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5 conseils aux directeurs financiers pour partager sa vision grâce aux données

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Qu’il s’agisse de présenter des mesures financières décisives ou d’informer des collègues sur les performances des différentes activités de l’entreprise, tous les directeurs financiers ont une vision à partager, notamment en cette période de début d’année qui requiert reporting sur l’année passée et prévisions pour 2017. Dans cette optique, la collaboration avec les autres services est considérée comme une priorité par 70 % des directeurs financiers (*Etude Adaptive Insights, CFO Indicator –Q4 2015 Report). Aujourd’hui, ils doivent donc plus que jamais communiquer efficacement et obtenir rapidement l’accord des parties prenantes pour les décisions métier. De ce fait, la mise en récit des données apparaît comme l’une des méthodes les plus payantes. Mais quel est donc le secret d’une mise en récit efficace?

Ne pas avoir peur d’utiliser des données pour partager sa vision

Il incombe au directeur financier de définir une stratégie et de donner des orientations en matière de ressources. Arriver à faire parler les données rend les personnes plus convaincantes et les interlocuteurs se concentrent sur la teneur essentielle du message et, donc, sur ce qui est important.

Ne pas noyer ses collègues sous une masse d’informations

Il est essentiel de ne pas surcharger d’informations sorties de leur contexte les personnes qui ne travaillent pas dans la finance. Pour intéresser son audience, il est important de mettre l’accent sur l’histoire que peuvent raconter ses données. Les histoires permettent de donner vie aux faits. Elles peuvent aider à donner du sens à un ensemble disparate de faits. Elles facilitent la mémorisation des points essentiels et permettent d’avoir une image claire de l’avenir. Les histoires favorisent également l’interactivité: l’audience s’implique davantage et peut s’identifier à la situation.

Un bon récit devra reposer sur diverses questions: «quoi?» ( les faits et les données), mais aussi «qui?», «comment?», «pourquoi?» et, ce qui manque souvent, «et alors?». Ce sont ces éléments de l’histoire qui rendront les données pertinentes et tangibles.

Construire une analyse comme un récit, avec un schéma narratif

Lors de la création d’une histoire riche en données, il faut d’abord savoir ce que l’on va raconter. Qui sont les personnages? Quels sont les obstacles à surmonter? Que peut-on attendre de son audience à la fin de l’histoire? Pour le savoir, il faut commencer par analyser les données et exposer ses découvertes, en utilisant des outils de visualisation de données pour accélérer et aller plus loin dans l’analyse. Chacun sera ainsi davantage en mesure d’examiner ses données de manière plus précise et plus pertinente.

Il faudra ensuite créer un storyboard qui représente la structure et la forme de son histoire. Cela aidera à réfléchir aux meilleures analogies ou métaphores, à définir clairement le défi ou l’opportunité et à déterminer le déroulement du récit et les transitions nécessaires. Le storyboard permet également de mettre l’accent sur les éléments visuels les plus importants, ceux dont on souhaite que les dirigeants se souviennent. Il est important de n’utiliser qu’un nombre restreint de diapositives. Si des détails supplémentaires sont nécessaires, il est préférable de les fournir dans un document annexe.

Etre vrai… Et l’histoire coulera de source

Pour mieux capter l’attention de ses interlocuteurs, il est important de se demander comment rendre un fait lié aux données plus personnel et qui interpelle davantage. Pour que les données soient marquantes, il est possible de les associer à une métaphore ou à une anecdote. Il faudra d’abord développer son histoire avec des données puis présenter les données et les faits sur lesquels repose le raisonnement. Ensuite, ces données pourront être complétées avec des données qualitatives.

Miser sur le visuel, comme un réalisateur

Les symboles, les graphiques et les images sont des outils de communication efficaces. Un élément visuel bien choisi et bien conçu transmet le message instantanément. En revanche, les tables de données ou de nombres ne sont pas toujours faciles à interpréter pour ceux qui n’ont pas l’habitude des feuilles de calcul. Il faut donc créer des analyses, tableaux et graphiques visuels bien conçus.

Cela s’applique en particulier lorsque l’on doit présenter des faits et des données qui ne constituent pas de bonnes nouvelles pour ceux qui écoutent. Par exemple, si l’on doit communiquer des informations sur un concurrent qui connaît une croissance rapide, une image montrant un prédateur sur la piste de sa proie peut être plus efficace qu’un tableau de chiffres en berne. L’image visuelle permet de prendre conscience du problème et du danger imminent. C’est également un bon point de départ pour faire avancer la discussion.

Se simplifier la vie et celle de son audience

La mise en récit facilite la communication. Les interlocuteurs se souviendront de la teneur essentielle du message et pourront agir en conséquence. Toutefois, la mise en récit doit être simple et directe. Il est certes possible de regrouper plusieurs histoires dans la même présentation, mais il ne faut surtout pas oublier que le cerveau humain ne peut généralement pas retenir plus de trois à cinq concepts ou faits majeurs. Il est donc important d’essayer de se limiter à deux ou trois questions essentielles et de les présenter d’une manière qui fasse écho auprès de l’auditoire.

Par Edouard Beaucourt, directeur France et Europe du Sud chez Tableau

Monter un business plan solide pour lancer sa franchise

Pourquoi monter un buisness plan solide ?

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Businessman jump on gear system

Lorsque l’on souhaite devenir franchisé, un business plan n’est pas simplement un document reprenant des informations financières, construit pour convaincre les banques. Le business plan doit aller bien au delà, et être un véritable document de travail. Pour vous aider à faire les bons choix et trouver les bons partenaires, pour convaincre les banques et les investisseurs, le business plan doit aborder tous les aspects d’un projet de franchise. Voici nos conseils pour bien bâtir votre business plan, et vous appuyant sur les informations du franchiseur, et en l’enrichissant de vos données personnelles pertinentes.

Décortiquer le concept de la franchise

Se lancer comme franchisé et créer son entreprise en franchise ne consiste pas simplement à reprendre le business plan de base donné aux franchisés, et à l’agrémenter de quelques chiffres. La réussite future de votre projet passe par une maitrise, avant même de vous lancer dans le grand bain, de toutes les facettes de votre nouvelle entreprise. Votre première mission consiste ainsi à réunir toutes les informations transmises par le franchiseur pour monter votre propre business plan. Commencez par rédiger plusieurs parties, en reprenant la trame donnée par le franchiseur. Le but de votre business plan est de répondre aux interrogations suivantes.

  • Quel est le concept de franchise ? En quoi ce concept permet t-il une différenciation ? Quelle est la valeur ajoutée de cette franchise ?
  • Quels apports réalise le franchiseur ? Quelle est la part de formation et transmission du savoir-faire ?
  • Quels produits et services sont proposés ?
  • Sur quel marché les produits seront-ils commercialisés ? (chiffres, tendances, évolutions)
  • Quels sont les objectifs à atteindre pour le franchiseur ? (CA, volume de produits)
  • Quels moyens sont requis par le franchiseur pour y parvenir ? (surface de vente mini, nombre de salariés)

En regardant, point par point, le projet de franchise, vous devez extrapoler à partir des informations transmises par le franchiseur, et collecter vous aussi des données. Analysez la stratégie du réseau, et adaptez le discours à votre projet. Concrètement, vous devez montrer aux futurs lecteurs de ce business plan, que vous ne prenez pas pour argent comptant le discours de votre franchiseur, et que vous êtes assez mature pour vous débrouiller seul. Oui, le franchiseur va vous aider, et dispenser une aide précieuse, mais entreprendre en franchise demande un état d’esprit indépendant, éclairé et lucide. Vous pouvez vous faire accompagner, pour cette première partie, par des experts indépendants, consultants ou par une CCI, pour “valider” vos hypothèses, et les tester face à un regard critique et habitué au monde de l’entreprise.

Imaginez une immense feuille blanche au début de la rédaction de votre business plan. Vous devez, sur cette feuille vierge, pouvoir placer votre franchise, le réseau, ainsi que les concurrents, les uns par rapport aux autres. Cette vision d’ensemble du secteur ne peut se faire qu’après un travail important en amont, basé sur les informations transmises par le franchiseur, des études sectorielles réalisées par des organismes spécialisés, et le “bouche à oreille”.

