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Arrêtons de glorifier l’échec !

échec startup

Fut un temps, j’étais persuadé que l’échec était positif, qu’il servait uniquement de tremplin et que les entrepreneurs qui n’avaient pas échoué ne pouvaient pas réussir. Je le crois toujours, mais beaucoup moins. Pourquoi ? Parce que j’ai échoué… et c’est nul en fait.

En fait l’échec c’est comme les startups, il y a le discours de surface, tout beau tout rose et la vérité qui est, elle, beaucoup moins jolie. Si les entrepreneurs, ou grandes personnes de ce monde parlent de l’échec quand elles ont enfin réussi, et pas avant, ce n’est pas anodin. Les Niel, Jobs, Churchill et consorts font (faisaient. RIP) preuve d’une hypocrisie totale à ce sujet. Bizarrement on n’a jamais entendu Lionel Jospin parler de l’échec de 2002… Bref. Non, il ne faut pas glorifier l’échec. Pour plusieurs raisons, dont voici les principales.

« On ne craint pas ce dont on rigole »

À trop glorifier l’échec, on l’a rendu banal…Pourtant, 50 % d’échec à 5 ans en France pour les entreprises, ce n’est vraiment pas une banalité.

Lors de mon stage en Licence, mon tuteur qui était plutôt tyrannique avec ses collaborateurs m’a dit « Je ne veux pas qu’il m’apprécie. On ne craint pas ce dont on rigole ». Pour l’échec c’est pareil. Si vous avez déjà assisté à une conférence sur l’échec, l’humour y est prédominant. C’est bien connu, le rire est la meilleure des défenses. Sauf que l’échec lui ne plaisante pas. Le nombre de startuper qui ne craignent pas l’échec me laisse perplexe. Comment peut-on entreprendre, faire des sacrifices, s’endetter et se dire que si cela échoue ce n’est pas grave ?

Ce qui ne tue pas rend plus fort… ou pas !

À trop glorifier l’échec, on l’a rendu banal. Et qu’est-ce qui nous effraie moins qu’une banalité si ce n’est une autre banalité ? Pourtant, 50 % d’échec à 5 ans en France pour les entreprises, ce n’est vraiment pas une banalité.

Glorifie-t-on l’échec pour masquer notre incompétence à le traiter ?

La levée du tabou de l’échec favorise l’abandon.

La réponse est oui ! J’aurais pu m’arrêter là, mais je vais m’expliquer quand même. Le nombre d‘échecs d’entreprise est en constante augmentation et qu’a-t-on mis en place pour essayer d’endiguer ce phénomène ? Pas grand-chose. On a bien vu l’apparition de quatre associations pour accompagner les entrepreneurs après l’échec et l’apparition d’événements qui dédramatise l’échec. Donc oui, on glorifie et on accompagne les entrepreneurs après l’échec. On a même enlevé l’indicateur banque de France 040 qui signalait un entrepreneur qui avait déposé le bilan comme un aveu d’impuissance. Ce qui me dérange, c’est notre capacité à agir toujours après les choses. Pourtant plusieurs mécanismes nous permettraient de minimiser le nombre d’échecs.

Tout d’abord que l’on arrête de pousser tout le monde à la création d’entreprises. Au risque de vous décevoir, tout le monde n’a pas les épaules, les compétences ou simplement les motivations nécessaires à la réussite d’une entreprise. Ensuite, que les structures d’accompagnements à la création « challengent » beaucoup plus leurs projets et que le business model de ses structures évolue pour qu’elles aient un véritable intérêt à la création d’entreprises à succès. Et non pas juste à la création. Enfin, que l’on forme mieux les nouvelles générations d’entrepreneurs et que l’on comprenne enfin que l’entrepreneuriat ne s’apprend pas dans des livres, mais sur le terrain et au contact d’entrepreneurs.

Puis dans un pays où la réussite est critiquée et enviée, glorifier l‘échec nous permet de continuer à croire en ce lieu commun selon lequel « l’important c’est de participer ». Désolé, mais l’esprit Coubertin n’a pas sa place en entrepreneuriat.

La fin du tabou, une bonne chose ?

L’esprit Coubertin n’a pas sa place en entrepreneuriat.

Il y a peu, l’échec était tabou. Puis la Failcon, les articles de blogs et autres infographies opposant la France et les USA ont essayé de nous convaincre que l’échec n’était pas tabou chez l’oncle Sam alors qu’il l’est, et qu’il était le principal frein à la création d’entreprises en France. Il l’est aussi. On s’est juste planté dans la traduction de la multitude de mantras pro-fail qui nous inondent from Silicon Valley.

En fait, si tout le monde se réjouit du fait qu’il ne soit plus tabou, c’est par voyeurisme. Un voyeurisme qui nous pousse à essayer de comprendre comment l’autre s’est planté et savoir ce qu’il ne faut pas faire.

