logicielle des robots Nao et Pepper, propose une solution logicielle embarquée dans les robots leur apportant les fonctions de base de reconnaissance vocale et faciale et de détection d’obstacles. Elles sont fournies sous la forme d’un kit de développement et d’API (interfaces de programmation). Les ingénieurs s’appuient beaucoup sur des solutions open source du marché. Ils travaillent déjà avec la SNCF, mais pas sur des robots.

Ubiant (2011), basé à Lyon, était également présent au CES de Las Vegas en 2015 et 2016. Il propose une solution matérielle et logicielle de gestion de la maison intelligente, de l’éclairage et de l’énergie qui s’appuie sur du machine learning et sur le Luminion (ci-dessous), un objet connecté interagissant avec l’utilisateur via des LED de couleur indiquant si la consommation du foyer est supérieure à celle du voisinage. C’est une offre B2C.

 

4Vivoka a développé Lola, un logiciel de contrôle des équipements de la maison connectée. Elle s’appuie sur une box reliée à Internet qui se pilote via une application mobile et par commande vocale. Le projet lancé sur Kickstarter n’a pas porté ses fruits.

Iqspot (300 000 euros) est une start-up bordelaise qui analyse la consommation énergétique des bâtiments et sensibilise ses occupants pour la diminuer. Le tout avec du machine learning.

Xbrain (2012) est une start-up française, établie dans la Silicon Valley ainsi qu’à Paris et Lille, qui se spécialise dans les applications de l’IA à l’automobile et la robotique. Sa plateforme xBrain Personal Assistant permet de créer des agents conversationnels. Elle s’appuie sur la reconnaissance vocale, sur la gestion de contexte, sur la détection des intentions et la gestion de règles. Son créateur, Gregory Renard, planche sur l’IA depuis près de 20 ans.

Scortex (2016) développe des solutions matérielles et logicielles apportant l’autonomie aux robots et aux objets connectés qui intègrent notamment la reconnaissance d’images et de la parole. Ils ont même développé un chipset à base de réseaux neuronaux.

E-commerce

L’écosystème français a toujours été prolixe en start-up B2B et B2C dans le secteur du e-commerce et du marketing. Il est donc normal d’y retrouver quelques start-up intégrant de l’IA.

AntVoice (2011, 2 millions de dollars) propose une solution de recommandation prédictive pour les sites d’e-commerce qui s’appuient sur de l’intelligence artificielle. C’est un spécialiste du big data marketing.

Dictanova (2011, 1,2 million d’euros) est une société nantaise à l’origine d’une solution d’analyse textuelle des feedbacks clients dans les réseaux sociaux ou sites de vente en ligne, en liaison avec les outils de CRM pour optimiser la relation client. Les techniques utilisées comprennent l’analyse sémantique de textes et la classification automatique. La solution est fournie en cloud.

Modizy (2012, 275 000 dollars) propose un assistant d’achat dans la mode basé sur un algorithme d’intelligence artificielle. Modizy propose aussi une place de marché reliant consommateurs et marques.

Tastehit (2014) utilise du machine learning et du big data pour personnaliser les sites d’e-commerce en temps réel. Donc, une offre B2B.

CompareAgences (2012) intermédie la relation entre agents immobiliers et particulier dans le cadre de la vente de biens. La start-up emploie 12 personnes et génère 200 000 visiteurs uniques par mois. 1 000 agences immobilières sont intégrées en France. Le tout est à base de machine learning, sans plus de précisions.

Santé

C’est un domaine très porteur pour les applications de l’IA. Seulement voilà, nous sommes un peu à la traîne dans l’une de ses grandes applications : la génomique. Mais la santé va au-delà de la génomique, heureusement.

CardioLogs Technologies (2014) a créé une solution d’interprétation automatique des électrocardiogrammes (ECG) en temps réel s’appuyant sur du machine learning. Uberisation en puissance des cardiologues ? Pas si vite ! Cela permet surtout de rendre un suivi plus régulier des patients à risques ou atteints de maladies chroniques.