Bâtir le plan de financement et se projeter sur 3 à 5 ans

Analyser le concept de votre future franchise, le décortiquer et l’expliciter est une étape importante, qui permet ensuite de définir une projection financière pour les années à venir. Pour convaincre un partenaire d’investir dans votre projet, ou une banque de financer l’achat d’un local ou de matériel, vous devez présenter des projections sur les 3 à 5 années à venir.

Commencez par les besoins initiaux. Quel est le montant de l’investissement initial requis ? Quels sont les besoins, tant humains que financiers pour “lancer” l’activité ? Cette première projection, au moment du lancement, donne déjà une idée des ressources à mobiliser. Vous devez ensuite, à la lumière des données collectées sur le marché et ses opportunités, prévoir les ventes et les rentrées d’argent possibles. Bien plus que des phrases, cette partie “financière” est la partie chiffrée du business plan. Parmi les incontournables, on retrouvera :

  • Un compte de résultat prévisionnel sur 3 ans
  • Un tableau de financement (emploi-ressources)
  • Une évaluation du fonds de roulement
  • Un bilan prévisionnel à 3 ou 5 ans
  • Un plan de trésorerie mensuelle pour la première année d’activité

Un business plan complet reprend des scenarii, c’est à dire des projections pensées et “plausibles” pour le futur. Pour un business plan efficace, détaillez les hypothèses. Vous pouvez ainsi aller dans les détails, en estimant un panier moyen, le nombre de clients, le nombre de ventes, mais aussi les salaires (à titre individuel) et ceux des éventuels salariés. Une liste des investissements nécessaires à votre activité permettra de ne rien oublier, de même qu’un tableau de vos ressources. Ne remplissez pas ces tableaux avec de fausses données, juste pour éviter les “trous”. Au contraire, un tableau de financement doit témoigner de votre sérieux, et de votre connaissance de la réalité. Un banquier préférera une case vide, à compléter, plutôt qu’une case remplie avec un chiffre totalement aléatoire !

 

Un an après la levée de fonds: lune de miel ou gueule de bois?

Si les articles sur la préparation à la levée de fonds foisonnent dans les médias, force est de constater que la période post-levée reste peu connue, voire même intrigante pour les entrepreneurs n’ayant pas encore levé avec des fonds d’investissement. Une fois les bans publiés et les médias passés à un autre sujet, comment s’amorce la relation entrepreneur-investisseur? Quels sont les changements vécus par les entrepreneurs au cours des 12 mois suivants la levée? Chausson Finance vous relate cette période à travers différents témoignages de nos clients.

Les entrepreneurs interrogés convergent tous sur l’idée qu’un investisseur permet de structurer une société avec notamment la mise en place d’un board professionnel avec des comptes à rendre régulièrement. L’entrepreneur n’est ainsi plus seul et s’échappe de l’opérationnel l’espace d’un moment. Au-delà des traditionnels reportings, l’investisseur impose une mise au carré de l’ensemble des éléments juridiques et comptables de la société. Toujours positive, l’implication des fonds d’investissement varie fortement en fonction de l’ADN du fonds. Certains se contentent de poser les «bonnes questions» tandis que d’autres préparent minutieusement leurs boards challengeant la stratégie du dirigeant et ses alternatives possibles. Quoiqu’il en soit, les entrepreneurs interrogés conseillent de se montrer pro-actifs pour bénéficier de l’expérience des investisseurs sur des sujets précis.

L’implication business dépend, là encore, beaucoup de l’ADN du fonds à bord. Alors que certains sont inactifs ou presque, d’autres vont jouer un rôle plus ou moins importants. Parmi les fonds actifs, la majorité travaille sur l’identification de profils en vue de renforcer l’équipe. Plusieurs entrepreneurs interrogés ont ainsi reçu des candidatures pertinentes via leur investisseur. La plupart des fonds mettent en relation les sociétés de leur portefeuille entre elles pour nouer des partenariats ou tout du moins pour des échanges de bonnes pratiques. Plus rarement, certains fonds introduisent des clients ou partenaires commerciaux potentiels. Par extension, le concept émergent de «platform» à la Andreessen Horowitz se retrouve chez quelques-uns. Ces derniers ont embauché des experts (financiers, communication) pour aider les sociétés de leur portefeuille. Ils octroient également du temps des analystes à la recherche d’acquisitions et/ou à la génération d’études de marché pour évaluer telle ou telle zone géographique.

 


Il est difficile de trouver des points négatifs quand l’on interroge les entrepreneurs. Les 12 mois suivants la levée semblent correspondre à une sorte de «lune de miel». Les éléments négatifs sont périphériques à la relation Investisseur-Entrepreneur. Deux cas de figure ressortent: les relations nouveaux Investisseurs – investisseurs historiques peuvent ainsi être tendues à cause d’une divergence d’intérêts et d’ambitions pour la société. Autre sujet, certains partenaires commerciaux et potentiels salariés pensent que la société regorge d’argent du sol au plafond, avec les conséquences que l’on peut imaginer dans les négociations.

Ce qui nous a marqué en travaillant sur cet article est le fait que les entrepreneurs avaient tous choisi des fonds en adéquation avec leur ADN et pas uniquement en fonction de la valorisation. Les entrepreneurs souhaitant une grande implication de leur investisseur ou au contraire privilégiant leur liberté ont tous été servis. Et force est de constater que les investisseurs ont tenu leurs engagements, aux niveaux stratégique, structurel et opérationnel. Faire remonter des aspects négatifs ne fut pas simple. La période de 12 mois, sorte de «lune de miel», explique ce constat tout comme le bon matching entre l’entrepreneur et son investisseur. Quel regard porterait les entrepreneurs au bout d’une période plus longue?!

Par Romain Dehaussy, directeur de Chausson Finance

 

Comment annoncer que sa startup va mal ?

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Problèmes financiers, erreurs stratégiques ou fin de l’aventure, il est parfois difficile pour les entrepreneurs de communiquer sur les faiblesses de leur petite entreprise. Pourtant, la stratégie de la transparence serait plus valorisée qu’on ne pourrait le penser…

Le 26 juillet, Take Eat Easy, startup spécialisée dans la livraison de repas à domicile, annonçait sa mise en redressement judiciaire. Plutôt qu’un banal communiqué de presse, ou un message publié en première page sur le site, les cofondateurs, Chloé et Adrien Roose, ont choisi de s’exprimer surMedium, une plateforme de blogging de plus en plus prisée pour cet exercice. Les deux lettres, qui oscillent entre fierté entrepreneuriale et déception non dissimulée, ont reçu des centaines de “j’aime”, et presque autant de commentaires. Surtout, elles ont été massivement partagées sur les réseaux sociaux, où les réactions négatives, mais aussi de soutien, n’ont pas tardé à affluer.

Expliquer le pourquoi du comment

Sur Twitter, on lit ainsi des “bravo pour la route parcourue”, des “triste !” suivis de petits smileys en pleurs, ou encore des “sniff” d’anciens accros à la jeune pousse. Un “très beau” coup de comm’ selon Victoria Rollin, fondatrice d’une agence spécialisée dans le conseil en communication pour les startups. “Ce qui a été réussi, explique-t-elle, c’est que l’équipe de Take Eat Easy a pris le temps d’expliquer en détails le pourquoi du comment.

Elle raconte que ces précisions données par Adrien Roose sur les réussites et les échecs successifs de l’entreprise de livraison sont un élément nécessaire. “D’abord, parce qu’il y a de toute évidence un aspect moral. Quand on a été dirigeant d’une entreprise, on a évidemment certaines obligations envers les partenaires et les fournisseurs, mais aussi envers les clients. Il y a une sorte de suivi à assurer”, détaille Victoria Rollin.