Le tabou était aussi dû à l’argent. Les entrepreneurs qui perdaient la moitié, voire les trois quarts de leur capital dans l’échec de leur entreprise, sont une espèce en voie de disparition. C’est tant mieux. Mais le faible coût de la création d’entreprises est aujourd’hui une barrière de moins à l’échec. Pourquoi se battre pour réussir à tout prix quand vous n’avez mis que 10K€ dans votre boîte ? Profitez-en au contraire pour sortir de votre zone de confort et prendre le plus de risque possible. La levée du tabou de l’échec favorise le partage d’expérience, les tentatives désespérées, mais aussi, et surtout l’abandon. It isn’t a good thing. 

Une partie du processus, mais pas un objectif

L’échec fait partie de l’entrepreneuriat, mais il n’est pas et n’a jamais été un objectif. Il n’est pas non plus l’ami de l’entrepreneur. Et malgré ce que disent beaucoup de personnes, la part de responsabilité de l’entrepreneur est établie dans tous les échecs, alors évitez-les.

Sachez que dans la Silicon Valley, que l’on idéalise tant, l’échec n’est pas attendu avec impatience ou célébré. Lors d’une FailCon, un investisseur a dit « Vous devez éviter l’échec à tout prix. En revanche, apprendre de celui des autres et les battre.» On est donc très loin de l’apologie de l’échec annoncée. 

Ce qui fait partie, du processus n’est pas toujours positif. Je peux citer les Prud’hommes, les découverts bancaires, les licenciements, les difficultés entre associés… J’arrête là.

L’échec n’est pas bon. Il ne doit pas le devenir. Nous devons craindre l’échec pour éviter qu’il ne devienne une option, une porte de sortie ou une échappatoire, comme il peut déjà l’être. « Sans échec la réussite serait dénuée de sens » alors respectons l’échec, mais ne glorifions que la réussite.

Par

LA VALORISATION D’UNE STARTUP

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La valorisation est une estimation de la valeur de marché des titres d’une entreprise. Pour les entreprises les plus jeunes, cela se traduit par une évaluation de sa valeur future. Basée sur des données envisagées par l’entrepreneur pour son business plan, cette évaluation subjective évolue à mesure des négociations avec des investisseurs potentiels.

POURQUOI VALORISER SON
ENTREPRISE ?

Lorsqu’une startup souhaite lever des fonds, c’est la valorisation de l’entreprise qui détermine le prix des parts du capital des nouveaux investisseurs. C’est un des éléments principaux d’une augmentation de capital et sur lequel le flou est important.

COMMENT VALORISER SON ENTREPRISE ?

Le calcul de la valorisation d’une startup est un exercice délicat et partiellement subjectif puisque s’appuyant sur des projections financières prévisionnelles. En effet valorisation.io vous permet de calculer la valeur de votre entreprise selon une variation de la technique du Discounted Cash Flow (DCF), considérée comme la plus universelle. Le résultat obtenu par ce calcul est une estimation, et pourra servir de base de départ dans les négociations avec les investisseurs. Mais pour cela il est necessaire que le business plan financier soit réaliste et le plus objectif possible.

NEGOCIER SA VALORISATION

La valorisation d’une startup sera décidée au terme des négociations entre l’entrepreneur et les futurs investisseurs. En règle générale, un investisseur sur une levée de fonds d’amorçage souhaitera rentrer en tant que minoritaire, toutefois il souhaitera faire baisser la valorisation pour réduire son risque et maximiser sa plus-value potentielle à la sortie. Réciproquement, un entrepreneur désirera augmenter la valorisation de son entreprise afin de se faire diluer le moins possible.

LA BONNE VALORISATION

La valorisation apparait comme la principale variable de négociation pendant une levée de fonds et il est indispensable de garder à l’esprit qu’une valorisation trop élevée peut devenir un fardeau plus qu’une bénédiction pour une jeune entreprise. En effet, une entreprise sur-valorisée lors d’un premier tour de table pourra être amenée à connaitre des difficultés pour dépasser, ou ne serait-ce qu’atteindre la même valorisation sur un nouveau tour de table. D’autant plus si ce premier tour de table est basé sur de l’espérance et de la traction alors que les tours d’après seront basés sur des résultats concrets. Aussi, lorsque sur un second tour de table, une entreprise se trouve moins valorisée que sur le tour précédent, cela viendra faire penser que l’entreprise connait de graves problèmes.

d’après Sowefund

Start-up: recruter son équipe, le premier défi

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Besoin de recruter de nouveaux talents? L’approche, les attentes, les enjeux et les risques sont radicalement différents que l’on soit une start-up ou un grand groupe.

Quand on commence à recruter pour une start-up, on s’aperçoit que l’exercice s’avère beaucoup plus complexe qu’espéré.

Première réalité: la start-up ne bénéficie souvent pas de la notoriété et des moyens d’un grand groupe ou d’une entreprise déjà établie. Une marque connue ou reconnue bénéficie de moyens suffisants pour faire appel à des cabinets de recrutement ou chasseurs de têtes, et elle attire naturellement des profils qualifiés. Que ce soit en candidature spontanée ou en réponse à des offres d’emploi existantes, les CV drainés sont nombreux et souvent de qualité en termes de savoir-faire. Le tri et le choix n’en sont que plus variés.

Deuxième réalité: la start-up ne dispose pas d’un service de recrutement en interne pour pré-sélectionner les bons candidats et les présenter aux opérationnels.