Dexstr.io (2014) est une start-up toulousaine fournissant la solution Inquiro qui exploite les données médicales non structurées pour faciliter la recherche d’informations pour les sociétés de pharmacie. En gros, c’est de la recherche documentaire, un peu comme le font Sinequa et Antidot, mais avec un tuning adapté à la documentation scientifique dans la santé. Leur concurrent serait plutôt l’application d’IBM Watson à l’oncologie.

Khresterion (2014) propose un logiciel d’aide au diagnostic et à la prescription pour les cancers. La solution fonctionne sur un principe voisin de celui d’IBM Watson, compulsant la littérature scientifique et les données des patients pour proposer divers traitements avec leurs avantages et inconvénients comme les effets secondaires. La société aurait comme prescripteur des organismes de remboursement comme Humanis, Axa et la Maaf. Sa solution commence aussi à être utilisée dans la finance, là où les cycles de vente sont probablement plus courts.

Applications métiers

C’est là que la créativité est la plus développée, comme nous l’avions vu dans l’article précédent de la série au sujet des start-up américaines.

Snips.ai (2013, 6,3 millions de dollars) est une start-up connue du secteur de l’IA, créée par Rand Hindi (prix du MIT 30 en 2015), Mael Primet et Michael Fester. Leur dernière levée de fonds de 5,7 millions d’euros en juin 2015 présente la particularité d’associer Bpifrance avec des investisseurs américains, en plus de business angels tels que Brent Hoberman et Xavier Niel. L’équipe comprend 35 personnes : des data-scientists, des développeurs, designers et quelques marketeurs. Leur positionnement est large et un peu vague : rendre la technologie invisible et les usages intuitifs via de l’IA. A ce titre, la start-up a développé des applications expérimentales telles que :snips (un ensemble d’applications de recherche pour iOS dont un clavier virtuel intelligent pour la recherche d’adresses), Tranquilien (qui prédit les places disponibles dans les trains de banlieue), Parkr (la même chose pour prédire les places de parking), Flux (qui identifie le trafic mobile en s’appuyant sur les données des smartphones), RiskContext et SafeSignal (identification de risques d’accidents sur la route). La start-up planche aussi sur des applications verticales : pour les véhicules connectés, dans l’hôtellerie, la maison connectée et les loisirs numériques. Le tout s’appuie sur force machine et deep learning, modèles probabilistiques, traitement du langage, gestion de graphes et aussi encryption des données pour garantir la vie privée. Derrière la vision, l’implémentation et l’expérimentation, on leur souhaite de réussir la businessmodelation.

 

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Jam (1 million d’euros) a créé un agent conversationnel SMS pour étudiants. Ils ont ISAI Ventures dans leur capital. La solution utilise une combinaison d’IA et de vrais intervenants humains pour assurer une bonne qualité des réponses. Leurs outils d’IA sont en open source.

Julie Desk (2014, 993 000 dollars), basé à Paris, propose un service d’assistante virtuelle fonctionnant sous la forme d’un agent conversationnel opérant en français et en anglais. Il gère surtout votre agenda et répond à vos mails à votre place pour prendre des rendez-vous avec vos interlocuteurs. Comme pour Jam, l’agent fonctionne en mode supervisé par des opérateurs, ce qui permet d’assurer une bonne qualité de service. Les tarifs vont de 50 à 80 euros par mois. Il est notamment utilisé par des entrepreneurs de startups. Mais l’agent ne répond pas encore au téléphone.

 

7Riminder (2015) est une start-up spécialisée dans les RH qui s’appuie sur du deep learning pour proposer des outils d’aide à la décision. Il aider les chercheurs d’emploi à construire leur parcours professionnel et les actifs à développer leur carrière, en exploitant une base de connaissance de plusieurs millions de parcours de cadres.