En second lieu, la directrice de l’agence de communication estime que cette étape des explications doit également être vue sous l’angle du “self-branding”. Les entrepreneurs en difficulté devraient ainsi toujours songer à “préparer l’après”. En général, explique la jeune femme, “ils ont ça dans le sang, la création de startup, et il est fort probable qu’ils recommencent un jour, avec un autre projet”. A ce titre, décrire et assumer ses erreurs ferait office de mea culpa crédible, et “pas du tout dévalorisant”, aux yeux des futurs collaborateurs.

Enfin, Victoria Rollin insiste sur l’aspect “retour d’expérience” qui serait bénéfique aux autres startups. “Dans un petit écosystème comme celui-ci, c’est important de raconter, pour éviter à certains  de se planter eux-aussi. Les échecs des uns peuvent profiter aux autres, c’est une forme de solidarité”, pense-t-elle.

“Notre startup n’a plus d’argent”

Par le passé, un exemple lui est apparu particulièrement  intéressant à ce titre. Il s’agit d’une interview croisée, entre Emilie Gobin, cofondatrice d’un pure-player de décoration, L’Usine  à Design, et Olivier Mathiot, son business angel. Publiée sur Le Journal du Net, elle raconte sous un format pour le moins original pourquoi la startup a fini par sombrer, entre erreurs stratégiques de positionnement et abandon des fonds de capital risque. Pour Victoria Rollin, cet article serait une parfaite illustration de la “transparence” dont “tous” devraient faire preuve.

Certains patrons l’ont d’ailleurs bien compris, à l’image de Damien Morin de Save, de Xavier Zeitoun de Zenchef ou des fondateurs de Moi Chef. En mai dernier, cette petite entreprise de livraison de paniers “prêts-à-cuisiner” imaginés par de grands cuistots, a posté un long message sur Facebook. Son titre, évocateur : “notre startup n’a plus d’argent. Y sont décrites une à une les difficultés de la jeune pousse qui, si elle n’est pas peu fière de ses recettes, chefs et ventes, reconnaît que “la fin de “l’aventure [semble] proche”.

Des difficultés financières à la levée de fonds à succès

Au départ, Tristan Laffontas, cofondateur, admet avoir hésité à publier cette tribune. Ingénieur de formation, il a travaillé dans des “grosses boîtes” dans les domaines de l’aérospatial, du mobile et du conseil. Des firmes dans lesquelles il n’aurait pas été question de communiquer sur les faiblesses économiques.

 “Ce qu’il s’est passé alors, c’est qu’on s’est posé la question, tous ensemble, de savoir : ‘au pire, que se passera-t-il ?’. Notre réponse, c’est qu’un potentiel investisseur aurait pu se rétracter. Mais en disant cela, on s’est aperçus qu’un tel investisseur, s’il ignorait tout des startups au point de ne pouvoir imaginer qu’elles aient des problèmes d’argent, n’était vraiment pas fait pour nous. Du coup, on a foncé”, raconte le jeune homme.

Le temps donnera raison à l’équipe : au départ simple “état des lieux”, “très factuel”, le post Facebook devient très vite viral : il sera partagé à 1800 reprises, et lu plus de 270 000 fois. Tristan Laffontas nous avoue avoir été lui-même très surpris par cet engouement. “On n’avait même pas vraiment de problèmes d’argent en particulier, enfin c’était surtout qu’on n’allait plus recevoir de droits au chômage, et c’est pour cette raison qu’on pensait que Moi Chef devait être arrivé au bout de sa vie à durée réduite. Sauf qu’en fait, dit-il, les gens qui ne travaillent pas dans le milieu des startups, et ne savaient pas forcément que ce sont des difficultés assez classiques, l’ont interprété comme un véritable appel à l’aide.

“Ravis”, les membres de l’équipe décident alors de “jouer” un peu de la situation, de profiter de leur côte de popularité, à son plus haut niveau. Ils lancent sur Ulule une campagne de crowdfunding. Rapidement, l’objectif des 10 000 euros est dépassé, la cagnotte allant jusque 12 600 euros. Et le cofondateur l’assure : cette levée d’argent rapide serait “largement liée” au message de détresse posté sur les réseaux sociaux…

par Perrine Signoret, contributrice

Comment détenir ses actions dans sa startup ?

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Les conseils du Galion Project pour détenir ses actions

C’est une question que tout le monde s’est posée à un moment dans sa vie d’entrepreneur : faut-il que je détienne mes actions en nom propre ou via une holding ? Les réponses du Galion Project. (Article initialement publié sur le blog du Galion Project).

Après avoir interrogé un certain nombre de fondateurs Galion, nous nous sommes rendus compte que ce choix n’avait rien d’évident. En fait, environ la moitié avait opté pour garder tous leurs titres en direct, tandis que l’autre moitié en avaient logés tout ou partie dans une holding personnelle.

Bref, c’était l’occasion de faire un point sur une question qui peut avoir un impact important sur la taxation au moment de la vente de ses parts, ce à quoi tout entrepreneur est forcément (un peu) sensible.

Comme tout ce qui touche à la fiscalité, cela nécessite d’avoir une vision chiffrée d’autant plus précise que le cadre réglementaire a tendance à changer (trop) souvent. Pour s’assurer que nous avions les bons paramètres en main, nous nous sommes appuyés sur l’expertise de Thierry Chouvelon et Stéphane Gandemer de la banque privée UBS France qui suit au jour le jour l’évolution de la réglementation et de la doctrine de l’administration fiscale. Nous les remercions pour leur soutien sur cette étude.

Dans tout le document, on est parti du principe que l’entrepreneur est résident fiscal français.

La fiscalité sur les actions en nom propre

Avant de s’intéresser au cas des holdings, faisons un rappel sur la fiscalité en cas de détention des actions en nom propre qui – malgré une certaine complexité – reste le cas le plus simple.

Suivant une promesse de campagne, le gouvernement Hollande a décidé un changement majeur de philosophie sur la fiscalité des plus-values sur le capital. En lieu et place d’un régime à part, les plus-values sur le capital sont désormais considérées comme un revenu au même titre que le salaire.

Pour les faibles plus-values, cela peut faire un taux plus bas que dans l’ancien système, voire nul pour les cas les plus modestes. Néanmoins pour les entrepreneurs Galion qui espèrent une plus-value qui se compte en millions d’euros, on rentre automatiquement dans la tranche marginale de l’impôt sur le revenu, soit 45%. A cela, il faut ajouter 15,5% de prélèvements sociaux et un 4% supplémentaire joliment appelé « contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ». Cette dernière taxe instaurée sur le gouvernement Sarkozy n’a d’exceptionnelle que le nom. Elle a en fait été maintenue par Hollande et on peut partir du principe qu’elle est durablement inscrite dans le paysage fiscal.

Au final, en additionnant ces 3 facteurs, on arrive à un taux marginal de 64,5%.

Ce taux facial, un des plus élevés du monde contemporain, a servi d’épouvantail et a déclenché le mouvement dit des Pigeons. Suite à cela, deux éléments importants ont été introduits pour adoucir (fortement) les choses :

i.Un régime dérogatoire pour les PME de croissance.

La définition de ce régime est très large et permet facilement à tous les entrepreneurs Galion d’y qualifier. Pour cela, au moment de l’acquisition des titres par le fondateur, la société doit :

  • avoir moins de 10 ans
  • être une création ex-nihilo et non une restructuration ou reprise d’activité existante
  • avoir moins de 250 salariés et un total de bilan inférieur à 50 millions d’euros ou un chiffre d’affaire inférieur à 43 millions d’euros

Il faut en plus pendant toute la vie de la société que celle-ci :

  • n’accorde aucune garantie en capital aux actionnaires en contrepartie de leurs souscriptions
  • qu’elle ait son siège dans l’Union Européenne
  • qu’elle exerce une vraie activité commerciale

ii.Un abattement sur la durée de détention des titres

L’idée du législateur est de distinguer ce qui relève de la spéculation court terme de l’investissement à long terme. Dès qu’on dépasse 1 an de détention (ce qui est très court dans la vie d’une startup), le taux d’imposition commence à descendre de manière substantielle. Il y a différents paliers qui culminent après 8 ans de détention. 8 ans, cela peut paraitre long lorsqu’on crée sa startup, mais force est de constater que les plus beaux succès de la French Tech ont pratiquement tous mis plus de 8 ans à arriver à maturité. Oui il faut être patient pour bâtir une licorne !