Troisième réalité: la start-up attire des candidats qui espèrent trouver l’autonomie, et l’aventure. Le mot entreprendre fait rêver, mais la réalité des salaires offerts n’est bien souvent pas à la hauteur des ambitions des meilleurs talents… et les supposés meilleurs s’avèrent parfois moins indépendants et/ou moins préparés au contexte, à l’organisation et au fonctionnement même des start-up.

La première démarche pour la start-up: identifier formellement ses futurs collaborateurs.

Par réseaux sociaux spécialisés dans l’univers des start-up telles que AngeList et F6S: c’est une garantie que les candidats sont déjà intéressés par le digital et le monde entrepreneurial.

Par son réseau personnel et professionnel pour recevoir des profils recommandés: c’est la promesse de rencontrer des candidats qui vous connaissent par personne interposée, et qui ne sont pas là par hasard. La cooptation réalisée par les premiers salariés est aussi une très bonne voie à explorer car ils sont les meilleurs ambassadeurs du projet.

Dans une start-up, aucun candidat ne correspond réellement au type de poste

Dans une grande entreprise, les descriptifs de poste sont précis et compréhensibles par tous: le savoir-faire, le périmètre de responsabilité et les missions exercées peuvent être clairement définis en amont. Pour le candidat c’est l’assurance de s’insérer dans une organisation fonctionnelle, structurée et viable dans laquelle il est plus facile de comprendre et d’adopter les codes internes, qui se sont construits durant plusieurs années d’existence. Le nouveau salarié arrive avec son savoir-faire et il adapte son savoir-être. Il s’intègre et devient un des éléments du tout.

Pour une start-up, le scénario se révèle bien différent. Comme à votre habitude, vous listez les compétences requises pour le poste défini. Vous êtes extrêmement précis dans leurs définitions. Au final, vous vous apercevez qu’aucun candidat n’y répond, car vous êtes en création d’activité, de structure, de stratégie et d’équipe. Vous vous dirigerez naturellement vers des profils plus juniors, en devenir et en phase d’apprentissage (mais pas trop). Avant tout, le savoir-être devra être conforme à vos attentes: autonomie, adaptabilité maximale et surtout testeur en diable…

Le savoir-être est le pilier fondamental

Pour capter des talents, il faut s’écarter de l’idée d’un profil type. On est là pour apprendre ensemble. C’est d’abord un savoir-être qui est attendu. Le savoir-faire se précisera ou s’approfondira ensuite, ensemble. Dans une start-up, l’ADN est l’addition des profils de chacun et la culture peut évoluer en fonction des nouvelles arrivées. Chacun apportant sa pierre à l’édifice, aussi bien en termes professionnels que d’atmosphère, le manager ne recrute donc pas uniquement des compétences, mais avant tout des personnalités.

Les seniors restent difficiles à charmer

Les compétences de professionnels seniors sont recherchées par de nombreuses start-up. Si la fougue de nouveaux entrants sur le marché du travail est bénéfique à la dynamique et à l’innovation, l’intégration de cadres aguerris s’avère souvent nécessaire pour s’assurer d’une réelle maîtrise de compétences et d’une crédibilité professionnelle. Et si nombre de cadres supérieurs déclarent avoir envie de rejoindre une start-up, de vibrer pour un projet qui fait sens, de sortir d’une mécanique trop routinière… ce n’est cependant souvent qu’une intention non suivie de faits. En réalité, la promesse d’un plan de carrière sécurisé, d’un niveau de vie déjà établi et de prétentions salariales élevées,constituent des freins pour sauter le pas.

Et pour réussir à s’intégrer dans une start-up, il faut sortir de sa zone de confort

Le crédit accordé à la marque employeur reste encore décisif lorsqu’un changement de poste est envisagé par ces profils seniors. La peur de s’ennuyer peut s’exprimer, ainsi que le manque de collaborateurs à encadrer. Dans une start-up, l’échec est plus probable que le succès, à l’inverse de la grande entreprise. Le temps consacré aux réunions, aux comptes-rendus et aux rapports d’activité est considérablement réduit, voire inexistant. L’organisation du temps de travail est bousculée. On sait d’où l’on vient, mais il n’y a pas de points de comparaison pour savoir où l’on va.

Recruter pour un grand groupe revient à cocher le maximum de cases pour s’assurer que le savoir-faire et les fameuses «hard-skills» sont au rendez-vous. Et on fait le pari que le candidat s’adaptera en termes de savoir-être. Pour constituer l’équipe de choc de sa start-up, on choisira des profils en devenir et dotés d’un savoir-être correspondant à l’ADN que l’on veut insuffler à l’entreprise. Beaucoup de risques par conséquent, et un droit à l’erreur limité, car le temps est drastiquement compté. Le recrutement de ses premiers collaborateurs est un véritable défi dans cette aventure entrepreneuriale.

  • Le contributeur

sylvie-fleurySylvie Fleury est CEO et fondatrice de la start-up Hunteed, la plateforme digitale de recrutement au succès. Son positionnement: connecter les entreprises qui recrutent et avec les consultants en recrutement les plus à même de recommander des profils pertinents. Ex DGA Europe de Meetic pendant 7 ans, elle a ainsi été confrontée à la problématique du recrutement dans plus de 10 pays. C’est en 2014 qu’elle a décidé de se lancer, à son tour, dans l’entrepreneuriat.