Niland (2013) est une participation de IT Translation, la structure de valorisation des projets de recherche issus notamment de l’INRIA. Mais la startup a été créée par des anciens de l’IRCAM et s’appuie sur 10 années de travaux de recherche. Elle utilise le deep learning analysant le contenu de la musique pour rendre son exploration dans les plateformes de diffusion plus intelligente. Elle identifie les similarités entre morceaux pour les classifier automatiquement. La solution sera exploitée par CueSongs (UK, une société fondée par le chanteur Peter Gabriel) et motionelements (Singapour) qui sont dédiés aux professionnels de la musique. La solution est aussi illustrée par le service en ligne www.scarlett.fm et s’appuie sur SoundCloud pour vous permettre de créer une web radio personnalisée en fonction de vos gouts.

Yseop (2008) propose son agent conversationnel Savvy. Nous l’avions déjà évoqué dans le troisième article de cette série.

Séline (2013), édité par la société Evi, propose une panoplie d’applications bureautiques intégrant un agent conversationnel permettant de dialoguer et poser des questions en langage naturel. On y trouve notamment un traitement de texte, un tableur, un gestionnaire d’agenda, un carnet d’adresses, un gestionnaire de tâches, une médiathèque, un logiciel de gestion de finances et un gestionnaire de messagerie instantanée. Dilemme classique : faut-il recréer tout un existant complexe pour y intégrer une nouvelle fonction ou ajouter cette fonction aux produits existants du marché (Microsoft Office, Open Office). Question d’ouverture, de simplicité de mise en oeuvre et de modèle économique!

Dans mon précédent article sur l’écosystème entrepreneurial de La Réunion, j’avais aussi identifié quelques startups qui utilisent le machine learning : logiCells (ERP sémantique) et Teeo (analyse de consommation d’énergie pour les entreprises). A contrario, certaines start-up font appel à des briques d’IA comme le machine learning mais préfèrent ne pas l’évoquer dans leur communication.

Ce tour est probablement incomplet et les oubliés du secteur se feront immanquablement connaître pour intégrer cette liste que je mettrai à jour au fil de l’eau. A vrai dire, d’ici peu de temps, l’usage de machine learning sera aussi courant dans les start-up que l’appel à des bases de données NoSQL : une banalité !

Le top du top de la start-up d’IA ? Utiliser l’IA dans une solution d’agent conversationnel en cloud qui fait du big data sur des données issues de l’IoT en sécurisant les transactions via des blockchains. Le bingo de la start-up d’IA est lancé !

Article initialement publié sur le blog Opinions Libres.

Par Olivier Ezratty, expert FrenchWeb

 

L’uberisation est une opportunité !

 

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Je me propose dans ce nouveau billet de voir ce qu’il convient de faire afin d’éviter d’être « disrupté » ou « uberisé ».

  Plusieurs rappels préalables s’imposent : d’abord, il n’y a pas les bons d’un côté — les startups et la nouvelle économie — et les mauvais de l’autre — ces grandes entreprises statiques et engluées dans leur complexité. Les sociétés du CAC 40 et les autres — y compris les PME-PMI — se sont profondément transformées au cours de ces dernières années, intégrant les règles de la révolution digitale. Certaines sont en réalité très avancées. Ensuite, il n’y a pas les startups d’un côté avec leur jeunesse et leur modernité et les entreprises classiques de l’autre avec leurs baby-boomers. Les jeunes sont actifs des deux côtés et les anciens apportent bien plus de valeur que certains le pensent de prime abord. Enfin, la solution n’est pas d’opposer les deux mondes mais au contraire de les faire travailler ensemble. Les startups et l’économie classique peuvent assurément s’apporter mutuellement.

Les startups obligent les entreprises plus traditionnelles à adapter leur modèle d’entreprise sous peine pour ces dernières de se retrouver en grande difficulté. C’est en cela que « l’uberisation » peut être une opportunité ! Une opportunité pour celles qui sauront la saisir, avant qu’il ne soit trop tard.

   Il faut sortir des clichés opposant le monde de startups à celui de l’économie traditionnelle.

Mon intention n’est donc pas d’opposer les acteurs de la nouvelle économie — très véloces par ailleurs — à ceux du monde entrepreneurial plus classique — qui innovent parfois depuis des décennies. Je n’ai également nulle intention de me livrer à un inventaire à la Prévert.