En combinant le régime dérogatoire et 8 ans de détention, on bénéficie d’un abattement assez spectaculaire de 85%. Néanmoins, cet abattement ne s’applique que sur l’impôt sur le revenu et non les prélèvements sociaux et la contribution exceptionnelle, qui eux s’appliquent dans tous les cas sur l’assiette complète. C’est d’ailleurs une tendance assez générale que les prélèvements sociaux soient exclus des nombreuses niches fiscales qui font les délices des conseillers en patrimoine.

Au final, au bout de 8 ans de détention, on arrive ainsi à un taux marginal tout compris de 26,25%. On voit qu’on est très loin des 64,5% initiaux. A titre de comparaison, en Californie, paradis des entrepreneurs, la fiscalité sur les actions fondateurs est de 37%.

Enfin pour être complet, il faut mentionner que l’administration fiscale dans sa grande sagesse a rajouté une petite carotte supplémentaire en permettant de déduire 5,1% de CSG l’année N+1 de l’opération de cession.

Prenons un exemple sur une cession avec une belle plus-value de 20 millions d’euros.

Par souci de simplicité, on va faire comme si toute la plus-value était imposée au taux marginal, sachant qu’en réalité on gratte des abattements supplémentaires liés à la progressivité de l’impôt sur le revenu. Après abattement de 85%, il reste 15% sur lequel s’applique la tranche marginale de 45% de l’impôt sur le revenu, soit un taux effectif de 6,75 %. En parallèle sur 100% de la plus-value, on a 15,5% de prélèvements sociaux et 4% de contribution exceptionnelle (là encore on ne prend que la tranche marginale par soucis de simplification, mais en réalité cette contribution est progressive).

On se retrouve donc avec un imposition totale de 5,25 millions d’euros, soit nos 26,25% ci-dessus.

L’année suivante le cédant a la possibilité de déduire 5.1% soit 1,02 million d’euros de ses revenus. A supposer que notre contribuable-entrepreneur soit encore en tranche marginale d’impôt sur le revenu (ce qui est souvent le cas notamment si on reste travailler pour l’acquéreur et qu’on a eu la présence d’esprit de négocier un bon salaire, voir un bon earn-out), il économise donc : 45% d’impôts soit 0,459 million d’euros.

Cela ramène donc son imposition totale à 4,791 millions d’euros, soit un taux réel de 23,95% (légèrement surévalué due à la progressivité mentionnée ci-dessus).

Le régime fiscal des holdings

Si la fiscalité personnelle s’est grandement améliorée, à première vue le régime fiscal de la holding paraît encore plus magique. Dans le cas de figure le plus favorable, on peut bénéficier d’un taux d’impôt incroyable de 4%, digne d’un des meilleurs paradis fiscaux de la planète.

Alors pourquoi hésiter ?

Parce que bien sûr, ce taux exceptionnel vient avec un certain nombre de contraintes, et si on se prend les pieds dans le tapis fiscal, il peut grimper très vite à des niveaux qui peuvent faire regretter le montage.

Tout d’abord, il faut bien comprendre qu’il y a une différence notoire entre avoir de l’argent sur son compte personnel et de l’argent logé dans une holding. Dans le premier cas, on peut l’utiliser comme cela nous chante, tandis que dans le second cas, il faut veiller à ce que l’utilisation soit conforme à l’objet social de la holding. Sinon on risque tout simplement l’abus de bien social.

Bien sûr, il est toujours possible de sortir de l’argent de sa holding sous forme de dividendes. Mais ce versement est considéré comme un revenu et imposable en tant que tel. Le législateur qui a souhaité ménager les (vieux) rentiers, a certes permis à ce revenu particulier de bénéficier d’un gentil abattement de 40% sur le montant des dividendes bruts perçus, ce qui conduit à une imposition pouvant atteindre 44,2% ou 48,2% si on rajoute les 4% initiaux.

Il est aussi possible de sortir de l’argent de sa holding au moyen d’un rachat par celle-ci de ses propres titres suivie de leur annulation. Le gain lié à cette opération suit le même régime que les plus-values de cession de titres. Néanmoins, comme il s’agit d’une holding patrimoniale, on ne bénéficie plus du régime dérogatoire. Par exemple, au-delà de 8 ans de détention, l’abattement sera limité à 65% contre 85%, ce qui avec les prélèvements sociaux donne un taux marginal de 35,25%. Au final, on se retrouve à payer plus d’impôts que si on avait détenu les titres de sa startup en direct dès le départ.

Certains voient aussi la holding comme une sorte de sas de décompression permettant de stocker le prix de cession et d’étaler la fiscalité dans le temps sous forme de dividendes annuels. Même si c’est fiscalement moins optimal, cela peut être psychologiquement rassurant de payer ses impôts au fil des vrais besoins de son train de vie, plutôt que tout d’un coup au moment de la vente.

Néanmoins cette stratégie d’étalements multi-annuels des dividendes prive l’entrepreneur d’un autre avantage extraordinaire de notre système fiscal, le plafonnement de l’ISF. Tout entrepreneur qui vend bien sa startup a en effet toutes les chances de se retrouver assujetti à l’ISF sur les tranches élevées du barème. Or il existe un moyen simple d’échapper complètement à cet impôt bien moins méchant qu’il n’y parait : il suffit de vivre de son capital et de ne pas se verser de revenus.

Par exemple, pour un entrepreneur qui a un patrimoine net 20 millions d’euros, il est censé payer chaque année environ 250k€ en ISF. Mais s’il a pris soin de vivre de son capital (en capitalisant ses revenus sans y toucher), la facture ISF est ramenée à zéro, car elle ne peut pas dépasser 75% des revenus qui dans son cas sont inexistants. On voit tout de suite que plus on dispose d’un capital important, plus il est facile d’appliquer cette stratégie d’évitement. Une magnifique illustration que l’ISF est un impôt pour les riches, mais pas pour les… très riches.

Bref on l’a compris, si on se lance dans une holding, pour optimiser sa fiscalité il faut éviter de sortir trop d’argent de cette tirelire dorée. Dans la pratique, on est souvent condamné à une sorte d’épargne forcée sur sa holding. Pas étonnant que les banquiers adorent les holdings patrimoniales où ils ont tout loisir de déployer leur expertise en placements. Qui veut devenir le plus riche du cimetière ?!

Comme on l’a découvert au Galion, la plupart des entrepreneurs ne vivent pas seulement d’amour et d’eau fraiche, surtout après la vente de leur startup. La solution pragmatique consiste à garder une partie de ses titres en directe afin de couvrir son futur train de vie, le reste des titres étant logés dans une holding personnelle qui aura vocation à servir de véhicule d’investissement futur.

La répartition direct versus holding

Vient immédiatement la question : comment répartir ses titres entre la poche qu’il convient de détenir en nom propre et celle qu’on va loger dans sa holding ? Ce n’est pas si simple.

Tout d’abord, il faut se poser la question de combien on aura besoin pour couvrir son futur train de vie. Selon qu’on soit de nature frugal ou somptueuse, on peut arriver à un chiffre assez différent.

Mais surtout, cela dépend beaucoup de combien on va toucher sur la vente de sa startup. Si la plus-value est de 2 millions d’euros, on peut vite en arriver à consacrer l’essentiel de ses gains à sa vie personnelle. Si par contre, on touche 30 millions d’euros, on peut facilement se dire qu’on va consacrer les deux tiers, voire plus, à des investissements futurs.

On en vient à la question fondamentale du timing de création de cette fameuse holding.

i.Cas de la holding créée juste avant la vente de la startup 

Comme le montant du chèque de sortie est une variable clé, le premier réflexe est de se dire qu’on va créer cette holding juste avant de vendre sa startup. Comme ça, on aura une idée très claire du montant à mettre dans chaque poche.

A ce stade, il convient de rentrer dans la mécanique de création de la holding. Concrètement, l’entrepreneur va créer une nouvelle société NewCoPerso dont il est l’actionnaire unique et va apporter à cette NewCoPerso les titres qu’il détient en direct dans sa startup.

