Ikigai : trouvez votre reconversion professionnelle
- Auteur : Edgar Grospiron



Quand on décide de se lancer dans une reconversion professionnelle, c’est souvent pour s’aligner sur ses valeurs, et/ou pour essayer de faire de sa passion son métier. Mais attention : dans une passion, il n’y a aucune contrainte. Et dans un métier, il y a des enjeux, ce qu’il n’y a pas dans une passion. Les contraintes changent tout. Alors comment savoir si on se lance dans la bonne direction ? Je trouve que l’ikigai est l’outil idéal, car il permet de faire un bon bilan de soi.
Lors de ma reconversion, j’ai perdu beaucoup de temps parce que je ne me posais pas les bonnes questions. L’ikigai permet de se poser les bonnes questions : « Qu’est ce je vais faire de ma vie ? » et non pas « Qu’est-ce que je vais faire dans ma vie ? » Cela change tout ! Je n’avais pas de diplôme, pas d’expérience professionnelle : je ne voyais que ce qui me manquait.
Quand j’ai changé la question de « dans ma vie » en « de ma vie », j’ai totalement changé de perspective. Je réfléchissais par rapport à là où j’avais envie d’aller, ce qui était en résonance avec là d’où je venais.
L’ikigai permet de se poser tout de suite les bonnes questions.
Et d’aller bien plus loin que le travail que j’ai pu faire seul. Il vous permet de clarifier beaucoup plus vite vos besoins et vos envies et de les mettre en résonance avec vos valeurs.
C’est un outil complet qui reste simple. Il est basé sur quatre catégories qui répondent à quatre questions. Si vous effectuez un vrai travail sur les catégories et les sous-catégories, il vous permettra de faire suffisamment le tour de la question pour être sûr de vous. Avec les quatre thématiques de base, c’est assez limpide.
Grâce à l’ikigai, vous allez travailler sur :
- ce que vous aimez,
- ce pour quoi vous êtes doué,
- ce qui vous fait gagner votre vie,
- ce qui fait sens.
Avant de vous lancer dans cet exercice, vous devez faire faire attention à bien mener votre réflexion en toute bienveillance et honnêteté avec vous-même. C’est une condition indispensable pour trouver un équilibre véritable.
1. Les quatre éléments majeurs de l’ikigai
Ce que j’aime faire
Vous allez commencer par lister tout ce qui vous donne du plaisir quand vous le faites. Qu’il s’agisse de ce que vous avez déjà fait, ce que vous faites en ce moment ou ce que vous rêvez de faire.
Notez :
- ce qui vous rend heureux,
- ce qui vous remplit d’énergie positive,
- ce que vous aimez faire (là où vous ne voyez pas le temps passer),
- ce qui vous fait vibrer,
- les rêves que vous voulez accomplir,
- ce qui est important à réaliser pour vous.
Quels sont mes talents
Vous êtes forcément doué pour certaines choses ou certaines actions et peut-être également moins pour d’autres. Vous allez donc entamer une nouvelle liste. Qu’il s’agisse de tâches, de réalisations ou de qualités humaines (les fameux soft-skills) qui sont les vôtres.
Notez :
- ce que vous faites sans avoir aucun doute ni sur votre légitimité à le réussir, ni sur vos capacités ;
- ce qui vous est facile de faire, que vous faites bien de façon naturelle ;
- les talents que les autres vous reconnaissent ;
- vos avantages par rapport aux autres lorsqu’ils font la même chose ;
- ce qui vous rend fier de vous ;
- ce que vous faites instinctivement, sans la moindre hésitation ;
- ce que l’on vous demande de faire sans aucune hésitation.
Avec quoi je peux gagner ma vie
Vous allez à présent lister ce qui vous permettrait de gagner de l’argent :
- vos aptitudes professionnelles et vos compétences pour lesquelles vous pourriez recevoir une rémunération en échange d’un service,
- les talents que vous n’exploitez pas encore mais pour lesquels vous pourriez recevoir une contrepartie financière,
- les connaissances que vous pourriez partager en échange d’une rémunération,
- vos compétences que les employeurs recherchent,
- les services ou les produits que vous possédez et que vous pourriez vendre,
- les passions que vous pourriez transformer en commerce,
- les activités que vous pratiquez et qui pourraient vous rapporter de l’argent,
- les services ou produits que vous avez inventés et que vous pourriez commercialiser.
La place que je veux avoir dans ce monde
Vous allez enfin chercher ce dont le monde a besoin et la façon dont vous pouvez y répondre. En bref, comment vous pouvez rendre le monde meilleur.
C’est-à-dire :
- ce que vous voulez apporter à votre famille, votre entourage, votre entreprise, votre ville, votre pays,…
- ce dont vos clients pourraient avoir besoin et que vous pouvez leur apporter,
- la trace que vous souhaitez laisser.
Mettre en commun les quatre thèmes de l’ikigai
Une fois tout cela posé, vous allez observer vos listes. Et vous allez chercher les éléments qui sont communs à tous les axes. Ce qui entre dans les quatre critères est votre équilibre : vous avez trouvé votre ikigai.

Vous connaîtrez alors :
- votre passion (ce que vous aimez faire),
- votre vocation (ce que vous savez faire),
- votre profession (ce pour quoi vous pouvez demander une rémunération),
- votre mission (ce qui répond à un besoin ou qui contribue à y répondre).
Concrétiser votre ikigai
C’est le moment où vous mettez en place le plan d’action qui vous permet de mettre en œuvre votre ikigai afin de l’atteindre.
C’est aussi le moment où je vous conseille de faire le point avec quelqu’un d’extérieur. Car il est toujours plus facile de se faire accompagner que de tout mettre en œuvre tout seul.
A cette étape, vous avez bien défriché votre approche et vous vous avez fait tout le travail préparatoire essentiel à la reconversion. Mais vous ne pouvez vous arrêter là. Et surtout, comme vous n’aurez pas toutes les réponses, il faudra à un moment ou à un autre trouver la personne ressource qui vous aidera à creuser le sujet. Vous confronter à un professionnel vous permettra par exemple de ne pas faire de mauvaises projections.
Ce que j’entends par là ?
Eh bien, par exemple, l’entrepreneuriat demande des qualités et des ressources mentales très différentes de celles du salariat. Vous risquez de vous trouver en décalage si vous abordez l’entrepreneuriat comme le salariat. C’est une fuite d’énergie qui va devenir épuisante . Pas parce que vous n’êtes pas compétent ou que vous ne voyez pas juste, mais parce que vous n’avez pas le bon état d’esprit, le bon rapport à l’argent, la bonne vision de la liberté, etc.
Demander à mon entourage ?
Pourquoi se confronter au regard des autres ? Eh bien, parce que se regarder dans un miroir, c’est bien, mais ça ne suffit pas. C’est dans le regard des autres que l’on s’évalue. A travers les autres et à travers l’échange.
Mais toujours avec la précaution d’usage : en face de vous, comme c’est un sujet important, mettez un professionnel. Même si vous l’adorez, votre belle-mère est rarement la bonne personne. Votre famille joue un rôle dans l’accompagnement, dans le processus, mais elle ne tient pas la place du coach. Il s’agit de gens en interaction avec vous : leur regard est forcément biaisé. Ils ont envie que vous bougiez, ou ne sont pas contre, mais ils sont contre l’idée que vous changiez les relations, que vous bousculiez les habitudes interactionnelles que vous avez avec eux. Ils vont vous donner les conseils qui les rassurent ou qui ne les mettent pas eux en danger. C’est là où l’entourage touche ses limites dans cet exercice.