3 clés pour recruter et fidéliser des profils d’exception

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Les startups se battent pour recruter les meilleurs talents afin de constituer l’équipe de choc qui les mènera dans les pas des Stripe, Snap et BlaBlaCar. Mais dans un univers hyper concurrentiel, difficile de se distinguer. Alexandra Brun, Talent Acquisition Specialist chez Stuart, dévoile sa recette secrète pour séduire la crème de la crème des employés.

Dans l’univers hyper concurrentiel des startups, la réussite repose sur quelques ingrédients clés dont le recrutement des meilleurs talents fait partie. Aucune entreprise auréolée de succès ne peut se targuer d’avoir franchi les obstacles simplement à la force des poignets de ses dirigeants. Alors si le recrutement revêt une telle importance stratégique, la vraie question qu’il revient de se poser est : comment attirer et fidéliser les meilleurs talents pour mener son projet au sommet ?

Les réponses qui reviennent le plus fréquemment impliquent les concepts de marque employeur ou de culture d’entreprise. Ce sont des concepts pertinents mais leur impact est parfois moins évident à évaluer, surtout à court terme. Alors, pour pouvoir attirer des génies, encore faut-il pouvoir se mettre à leur place et anticiper leurs attentes relatives au travail. Chercher à attirer des licornes avec de la nourriture pour mouches est un non-sens complet. Vous avez donc le choix entre transformer la valeur perçue de votre entreprise aux yeux de vos futures recrues – et cela ne se fera pas sans un peu de douleur – ou vous rabattre sur des profils de seconde ligue.

Five young people running their developers startup company. Working in the house like business incubator. Standing and posing for group portrait in their office. Looking at camera and smiling. One of the founders wearing super hero cape and holding his arm raised. Shot with Canon EOS 5Ds.

Les talents dont vous avez besoin pour que votre société devienne le prochain Stripe, Snapchat ou BlaBlaCar sont ceux qui pensent out of the box. Leur esprit est rebelle et a soif de liberté. Leur créativité est sans attache. Et leur âme est libre. Nourrissez leur soif de liberté et ils vous le rendront au centuple ! Ne perdez pas votre temps (et le leur) en cherchant à les faire rentrer dans des postes classiques, avec une autonomie relative, des missions cloisonnées et des horaires rigides. A l’inverse, donnez-vous les moyens de vos ambitions et créez un environnement professionnel dynamique, adapté aux meilleurs talents.

Voici les trois commandements à appliquer pour attirer et fidéliser les hommes et femmes qui feront de votre entreprise un véritable empire :

1. Donnez-leur des responsabilités élevées et transverses

Les meilleurs talents sont au dessus de la moyenne, pas nécessairement parce qu’ils sont nés avec un QI supérieur (quoique), mais parce que leur soif de connaissance les conduit à nourrir leur esprit en permanence sur une diversité de sujets et de domaines. Ils peuvent ainsi se passionner avec autant de ferveur pour l’histoire de l’art, le code en Ruby, la génétique… que le design des années 60 ou la prise de parole en public.

Et de leur point de vue, c’est tout à fait cohérent : les compétences qu’ils en tirent se recoupent et se complètent. Ils se construisent au travers de multiples influences, montent en compétences sur des sujets variés et développent leurs soft skills. Dans le contexte du travail, leur savoir sur des sujets connexes leur permet de prendre de la hauteur, d’identifier les opportunités porteuses et d’accélérer leurs prises de (bonnes) décisions. C’est tout naturellement qu’ils apportent leur touche personnelle aux missions qui leur sont attribuées, ils portent un regard différent sur les projets grâce à la somme des informations qu’ils ont précieusement glanées en dehors du boulot.

“Ils apportent leur touche personnelle
aux missions qui leur sont attribuées
et portent un regard différent sur les projets“

Mais attention : donnez-leur des tâches répétitives à reproduire sur un temps long et leur enthousiasme fanera comme une fleur sous un néon industriel. À l’inverse, misez sur leur polyvalence, faites-les travailler sur des projets transverses et donnez-leur des responsabilités qui sortent de leur périmètre initial : ils multiplieront par dix la valeur du travail attendu. C’est en leur témoignant votre confiance que vous allumerez le feu de leur motivation intérieure.

2. Favorisez la flexibilité et optimisez les conditions de travail

Vous décuplerez la créativité de vos meilleurs éléments en donnant à leur esprit suffisamment de liberté pour qu’il aille se nourrir ailleurs et revienne enrichir votre projet avec des idées encore plus innovantes et disruptives. Les nouveaux modes de travail sont généralement les plus plébiscités par les top talents : temps partiel, freelance, télétravail…

Cela s’explique, pas uniquement parce qu’ils aspirent à un confort de vie particulier – même si cela y contribue bien sûr – mais surtout parce qu’ils ont conscience que leur performance est optimisée en travaillant de façon intense et fragmentée sur une problématique. La fertilité de leur esprit est en effet accrue lorsqu’ils ont le choix du quand / où / comment ils abordent une tâche à accomplir.