La beauté de l’opération est que s’il a bien pris soin que sa NewCoPerso soit au régime de l’impôt sur les sociétés (IS), l’entrepreneur bénéficie d’un report d’imposition sur l’opération d’apport. Cela veut dire que même si techniquement il « vend » ses titres à sa holding, il n’est pas tenu de payer immédiatement d’impôt sur la plus-value. A noter que cette disposition ne va pas de soi et que ce report d’imposition constitue une des nombreuses douceurs du système fiscal français (tant décrié). Par exemple, ce type de report n’existe pas aux Etats-Unis où l’apport de ses titres à une holding est un évènement taxable immédiatement (on y reviendra).

Comme la holding NewCoPerso a été créée juste avant la vente, elle va elle-même céder les titres de la startup à une valeur identique à la valeur d’apport, donc aucune plus-value n’est extériorisée sur la holding. Wow, miracle, on est pour l’instant à 0% d’imposition !

Néanmoins, au moment de la vente des titres de la startup par la holding, cela est censé faire tomber le report d’imposition et l’entrepreneur doit payer sa fiscalité personnelle. Dans ce cas, on ne voit pas trop l’intérêt du montage, puisqu’au final, l’entrepreneur aura payé ses impôts comme s’il détenait ses titres en direct tout en ayant les contraintes de l’agent coincé dans sa holding.

En fait, il existe une disposition intéressante qui permet de prolonger le report d’imposition. Pour cela, il faut s’engager à réinvestir au moins 50% du produit de cession dans une activité commerciale et ceci dans les deux ans qui suivent la cession. De plus, les investissements réalisés doivent être conservés au moins pendant 2 ans.

La beauté du montage est que la prolongation du report n’a pas de limite de durée. Une fois les conditions ci-dessus respectées, le seul événement qui provoquera la déchéance du report est la cession totale ou partielle de la holding. Par cette disposition étonnante, le législateur a bien sûr voulu (pour une fois) favoriser l’investissement productif et non les rentiers. Qui a dit que la France n’était pas un paradis fiscal pour les entrepreneurs ?!

Pour être bien clair, on ne parle pas ici d’acheter de l’immobilier ou de se constituer un portefeuille en bourse. Il faut soit créer une nouvelle startup, soit souscrire à une augmentation de capital d’une startup existante, soit racheter une participation majoritaire.

En revanche sur le solde des liquidités de la holding après le réinvestissement d’au moins 50% du produit de la cession, on a toute latitude d’investissement en terme de produits financiers ou immobiliers.

Deux ans pour réinvestir, cela parait long, mais en fait c’est très court. Par exemple, si on a logé 20 millions d’euros dans sa holding, il faut réinvestir au moins 10 millions d’euros dans les deux ans, sinon le report d’imposition tombe sur l’ensemble de la plus-value. Investir 10 millions d’euros en deux ans dans des startups, ce n’est pas si simple. C’est un vrai métier qui ne s’improvise et prend du temps. C’est d’autant plus compliqué si l’entrepreneur a une clause de lock-up qui l’oblige à continuer à travailler à plein temps pendant toute cette période dans son ancienne startup, ce qui est très fréquent. Le risque est que l’obsession de garder le report d’imposition pousse à prendre des risques déraisonnables et au final à perdre plus d’argent que la carotte fiscale initiale.

Bref, avant de transférer massivement ses titres dans une holding la veille de la vente de sa startup, mieux vaut avoir déjà une idée très claire de ce qu’on veut faire dans les deux ans à venir.

ii.Cas de la holding créée au démarrage de la startup 

Pour éviter une cavalcade frénétique sur les réinvestissements suivant la vente de sa startup, il existe une autre tactique. Cela consiste à loger ses titres dans sa holding personnelle NewCoPerso dès la création de sa startup.

Dans notre arsenal fiscal qui décidément révèle bien des surprises, il existe en effet une disposition intéressante qui stipule que si la holding NewCoPerso a détenu les titres pendant au moins 3 ans, on est dispensé de la contrainte temporelle sur le réinvestissement. En créant sa holding au démarrage de sa startup, on a donc une forte chance de se libérer de cette contrainte.

Évidemment, au moment du démarrage, le fondateur n’a aucune idée du montant qu’il va toucher à la sortie, donc la répartition entre la poche personnelle et la poche à réinvestir sera un peu arbitraire. Rien n’est parfait, mais ce n’est pas tout.

Avec la holding NewCoPerso qui a acquis les titres de la startup au nominal au démarrage, elle fera bien sûr la plus-value complète au moment de la vente de la startup. C’est là que le taux de 4% mentionné plus haut prend toute son importance.

Comme toutes les sociétés, NewCoPerso est taxée à l’impôt sur les sociétés (IS) au taux de 33,3%. Mais dans le cas des holdings, cette taxation ne s’applique que sur une assiette de 12% des plus-value de cession, qui est censée correspondre à une quote-part de frais et charges (tout à fait fictive entre nous dans le cas d’une holding personnelle, mais le principe est accepté par l’administration fiscale qui en la matière est étonnamment accommodante). D’où le taux marginal d’imposition effectif qui descend à cet étonnant 4%.

Néanmoins, pour bénéficier de ce délicieux statut fiscal de holding, il y a une contrainte importante : il faut que NewCoPerso détienne au moins 5% de la startup au moment de la vente. Lorsqu’on crée sa startup, cela parait un niveau assez faible, mais avec les tours de financement successifs, il est courant pour certains fondateurs de descendre sous ce seuil fatidique. A fortiori si l’entrepreneur a décidé de ne mettre qu’une partie de ses titres dans sa NewCoPerso.

On imagine très bien la situation où l’entrepreneur va se trouver devant le choix cornélien de soit refuser un tour de financement indispensable pour la croissance de sa startup, soit accepter de passer sous le seuil des 5%, ce qui le conduira à une taxation à 33,3% sur l’ensemble des titres de sa holding, soit nettement plus que s’il les avait gardé en direct. De belles nuits blanches en perspective.

iii. Cas de la holding créée en cours de vie de la startup

C’est là que les malins se disent, pourquoi ne pas créer la holding en cours de vie de la startup, une fois celle-ci a atteint un certain stade de maturité ? Avec un peu de chance, on va pouvoir optimiser les choses au mieux.

Cela permet en effet d’avoir une bien meilleure visibilité qu’au démarrage à la fois sur la trajectoire de la startup.

Pour décider du nombre de titres à mettre dans sa holding, il faut se poser la question : dans un scénario réaliste, est-ce que mon espérance de gain se situe plutôt en millions ou en dizaines de millions ?

Pour estimer le risque que cette NewCoPerso tombe sous le seuil de 5%, il faut se demander : combien faut-il pour atteindre le break-even et à quelle valorisation je peux espérer obtenir cet argent ?

A ce stade, il reste une inconnue de taille qui peut avoir un impact important sur le niveau de taxation : à quelle date se fera la cession ? C’est une question à laquelle il est souvent difficile de répondre en cours de vie de la société, car même s’il n’y a rien à l’horizon, un acheteur peut survenir à tout moment et vouloir conclure une vente en quelques semaines. Dans ces cas, il faut savoir saisir sa chance, car les plats ne repassent pas toujours deux fois.

Pourquoi le timing de la vente est-il si important ?

C’est qu’en fait, pour bénéficier encore une fois du statut fiscal privilégié de la holding concernant les plus-value, il faut que la holding ait détenu les titres depuis au moins 2 ans. Sinon la plus-value de la holding sera taxée au taux plein à 33,3%. Cette taxation s’apprécie bien sûr uniquement sur la plus-value de la holding, donc par rapport au prix d’apport des titres à la holding (qui en cours de vie de la startup va en général se caler sur celui du dernier tour de financement avec un léger discount si celui-ci était en actions de préférence).