Il semble cependant que certaines pratiques permettent aux entreprises assaillies par de nouveaux entrants non seulement de réagir avec plus de réactivité et d’efficacité, mais aussi d’en tirer pleinement partie.

Sans prétendre à l’exhaustivité, voici celles que j’ai pu identifier au cours des deux dernières années.

Pratique 1 : Mettre la créativité au cœur de l’organisation, de tous les processus et de tous les métiers.

Elle ne doit pas concerner uniquement la R&D (Recherche & Développement) mais également l’organisation, le social, l’humain, l’environnement et les affaires bien sûr. Ainsi diffusée, elle ne peut que changer l’état d’esprit de chacun et plus largement de l’entité toute entière. Elle devient de fait le meilleur rempart pour repousser les potentiels nouveaux entrants et éviter les ruptures brutales.

Pratique 2 : Inciter les équipes à prendre des risques mesurés.

Il convient dès lors d’accepter le principe du droit à l’erreur ou à l’échec, selon l’adage attribué à Nelson Mandela : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ». C’est du reste ce qui caractérise le mode opératoire des startups. Elles prennent des risques, elles n’ont pas le choix. En diffusant une culture de l’engagement, en poussant les managers à prendre des décisions, l’entreprise classique se met en position de lutter avec plus d’efficacité face aux disrupteurs qui ne rêvent que de lui prendre des parts de marché. La prise de risque n’est en rien l’apanage des startups.

 

Pratique 3 : Développer une forte culture d’entreprise.

Elle est le ciment entre les équipes. Les valeurs portées par l’entreprise et ses dirigeants soudent les salariés entre eux et créent une véritable identité collective. Il faut se souvenir que la culture est le seul facteur qu’il est impossible de copier. C’est elle qui différencie deux entités ou deux groupes de personnes. C’est l’un des avantages des entreprises plus anciennes. Elles ont l’histoire pour elles et nous savons que dans bien des cas, cela peut faire la différence, en mobilisant les énergies aux moments clés.

Pratique 4 : Miser sur les talents et la compétence.

Il convient d’avoir les « bonnes personnes aux bons postes pour réaliser les bonnes actions aux bons moments » et d’investir sur la formation des équipes. La connaissance — même si elle évolue très vite de nos jours — permet à toute firme de se créer des avantages compétitifs, souvent déterminants. En négligeant ceci, l’entreprise risque le décrochage.

Pratique 5 : S’assurer que la diversité culturelle soit parfaitement représentée au sein de l’entreprise.

Nous sommes tellement habitués à fonctionner avec des élites stéréotypées — qui aiment à se coopter entre elles — que nous n’avons pas toujours pris conscience que le monde avait changé. Intégrer des profils différents au sein d’une équipe est un formidable atout pour enrichir l’équipe et la rendre plus agile, plus à même de réagir aux attaques extérieures.

  Il faut miser sur les jeunes, le mix-générationnel,  la mixité, la diversité culturelle, les talents,  toutes les formes d’intelligence et donner du sens à l’action engagée. 

Pratique 6 : Faire de la mixité une réalité.

Les femmes et les hommes vont devoir partager les postes à responsabilité pour le bien de notre société et de notre économie. La parité — en particulier pour les postes de direction — veut dire au final plus de performance et plus de créativité. Sur ce dernier point, les femmes vont indéniablement apporter un regard différent. Le thème de la mixité n’est pas nouveau. On en parle depuis longtemps, trop longtemps. Il faut à présent en faire une réalité. C’est un combat, rien d’autre.

Pratique 7 : Réussir le mix-générationnel.

Il faut en premier lieu faire confiance aux jeunes. Les entreprises « classiques » doivent attirer de jeunes développeurs, des Gen Y — bientôt des GEN Z — et s’assurer qu’ils sont bien intégrés, avec des missions de qualité. Il est vital de les faire coacher par les plus anciens qui détiennent expérience et savoir-faire. En réussissant à mettre en place ce travail collaboratif, l’entreprise multiplie ses chances de ne pas passer à côté d’un mouvement majeur.