Close up of a young woman sitting in kitchen and  going through her financials

N’ayez pas peur de leur offrir la possibilité de travailler de chez eux – à minima à temps partiel – et agencez dans vos bureaux des espaces qui favorisent l’efficacité et la concentration : bulles colorées pour les brainstorming créatifs, salons lounge et spacieux pour les meetings, espaces relaxants et épurés pour les sessions de réflexion intense…

Décloisonnez les frontières entre lieu de travail et domicile : créez un lieu où chacun pourra se sentir comme chez lui avec, par exemple, un frigo rempli de fruits sains et bio, des salles de jeu et de repos, ou encore un jardin pour se réoxygéner les neurones entre deux réunions.

3. Récompensez-les de façon originale et personnalisée

Quelque soit leur séniorité, les salariés ont besoin de trouver du sens dans ce qu’ils font – d’où l’importance pour eux de comprendre et ressentir comment leur travail sert la vision globale de l’entreprise – et seront d’autant plus engagés que leur contribution sera reconnue. Alors pour impliquer vos employés sur le long-terme, il est crucial de multiplier les leviers de reconnaissance à leur égard et de les décliner de façon personnalisée pour chaque collaborateur.

“N’hésitez pas à multiplier les leviers de reconnaissance
et les décliner de façon personnalisée pour chaque collaborateur“

Soyez créatifs car de multiples formes peuvent être envisagées : écrite ou orale, privée ou collégiale, monétaire ou symbolique, etc. A fortiori pour encourager les meilleurs profils, il convient d’offrir un package salarial personnalisé et différenciant. En ce qui concerne le salaire, un profil de première ligue devrait logiquement être rémunéré sur la fourchette haute des prix du marché. En effet, un excellent employé produit plus et mieux que deux employés ordinaires donc même en le rémunérant au dessus de ses pairs ayant une qualification équivalente, le calcul reste profitable à l’entreprise…

Les bonus jouent aussi dans l’équation et doivent être pensés pour récompenser l’engagement des collaborateurs : voyages, coaching, formations sur-mesure, temps off à des périodes importantes de la vie (naissance…) ou encore opportunités de bénévolat sont hautement valorisés par les talents les plus en vue.

Portrait of happy young successful businesswoman celebrate something with arms up. Happy woman sit at office and look at Computer/ laptop. Positive emotion. Big deal, promotion, lottery win or discount concept

Ainsi, puisque les meilleurs profils bénéficient aujourd’hui d’un choix pléthorique d’opportunités professionnelles, il convient pour les attirer de créer un environnement qui sort de l’ordinaire. Gardez en tête cette règle simple : plus le contexte de travail est exceptionnel, plus les talents exceptionnels auront envie et plaisir à y évoluer.

C’est de cette façon que vous réussirez à vous entourer d’une armée d’hommes et de femmes brillants, engagés dans la durée à bâtir le succès de votre entreprise. Voyez plus grand, cassez les schémas préétablis, donnez des responsabilités et attendez-vous à ce que vos collaborateurs donnent le meilleur. Bien souvent, montrer à ses salariés qu’on leur fait confiance est la meilleure façon de révéler tout leur potentiel. Et c’est ainsi que la magie opère…

par Alexandra Brun

Pourquoi ça ne sert à rien d’être premier sur son marché ?

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Dans l’écosystème des startups, un débat persiste : celui de savoir s’il vaut mieux être le premier sur son marché ? Bien souvent, ce débat est agrémenté d’expressions telles que « time to market », « innovation de rupture » et « évangélisation du marché ». J’ai essayé de démêler le vrai du faux pour apporter une réponse claire aux questions suivantes :

Pourquoi c’est une bonne chose d’être le premier sur son marché ? Pourquoi ça ne l’est pas ? La position de premier arrivé est-elle toujours gage de réussite ?

Les avantages d’être le premier sur son marché

Vous pourrez dire que vous êtes « le seul à faire ça » et pour une fois ce sera vrai.

Arriver en premier sur un marché avec une idée est une bonne chose. Tout d’abord parce que vous pourrez dire haut et fort que vous êtes « les seuls à faire ça » et que pour une fois cela sera vrai. #seulaumonde. Plus sérieusement, votre rôle de pionnier peut vous servir et vous assurer une longue vie, mais pour cela il faudra satisfaire votre client dès le départ. Prends ça le Lean startup.

Bon lui, il ‘a pas tout compris…

Vous allez éduquer le marché. Cela va vous couter cher, mais vous aller pouvoir l’éduquer à votre convenance. Les post-its, les surligneurs fluo que l’on appelle tous des Stabilos, MacDo, Facebook, Snapchat… Personne n’imagine une autre utilisation que celle dictée par les marques.

Le pionnier est celui qui a le plus de chance d’enregistrer les meilleurs profits. Notamment parce qu’il est au centre du marché et qu’il est en position de force. Aussi parce que c’est le premier arrivé qui fixe les barrières à l’entrée pour les autres. Inutile de préciser que si vous n’avez aucun avantage, quel qu’il soit (technologique, marketing…), être pionnier sur son marché ne sert à rien.   