On voit que le cas de figure le plus défavorable est celui d’une vente dans les 2 ans qui suivent le montage, si pendant cette durée la startup s’est fortement valorisée (ce qui en principe est un scénario que tout le monde souhaite). Le fondateur se retrouve à payer l’IS plein à 33,3% sur la plus-value de la holding. Comme il est aussi dans la fenêtre de 3 ans, il est aussi contraint de réinvestir 50% de la plus-value pré-transfert pour bénéficier du report d’imposition sur sa fiscalité personnelle.

Pour aller plus loin sur les holdings patrimoniales

Quelques éléments supplémentaires à avoir en tête avant de se lancer dans une holding patrimoniale.

Si on a pour projet à titre personnel de partir s’installer aux Etats-Unis (pour beaucoup de startup Galion, c’est un enjeu stratégique majeur), il faut complètement oublier les holdings. En effet, non seulement les carottes fiscales décrites ci-dessus n’ont pas d’équivalent aux US, mais les Etats-Unis appliquent une transparence fiscale totale sur les holding personnelles. De fait, cela revient à subir une double taxation (le 4% vient en supplément de la fiscalité personnelle), ce qui n’est vraiment pas l’idée recherchée !

La mise en place d’une holding complique légèrement le pacte d’actionnaire avec les investisseurs, sans que cela ne soit du tout rédhibitoire. Ils voudront simplement s’assurer que cela ne distorde pas l’esprit du pacte, ni que ce soit un moyen de contournement de certaines clauses. Pour que cela se passe bien, il convient de ne pas être trop créatif et de garder une structure personnelle à vocation purement fiscale. A éviter : faire entrer sa famille ou ses amis dans sa holding personnelle ou utiliser cette holding pour faire d’autres montages.

Les holdings exotiques dans les paradis fiscaux sont une complication supplémentaire pour un intérêt assez limité. Tant qu’on est résident fiscal français, cela n’a aucun impact sur sa propre taxation personnelle, et le régime français est tellement favorable qu’il est difficile de trouver vraiment mieux ailleurs. L’intérêt se situe essentiellement en aval de la vente, afin de bénéficier d’une fiscalité réduite sur les futures plus-values de placements financiers. Mais cela oblige à avoir une vraie substance dans ces montages. En clair, cela nécessite de se rendre régulièrement sur place. Dans un monde où les rendements financiers sont de toute façon bas, a-t-on vraiment envie d’aller plusieurs fois par an au Luxembourg (sous la pluie) pour économiser au mieux quelques milliers d’euros ? La vie est courte et mieux vaut faire du kite avec le Galion.

Jamais un acheteur d’une startup ne va racheter votre holding personnelle. Ce n’est pas son intérêt.

Enfin la mise en place d’une holding entraine un certain nombre de frais administratifs. A l’échelle des enjeux fiscaux sur une belle sortie, cela ne pèse pas grand-chose. Par contre, si l’aventure se révèle un désastre (ça arrive), ces frais deviennent tout de suite moins sympas pour les finances personnelles.

par The Galion Project

Fonds d’investissement et franchise font-ils bon ménage ?

Comme toutes les entreprises en recherche de ressources pour se lancer, croître ou lancer de nouveaux projets, les franchiseurs peuvent faire appel aux fonds d’investissement.

 

Fond d'investissement et franchise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme toutes les entreprises en recherche de ressources pour se lancer, croître ou lancer de nouveaux projets, les franchiseurs peuvent faire appel aux fonds d’investissement. Il s’agit cependant d’une solution de financement qui peut paraître complexe et reste très minoritaire dans le secteur de la franchise (la détention du capital par un fond d’investissement reste encore très faible à 2% en 2015 versus 5% en 2014 et 3% en 2013 selon l’enquête annuelle de la franchise Banque Populaire). 8 franchiseurs sur 10 sont propriétaires de leur enseigne depuis sa création. Comment expliquer cette frilosité ? Car le capital-investisseur sera un financier responsable d’un portefeuille intéressé par le potentiel de rentabilité du réseau et non pas un entrepreneur. Comment concilier cette philosophie et la relation avec les différents chefs d’entreprise franchisés ? La Fédération Française de la Franchise s’est posé la question à travers son « Etude de la variabilité des structures capitalistiques franchisantes, incidences sur la gouvernance des réseaux de franchise » publiée en 2015. Il en ressort des points très intéressants.

Comment un réseau de franchise fait-il appel à un fonds d’investissement ?

Un réseau de franchise qui souhaite réaliser de gros investissements ou faire face à des difficultés financières peut choisir de faire appel à un fonds d’investissement plutôt qu’à sa banque. Dans le cadre d’une entreprise classique, le concept est assez simple : l’investisseur entre au capital en échange d’une future rentabilité. La qualité de l’investisseur lui-même pourra être multiple :

  • Il pourra s’agir de « love money », c’est-à-dire d’une implication des proches du franchiseur dans son entreprise ;
  • Le terme de « business angel » pourra aussi être employé et désigne un investisseur expérimenté qui viendra appuyer la société cible ;
  • Enfin, il pourra s’agir d’une société de capital-investissement responsable d’un portefeuille de clients.

Les méthodes de capital-investissement sont également variables et correspondent chacune à une situation :

  • Opération de capital-risque : l’investisseur participe à un nouveau concept qu’il s’agisse de création de la société ou d’un nouveau segment de son activité, via la franchise. Prise de risque maximale ;
  • Opération de capital-développement : l’entreprise est déjà rentable mais le franchiseur souhaite accélérer son développement ou procéder à un rachat de positions d’actionnaires. Une opération stratégique, qui vise à donner des ailes à un concept en franchise qui fonctionne déjà ;
  • Opération de capital-transmission : l’équipe dirigeante ou une nouvelle équipe rachète l’entreprise grâce à l’aide d’investisseurs. Cette opération sera souvent réalisée via une holding pour profiter d’un effet de levier. Le fond d’investissement amène des hommes et de l’’argent ;
  • Opération de capital-retournement : l’investisseur redresse l’activité d’un franchiseur en difficulté et lui permet de redevenir rentable. Là aussi, grosse prise de risques, mais rentabilité escomptée forte pour l’investisseur vu comme un « sauveur ».

Toutes ces solutions impliquent donc une prise de pouvoir partielle de l’investisseur dans l’appareil décisionnel du franchiseur. En contrepartie de l’apport d’argent, le franchiseur doit céder un peu de son pouvoir…

Quelle est la relation entre le capital-risqueur et le réseau de franchise ?

Quelles sont les conséquences à entendre si un fond d’investissement intervient dans le cadre d’une franchise ? Si l’investisseur est impliqué au sein de l’appareil décisionnel, qu’advient-il de la franchise qui est par essence un savoir-faire et une marque ? Quid des franchisés et de leur liberté ? En effet, vous n’êtes pas sans savoir qu’un franchiseur qui ne serait-ce qu’influence les décisions de ses franchisés peut se voir assigné en justice et condamné. Au-delà des limites légales, la relation franchiseur-franchisé est souvent affective. Un changement stratégique trop prononcé peut mettre à mal cette collaboration et provoquer un abandon des franchisés. Le franchiseur se retrouve donc pris entre deux feux, entre franchisés et investisseurs, aux objectifs parfois contraires…
Les deux parties devront donc être tenues informées via une communication claire. Pour les investisseurs, cela se traduira souvent par le développement du système d’informations comptables et financières et la multiplication des réunions de suivi et de contrôle. Chacune de ces mesures doit être décrite précisément dans le pacte d’associés. Pour les franchisés, il s’agira de communiquer sur la valeur positive du capital-investissement en tant que signe de santé financière et sur le partenariat en lui-même.

La relation entre fonds d’investissement et franchise repose sur un équilibre délicat

Il existe encore trop peu de cas et d’études pour donner une réponse définitive sur le bien-fondé de l’entrée au capital d’un investisseur au sein d’une franchise. Les moyens d’action de l’investisseur restent limités au-delà de l’apport financier. Les facteurs majeurs de réussite restent donc une bonne cohésion entre investisseurs, franchisés et franchiseur, la qualité intrinsèque du réseau et les compétences de son équipe dirigeante.