Pratique 8 : Maitriser la révolution digitale

Elle a fait basculer le monde dans la 4ème révolution industrielle. Ne pas en comprendre les enjeux et sa signification c’est l’assurance de rentrer dans une grande turbulence. Cela veut dire que les comités de direction doivent s’emprègner des grands enjeux à venir et en assimiler les rouages et modes opératoires. Cela aura un impact évident sur l’emploi et la gestion des talents.

Pratique 9 : Accorder une place à toutes les formes d’intelligence.

Ne pas sélectionner les candidats à l’embauche sur les seuls critères habituels, dont le fameux QI. L’intelligence émotionnelle me paraît être de la plus grande importance pour évoluer dans le monde de demain, tout comme l’intelligence relationnelle, à savoir la capacité de former des réseaux, de les entretenir et de s’en servir avec perspicacité.

Pratique 10 : Donner du sens à nos actions, à tout ce que nous faisons.

Les jeunes générations y sont très sensibles. Mais en réalité tout le monde l’est. Nous voulons une réponse à la question du « pourquoi ». Un peu comme lorsque nous étions enfants et que nous voulions tout comprendre. Nous en avons perdu l’habitude, piégés dans l’engrenage de nos vies quotidiennes.

Il me semble que ce sont là les actions majeures à entreprendre pour être en pole position dans ce monde numérique en pleine turbulence et en sortir gagnant.  Je developperai dans de prochains billets quelques-unes de ces pratiques.

Au final, les startups permettent donc bien à l’économie classique de se réinventerQu’elles soient saluées pour cela !

 Par Gérarld KARSENTI

 

la matrice des 9 blocs d’un business model

matrice des 9 blocsAu cours de la rédaction de votre business plan, vous allez devoir démontrer la viabilité de votre modèle économique. Pour les investisseurs un business model bancal ou irréaliste est rédhibitoire. Il est donc capital pour une entreprise de posséder à la fois un modèle économique fiable et une stratégie de mise en application cohérente. Pour vous aider dans cette réflexion il existe un outil d’analyse stratégique : la matrice des 9 blocs.

Présentation

La matrice des 9 blocs a été mise au point par Alexandre Osterwalder, un chercheur Suisse spécialiste de l’entreprenariat. Elle permet de décrire et d’analyser visuellement un business model. Cet outil visuel offre un regard différent des autres techniques d’analyse des modèles économiques. En effet son système basé sur 9 cases permet de parler de son business model rapidement et facilement.matrice de Osterwalder

Les 9 cases de la matrice représentent les différents éléments que vous devrez décrire dans votre business plan :

  • Les ressources clés : brevets, ressources humaines, matières premières, etc. Tous les éléments nécessaires à la création du service ou du produit par l’entreprise.
  • Les activités clés : exposez les différentes actions qui permettront de stimuler l’offre, par exemple le marketing, la R&D, les achats, etc.
  • Les partenaires clés : indiquez les différents acteurs stratégiques qui interviennent dans l’environnement économique de l’entreprise comme les sous-traitants, les transporteurs, les institutions publiques, etc.
  • Proposition de valeur : présentez le besoin auquel l’entreprise répond et quels sont les avantages procurés à ses clients.
  • Clients : basé sur votre étude de marché, identifiez les parts et segments que vous souhaitez attaquer.
  • Canaux de distribution : exposez les axes de distribution que vous allez mettre en place pour prendre contact avec vos clients. Les plus fréquents sont les magasins, les commerciaux, les grossistes ou les sites internet.
  • Relation clients : présentez votre stratégie de gestion de la clientèle. Seront-ils suivis et rapidement entendus ou au contraire devront-ils trouver eux-mêmes les réponses à leurs questions ?
  • Les coûts : présentez les principaux postes de dépensede l’entreprise.
  • Les revenus : exposez les principales sources de recette de l’entreprise.

Pour compléter correctement cette matrice il convient d’inscire au maximum 3 points dans chacun des blocs.