Les désavantages d’être le premier sur son marché 

En 2006, Archos le pionnier a vendu 1 million de baladeurs contre 39 millions pour Apple

Pour beaucoup, derrière la notion de « time to market » il y a le temps qu’une startup met à sortir son produit. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas totalement vrai. Avec cette vision on croît uniquement qu’un mauvais « time to market » c’est arriver en retard sur son marché. Mais arrivé trop tôt fait très souvent plus de dégâts que l’inverse et c’est un mauvais « time to market ». Donc oui, vous ne devez pas mettre 20 ans à sortir votre produit, mais arriver trop tôt pose problème.

Si vous arrivez trop tôt, vous devez évangéliser votre marché. En d’autres termes, vous êtes trop en avance pour vos clients, que vous qualifierez de « hasbeen » et qui ne comprendront pas encore votre valeur ajoutée. Vous n’imaginez pas le nombre de startups qui justifie leur échec ainsi. Si BlaBlaCar a mis 7 ans à décoller, ce n’est pas parce que l’idée était nulle ou qu’ils n’avaient pas de moyens financiers. C’est juste qu’il a fallu 7 ans pour que les gens prennent conscience du bienfondé du service. Peu de startups peuvent attendre 7 ans.

En étant premier, vous avez aussi un risque, celui d’être copié. Si vous innovez et que vous avez commencé à utiliser votre notoriété de premier à bon escient, cela ne vous fera pas peur. Au contraire, car vos concurrents vous aideront à évangéliser le marché. Pour autant, ils bénéficieront de votre travail et pourront  en profiter pour implémenter une nouvelle techno qui le rendra plus efficace ou pour réduire les coûts, c’est ce que l’on appelle le Free Ride Effect.

Enfin, même en étant le premier, si vous n’avez pas la capacité d’innover, vous ne ferez pas long feu. Il en est de même si au moment de la consolidation de votre marché vous n’êtes pas capable de produire à une assez grande échelle et assumer votre rôle de leader. Le pionnier qui a créé un nouveau marché ne détient environ que 7% du marché qu’il a créé après la consolidation. Toujours envie d’être premier ?

Exemple de startups/entreprises qui était pionnière avec un produit / service :

Arrivés premiers, ils ont réussi :

  • Coca-Cola est le pionnier incontesté. Dès le départ, les clients sont satisfaits. Ensuite, le marketing est soigné. Le père Noël est même devenu rouge. Une marque qui a tiré profit de sa position de pionnier pour développer d’autres marchés et innover.
  • Meetic est aussi un bon exemple. Fort de sa position de pionnier en France, l’entreprise impose son modèle en Europe. Au-delà de la place de premier en France, le site est devenu une référence en Europe jusqu’à dépasser des concurrents domestiques sur les marchés étrangers. Une performance réalisable grâce à l’expérience acquise en France.

Arrivés premiers, ils ont du mal à s’imposer :

  • En 2000, Archos sort le premier baladeur musical muni d’un disque dur avec près de 16 mois d’avance sur Apple et l’iPod, aux performances bien moins impressionnantes que le baladeur français.  En 2006, Archos a vendu 1 million de baladeurs contre 39 millions pour Apple. La puissance du marketing. 
  • Non, ce n’est pas Airbnb qui a inventé la nuitée chez l’habitant. C’est français, et c’est à Montpellier. En 2007, BedyCasa voit le jour. Pourtant devant le succès du modèle américain, qui s’explique notamment par un marché domestique beaucoup plus important et une approche beaucoup moins étique, BedyCasa doit s’adapter. Je ne vais pas vous mentir, des exemples de cas où le pionnier s’est fait doubler, il y en a des milliers d’autres dans les startups (L’arrivé d’AppleMusic, Myspace…) .

Être pionnier ne vous garantit rien. Ni la pérennité ni le succès. En revanche, votre position de premier est un avantage. Si votre idée est vraiment brillante et innovante, alors vous serez copié donc ne vous contentez pas de cette position. N’oublier jamais que « L’important ce n’est pas les cartes, c’est ce que vous en faites » Winamax, 2014. Chacun ses références.

à part pour lui, c’est pas toujours facile en plus !

Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous conseille de lire cette étude :  Pioneer advantage: Marketing logic or marketing legend?  

Par Kevin Bresson

Value Proposition Design, la bible de la proposition de valeur

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Après le succès retentissant de Business Model Generation, maintenant connu sous le nom de BMG, Alexander Osterwalder et sa fine équipe signent un nouveau livre qui poursuit leur travail et s’attaque à un sujet fondamental pour les startups : les propositions de valeur.

La première chose que l’on remarque dans ce livre, et qui n’est pas aussi superficielle qu’on pourrait le croire, c’est son design. On sait depuis longtemps l’importance que revêt cet aspect chez les consommateurs modernes fans de vidéos d’unboxing, et les auteurs du livre ne s’y sont pas trompés. Pas de portrait de l’auteur et de polices criardes et moches sur la couverture : un design sobre et une belle illustration, dignes de la réputation des Suisses dans le domaine.