Geoffrey Barre

Amorçage: comment les fonds d’investissement jugent les start-up

L’année 2015 aura été celle des nouveaux fonds d’amorçage en France. Le fonds Partech se dote ainsi de 60 millions en avril, et 35 millions du côté de 360 Capital Partners. Dans le même temps, Google annonçait en décembre dernier ne plus vouloir investir en amorçage en Europe et fermait son fonds Google Ventures.

Reste que le besoin de financements en amorçage en Europe, ce stade qui succède à la «love money» et qui permet à une start-up d’amortir ses dépenses, reste important. Entre 2010 et 2014, une étude révélait que le nombre de deals en amorçage avait été multiplié par quatre.

Frenchweb propose une série de points de vue de responsables de fonds pour venir éclairer ce stade de financement.

 

FrenchWeb: Quels sont pour vous les critères essentiels que doit avoir un porteur de projet pour le financer en amorçage?

 

ISAI Gestion est un fonds parisien dédié aux entrepreneurs de l’Internet. En 2015, il s’est doté d’un fonds spécifique pour l’amoçage.

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Mounia-Rkha-Une-credit-Olivier-EzrattyMounia Rkha, Seed Club Manager chez ISAI Gestion: Pour être un bon investisseur en amorçage il faut être clair sur ses objectifs, sa stratégie et y coller. Si on schématise, il y a deux types d’investisseurs en amorçage. Le premier met des tickets dans un maximum de projets et joue la statistique pour avoir quelques «homeruns». Dans ce cas, le jeu consiste à faire un maximum de deals, être partout et à industrialiser le processus d’investissement.

Le second, dont nous faisons partie chez ISAI, préfère choisir peu de projets qu’il va accompagner activement. Il s’agit d’être fin psychologue pour non seulement déceler le potentiel des entrepreneurs rencontrés mais également pour les aider à révéler ce potentiel en leur apportant la bonne dose de soutien, de dialogue et de challenge.

Chez ISAI, nos investisseurs (ou LPs) sont des entrepreneurs du Web français. Cet écosystème est un atout unique pour nos startups en amorçage. Nous les impliquons très activement puisque nous attendons d’avoir un soutien de leurs parts en tant que business angels pour investir en amorçage. L’idée est également de matcher les personnes les plus pertinentes par rapport à chaque projet. Les start-up bénéficient ainsi de la précieuse expérience d’entrepreneurs expérimentés.

Ce financement en Seed Club, est selon nous un bon moyen de donner aux jeunes pousses toutes les chances d’arriver à la série A dans les meilleures conditions.  La «petite série A» (1 à 2 millions d’euros) étant notre cœur de cible la première question que nous nous posons est donc «Si la société délivre bien, sommes-nous certains de participer à la série A?». La réponse doit être affirmative et nos start-up savent qu’en faisant rentrer ISAI en amorçage elles pourront compter sur nous pour la suite.

Si on ne s’attend pas à ce que les startups aient trouvé leur «product market fit» et leur «business model» à ce stade (le tour d’amorçage est fait pour ça), il est néanmoins  important que les fondateurs transmettent une conviction forte et soient capables de définir précisément le problème qu’ils souhaitent résoudre. Je vais enfoncer une porte ouverte mais j’ajouterais qu’en amorçage, encore plus qu’après, la qualité de l’équipe est le critère principal. Les premiers éléments disponibles et la façon dont ils ont été réalisés doivent corroborer notre intuition sur la capacité de l’équipe à  écrire une belle histoire…

Basé à San Francisco, Paris et Berlin, Partech Ventures est un fonds de capital-risque qui s’est spécialisé dans les technologies de l’information et de la communication. 

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Romain-Lavault-Partech-VenturesRomain Lavault, General Partner de Partech Ventures: Les critères de l’amorçage en France sont assez bien définis (notamment via le programme FNA de BPIFrance) : être une entreprise de petite taille, récente, innovante (JEI ou budget de R&D conséquent) et avoir un chiffre d’affaires en général nul ou ne dépassant pas quelques centaines de milliers d’euros. En général, le produit existe à l’état de démonstrateur et illustre la vision, tout en donnant une idée de l’adoption par les premiers utilisateurs.

Étant donné que l’investissement en amorçage représente l’investissement le plus risqué de toute la chaîne de financement, il s’agit que le retour potentiel soit à la hauteur des risques pris. On privilégie donc l’ambition d’un projet, son caractère disruptif, le caractère exceptionnel des femmes et des hommes qui le portent. On évalue notamment quelle part de marché (et de quel marché) on peut prendre en 4-5 ans, ainsi que son potentiel à l’international, tout en essayant de prévoir la trajectoire des concurrents. A ce stade, la plupart des réponses ne sont que des hypothèses. C’est le profil, le parcours et l’histoire des fondateurs qui vont rendre un projet particulièrement exceptionnel ou non.
 

360 Capital Partners est un fonds de capital-risque early-stage qui investit en Europe, et plus particulièrement en France et en Italie.

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Emanuele-Levi-360-partners-UnePaul Degueuse (a droite), Partner, et Emanuele Levi (à gauche), General Partner de 360 Capital Partners: 360 Capital Partners soutient des fondateurs passionnés, ambitieux, et des équipes dotées d’un leadership solide, d’une expertise produit/tech confirmée et d’un produit initial à montrer et/ou tester sur le marché.

Nous investissons dans des entrepreneurs. 360 Capital Partners demeure un investisseur minoritaire, et nos intérêts sont simples et en ligne avec ceux des business que nous finançons. Nous souhaitons le cas échéant nous positionner avec des termes alignés à ceux des entrepreneurs (pas de double dip, etc.).

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Paul-DegueuseHistoriquement, 360 Capital Partners a eu une approche diversifiée tant en matiere de catégories de business digitaux que de phase ou taille des startups. Le portefeuille comprend des sociétés diverses allant de l’e-commerce, la FinTech à l’Internet of Things, en passant par le Digital Media et le Gaming. 360 Capital Partners a recemment developpé une expertise sur les sujets «On Demand Economy».

Credits de la photo de Mounia Rkha: Olivier Ezratty

 

Ce que pense un investisseur pendant un pitch, les erreurs à ne pas commettre

 

investisseur pendant un pitch

Une multitude d’articles sur le web nous informent et nous conseillent, nous, les entrepreneurs, sur la meilleure méthode pour réaliser un bon pitch et convaincre les investisseurs qui y assistent. Personnellement, je connais très bien le monde des Business Angels et leurs méthodes d’évaluation lors d’un pitch et je crois qu’il est important de prévenir les entrepreneurs des erreurs à ne pas commettre et des expressions à utiliser avec la plus grande parcimonie.

J’ai assisté trop de fois à des présentations de bons projets qui ne suscitaient pas d’intérêt de la part des investisseurs car une petite phrase ou incompréhension ne les poussaient pas à poursuivre l’étude.

Rappelons-nous que le principal critère d’investissement des Angels est l’équipe. Si l’entrepreneur ne donne pas une bonne image de lui et n’attire pas la confiance dès le premier contact, qui est souvent l’Elevator Pitch, il y a peu de chances de poursuivre l’aventure.

Je vais prendre quelques exemples et vous expliciter ce qu’un investisseur dans la salle pense en entendant ces expressions :

1. « On finance la force commerciale »

Trop souvent, les entreprises à un stade de développement très peu avancé invoquent comme raison du besoin de financement la création d’une force commerciale, et ce pour une partie très importante de la levée.

L’investisseur se demande ce que veut sincèrement dire cette expression souvent très peu explicitée par l’entrepreneur. Il sait également que le meilleur vendeur du produit est toujours un des fondateurs de la société et qu’au stade de la levée de fonds il n’est pas forcement nécessaire de lui adjoindre une flopée de commerciaux.

Donc un conseil : essayez de toujours détailler ce point lorsqu’il est une part importante de votre levée.

2. « Je trouvais ça pas pertinent de le mettre dans la présentation (par exemple : le montant recherché, la valo, le marché, le bilan prévisionnel…). »

Lorsque l’on pitche devant des investisseurs il est ESSENTIEL de présenter certains éléments et en particulier les éléments financiers. Un Business Angel investit sur des hommes mais aussi sur un projet et il veut avoir dès le premier contact une idée du prix, du potentiel.