L’ouvrage précédent de cette série faisait déjà la part belle aux illustrations, et les auteurs ont continué sur la même lancé avec ce nouvel opus. En feuilletant le livre rapidement, on pourrait presque s’y tromper : peu de texte, beaucoup d’images, est-ce un livre sérieux ? C’est qu’Osterwalder n’essaie pas d’écrire un ouvrage théorique.

Contrairement à la plupart des livres de la catégorie business qui ressassent sur plusieurs centaines de pages une idée abstraite souvent facile à résumer en 2 paragraphes, Value Proposition Design est autant un manuel qu’un livre d’exercices et un guide pratique.

Les auteurs ont essayé d’écrire la meilleure synthèse de ce que l’on sait sur le sujet des propositions de valeur, et de la présenter de la façon la plus percutante et la plus parlante possible, tout en proposant des moyens d’appliquer ces connaissances dès le livre refermé.

Et ils font un travail admirable : tout comme vous ne pouvez pas oublier le business model canvas après avoir lu Business Model Generation, vous ne pourrez plus oublier le value proposition canvas après avoir lu sa suite.

C’est là l’innovation principale du livre, pas dans ses apports théoriques, mais comme un nouvel outil pratique à ajouter à votre boîte à outils.

Le Value Proposition Canvas

La première partie de l’ouvrage est consacrée à la présentation d’un outil qui va servir dans le reste du livre.

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Partant de la case Value Proposition du Business Model Canvas (si vous n’avez pas lu BMG, les auteurs font un rappel largement suffisant au début du livre), Osterwalder a décomposé cette partie centrale de tout business model en deux grandes parties :

  1. Le Customer Profile : comme son nom l’indique, cette partie décrit le profil du client recherché, avec les tâches qu’il essaie d’accomplir (ici, Osterwalder reprend le concept de jobs to be done de Clayton Christensen), les résultats bénéfiques qu’il en attend, et les désagréments qu’il essaye d’éviter.
  2. La Value Map : elle est le pendant du point de vue de l’entreprise et comprend les produits et services que vous offrez au client pour qu’il accomplisse ses tâches, les avantages que ce produit va apporter, et les douleurs qu’il va soulager chez le client.

Les auteurs entrent dans le détail pour chaque section, en proposant une liste de questions très utiles à se poser pour approfondir et préciser sa compréhension du client. De nombreux conseils guident également le lecteur pour qu’il puisse travailler sur son projet au gré de sa lecture.

value-proposition-canvas

Comme dans l’ouvrage précédent, vous avez accès à une version PDF imprimable de ce schéma sur le site consacré au livre pour pouvoir mieux l’imprimer et jouer avec en équipe à coller des post-its un peu partout pour remplir ces schémas.

Une fois tous les éléments mis en place, vous pouvez évaluer beaucoup plus facilement votre fit :

  • Est-ce que votre produit correspond bien aux tâches que votre client veut accomplir ? Est-ce que vous calmez leurs douleurs ? Est-ce que vous leur apportez des avantages ? C’est le fit problème-solution.
  • Est-ce que la valeur que vous pensez créer pour votre client se traduit par de la traction sur le marché ? C’est le fit produit-marché.
  • Est-ce que vous pouvez créer et délivrer cette valeur de façon durable ? C’est le fit business model.

Il reste à savoir comment faire évoluer sa proposition de valeur pour parvenir à ce stade ultime où la startup devient une entreprise à laquelle il ne reste “plus” qu’à exécuter son business modèle et à grandir.

Améliorer sa proposition de valeur ou en découvrir de nouvelles

C’est l’objet de la deuxième partie, la plus longue du livre, où les auteurs exposent leur méthode pour développer de vraies propositions de valeur à partir de vos idées.

Même si cette section fait un peu plus fouillis que la précédente, elle regorge d’outils et de techniques pour trouver de nouvelles propositions de valeur et les affiner.

Une fois que l’on est habitué à jongler entre les différents canvas comme illustré dans plusieurs cas d’étude au cours du livre, on parvient à une vision d’ensemble très fructueuse lors des brainstorms : chaque case du canvas peut donner naissance à une nouvelle idée, à un petit changement auquel on n’avait pas pensé plus tôt.

Et si on essayait plutôt de baser notre modèle sur un revenu récurrent ? Et si on transformait notre produit en service ? Et si on partait du client plutôt que du produit (technology push vs. market pull) ?

Besoin d’en apprendre plus sur votre client type ? Tout est expliqué : comment aller chercher des données, quelles règles suivre pour poser des questions utiles, comment étudier le public qui vous intéresse pour votre produit.

Finalement, une liste de critères bien choisis vous permet d’évaluer vos propositions de valeur, et de la comparer à celle de vos concurrents.

Si vous travaillez dans une organisation plus grande, une large part du livre y est aussi consacrée : comment organiser des ateliers, comment donner du feedback constructif, etc.

Tester sa proposition de valeur

Une fois la proposition de valeur choisie, reste à la tester pour s’assurer qu’elle est viable.

Ici, les auteurs reprennent en très grande partie la théorie du customer development de Steve Blank, et si vous avez lu le Manuel du créateur de startup, vous ne serez pas déboussolé.