Sincèrement, vous êtes là pour lever de l’argent alors il ne faut pas oublier de mentionner combien vous souhaitez. Et s’il vous plait ne dites pas que ce n’est pas pertinent de l’intégrer dans vos présentations parce que c’est toujours pertinent pour l’investisseur.

3. « Les forces sont quadruples, multiples, infinitésimales … »

Arrêtez d’exagérer, votre entreprise n’a que 6 mois et vous ne faites pas encore de chiffre d’affaires.

Vous avez sûrement un gros potentiel mais n’utilisez pas d’expressions ronflantes du type « nous serons dans 3 mois leader sur notre marché », « nos concurrents ne pourront pas réagir car nous avons une avance considérable ».

4. «Nous avons réalisé 1 000 000 de téléchargements ! »

Les investisseurs dans la salle sourient et sont satisfaits. Mais lorsqu’arrive le temps du bilan, ils s’aperçoivent que très peu de chiffre d’affaires a été réalisé.

L’explication est simple, la majorité de téléchargements sont gratuits et la commercialisation débute à peine. Ce n’est pas un problème mais il faut absolument le préciser lorsque vous parlez de votre nombre de téléchargements et faire la distinction entre les téléchargements payants et gratuits.

 

 

Comment financer une PME/TPE innovante ?

financement

Nul ne saurait contester aujourd’hui le rôle essentiel joué par les PME et TPE innovantes dans la création d’emplois et de richesse de notre pays. Pourtant, ces entreprises se heurtent à des difficultés dès qu’il s’agit de satisfaire leurs besoins financiers.

L’existence d’une information asymètrique inhérente à tout projet innovant conduit les banques à adopter un comportement prudent se traduisant souvent par des effets d’éviction de ces jeunes firmes innovantes des circuits de financement. Face à ce comportement, le gérant de PME / TPE peut se tourner vers d’autres formes d’intermédiation financière.

Du banquier à l’investisseur voici quelques pistes pour trouver des fonds

Le « love money » un coup de pouce très utile durant la phase d’amorçage

Le love money se traduit littéralement par l’« argent de l’amour » et se définit par une « épargne affective de proximité ». Il s’agit de l’argent de proches, famille et amis, qui deviennent alors actionnaires de la société. Il faut être conscient des changements dans les relations que l’argent en jeu peut induire. Points positifs : l’apport de love money au démarrage montre aux autres investisseurs que l’entrepreneur a déjà su convaincre ses proches et qu’il est crédible auprès de ceux qui le connaissent.

Le crowdfunding pour réorienter l’épargne vers les entreprises

Les plates-formes de crowndfunding, autrement dit de financement participatif, permettent aux internautes d’investir en un clic sur un projet de création d’entreprise. Le mode d’intervention est en général une prise de participation dans le capital de la jeune entreprise. En France il existe une trentaine de plateformes (KissKissBank, Wiseed, Ulule, Babyloan...) qui ont déjà permis le financement de 60.000 projets pour une mise cumulée estimée à 40 millions d’euros.
Comment s’y retrouver face aux nombreuses plates-formes existantes ? Il faut d’abord distinguer les différents types de financement proposés : dons, prêts, voire levées de fonds et ensuite s’investir dans le marketing de son appel aux dons. En effet une campagne de crowdfunding réussie doit être convaincante afin de susciter l’intérêt des investisseurs.

Les « Super Business Angels »

Apparue en France à la fin des années 90, ces investisseurs privés apportent du capital lors des phases amont du financement des entreprises. Entrepreneurs chevronnés ou cadres dirigeants, ils prodiguent également leurs conseils aux créateurs d’entreprise et mettent à disposition leur réseau relationnel. Ils interviennent durant la phase d’amorçage des projets, plus exactement au premier tour de table, dans la foulée du capital apporté par la famille/les relations et avant l’arrivée des fonds d’investissement.  Les premiers fonds ont été mis en place par les pionniers de l’économie numérique: Kima Venture créé par Xavier Niel (Free) ou Jaïna lancé par Marc Simoncini (Meetic).

Le Corporate venture pour financer l’innovation

Cette méthode de financement recouvre en pratique l’investissement d’une entreprise dans une autre, telle que la prise de participation d’une grande entreprise dans une jeune PME innovante. Orange, Publicis et Iris Capital ont par exemple ainsi créé OP Ventures, un fonds d’investissement européen doté de la somme record de 300 millions d’euros pour investir dans des start-up du numérique.

Pour les grands groupes, les avantages de prendre une participation minoritaire dans une jeune pousse sont nombreux: s’assurer une veille stratégique, s’ouvrir à des procédés innovants… Pour la PME, outre l’apport financier, le fonds corporate peut lui permettre d’élargir son réseau et de répondre à des appels d’offres en bénéficiant d’un appui sectoriel et technologique.

Les aides et contributions financières pour les entreprises innovantes

De nombreuses aides publiques ou fiscales destinées à soutenir l’innovation existent en France. Travaux de recherche, crédit d’impôt, statut de jeune entreprise innovante, embauche d’un jeune chercheur, mise en place de partenariats avec d’autres entreprises innovantes, dépôt de brevet… pour chacune des phases allant de l’étude de faisabilité à la commercialisation d’un produit ou d’un service innovant, il existe une ou plusieurs aides.

Les PME font depuis plusieurs années l’objet d’une attention croissante de la part des pouvoirs publics et des économistes. Acteurs importants de l’économie en termes d’innovation, de croissance et de création d’emplois, elles pourraient l’être encore davantage si les obstacles à leur accès au financement étaient levés.

Chronique de Nils Poussielgues Audencia

Vous avez dit capital-investissement ?

Le capital-investissement se décompose en plusieurs segments aux caractéristiques suivantes :

  • Capital d’amorçage (dit aussi Capital-amorçage) : les investisseurs en capital d’amorçage, le plus souvent des personnes physiques, apportent du capital, ainsi que leurs réseaux et expériences à des projets entrepreneuriaux qui n’en sont encore qu’au stade de la Recherche et Développement. L’objectif de cette phase, très risquée sur le plan financier, est de finaliser le développement d’une technologie sous la forme de prototype permettant de valider la réussite du pari technologique, et de commencer à tester l’existence d’un marché. La signature d’un premier client assure la transition au stade du capital risque.
  • Capital-risque : les investisseurs en capital-risque apportent du capital, ainsi que leurs réseaux et expériences à la création et aux premiers stades de développement d’entreprises innovantes à fort potentiel. Le terme « risque » utilisé en France (dans les autres pays, l’on emploie le plus souvent le terme de Venture capital), traduit mal l’aspect d’ « aventure entrepreneuriale », qui rend le métier d’investisseur en capital fondamentalement différent des métiers purement financiers. Les quelques projets qui réussissent doivent plus que compenser les pertes en capital de ceux qui échouent.
  • Capital-création : investissements intervenant au moment de la création de la nouvelle entreprise (start up). Appelé aussi Capital post-création en phase du tout premier développement3.
  • Capital-développement : le capital-développement concerne des entreprises qui ont franchi le stade du capital risque, et donc validé le potentiel de leur marché, et qui ont besoin de financements additionnels pour supporter et accélérer leur croissance; soit leur croissance interne (financement de leur besoin en fonds de roulement), soit leur croissance externe (acquisitions).
  • Capital-transmission : également connues sous le terme anglais LBO, (Leveraged buy-out), ces opérations d’acquisition par emprunt consistent à acquérir la totalité du capital d’une société rentable, évoluant généralement sur un marché mûr, par une combinaison de capitaux et de financements bancaires (dette structurée). Ils permettent à un dirigeant, associé à un fonds de capital-investissement, de transmettre son entreprise, ou plus généralement de préparer sa succession en cédant son entreprise en plusieurs étapes (LBO à double détente).
Article détaillé : Financement mezzanine PME.
  • Capital-retournement : les investisseurs en capital-retournement acquièrent généralement la totalité (voire une part majoritaire) du capital d’une société en difficulté, puis y injectent les ressources financières permettant la mise en œuvre d’un plan de redressement.