Pour résumer, on peut présenter cette méthode en quatre étapes :

  1. Customer discovery : sortez de chez vous pour apprendre les besoins, les points de douleurs de votre client
  2. Customer validation : faites des expériences pour vérifier que vos clients trouvent de la valeur à ce que vous faites
  3. Customer creation : commencez à créer de la demande, attirez des clients dans votre entonnoir de vente, commencez à préparer votre croissance
  4. Customer building : passez de la startup à l’entreprise établie qui ne recherche plus son business model mais qui l’exécute pleinement

Pendant les premières étapes, avant d’avoir atteint le fameux product-market fit, le livre suggère de travailler par itérations (et reprend ici les méthodes classiques de la lean startup) : proposer une hypothèse de travail (un business model et une proposition de valeur), construire une nouvelle version de votre produit, mesurer les performances du produit, analyser les résultats et en tirer des leçons pour la prochaine itération.

C’est en répétant ces tests, ces expériences que l’on s’approche le plus rapidement d’un business model viable.

Mais de quels tests parle-t-on ? Tous les tests nécessaires pour transformer les hypothèses qui sous-tendent votre proposition de valeur (qu’est-ce qui doit être vrai pour que ça marche ?) en preuves solides. Et les auteurs déclinent tous les tests possibles et imaginables que vous pouvez faire pour cimenter vos idées : campagnes AdWords, landing pages, MVP, A/B testing, etc. etc.

Attention, le livre n’explique pas non plus tout en détail : il s’agit davantage d’un tour d’horizon général que d’un livre référence qui contiendrait tout le savoir nécessaire. C’est une boussole pour vous guider.

Débrief

En résumé, Value Proposition Design s’affiche comme un très bon livre. Il synthétise de façon éclairante tous les fondements théoriques de la création de valeur dans une startup, et ne se contente pas d’une présentation abstraite : les exercices abondent et vous permettent de vous plonger concrètement dans cette recherche. Si vous n’êtes pas encore sûr d’avoir trouvé l’idée parfaite, ce livre vous aidera sans doute dans cette quête. En plus son design très réussi en fera le coffee table book parfait pour les startupers en herbe.

par David Oudiette

#Startup : Sur quoi baser la valorisation ?

valorisation startup

Point de tension élevé dans vos échanges avec de potentiels investisseurs, il va falloir, bien avant de monter sur le ring, vous préparer à l’exercice de votre valorisation. Celle-ci va en effet rapidement se retrouver tiraillée entre (au moins) deux points de vue. À ma gauche, l’investisseur, qui aimerait bien s’en tenir à ce que vous avez démontré jusqu’à présent. À ma droite, vous l’entrepreneur, qui aurez plutôt tendance à mettre en avant l’avenir prometteur du projet.

Prenons l’exemple de NextUnicorn, six mois d’existence, une équipe radieuse et l’ambition d’un premier tour de table de 300.000 euros. Des investisseurs se montrent intéressés, en échange de 25% du capital. NextUnicorn est à ce moment-là valorisée à 900.000 euros.

« Comment ça?! Si le quart de la société est vendu pour 300.000 euros, cela ne signifie-t-il pas que sa totalité corresponde à 1,2 million d’euros? » me demandez-vous.

Valorisation pré-money / post-money

Pas exactement. Si vous vendez 25% de votre société pour 300.000 euros, elle est effectivement valorisée à 1,2 millions d’euros, cependant uniquement après que l’investissement ait eu lieu, post-transaction. Ces 1,2 million d’euros représentent ce qu’on appelle votre valorisation « post-money ». Or, ce qui nous intéresse, c’est la valorisation juste avant d’obtenir cet investissement, à savoir la valorisation de ce que vous avez construit jusqu’à présent. Pour ce faire, il vous suffit simplement de retirer le montant de votre levée à la valorisation post-money. Vous venez alors de calculer votre valorisation dite « pre-money ».

Ces notions de valorisations pre-money et post-moneydoivent être maîtrisées par tout entrepreneur qui souhaite approcher sereinement des investisseurs :

VALORISATION POST-MONEY = MONTANT LEVÉ / POURCENTAGE CONSENTI 

et

VALORISATION PRÉ-MONEY = VALORISATION POST-MONEY – MONTANT LEVÉ

Lorsque NextUnicorn songe à vendre 25% de son capital en échange de 300.000€, elle calcule :

valorisation post-money = montant levé / pourcentage consenti = 300.000€ / 25% ;

soit une valorisation après transaction, ou post-money, de 1,2 million d’euros.

Elle peut dès lors en déduire sa valorisation pre-money :

valorisation pre-money = valorisation post-money – montant levé = 1,2m€ – 300.000€.

Ainsi, lorsque les fondateurs de NextUnicorn réclament aux investisseurs 300.000€ en échange de 25% de son capital, ils impliquent que leur société vaille aujourd’hui 900.000€.

L’exercice que nous venons de faire est une gymnastique de l’esprit parfaitement maîtrisée par les investisseurs, que vous devez vous approprier.

À vos méninges :

  1. Je souhaite lever 650k€, quel est le pourcentage consenti aux investisseurs si je négocie une valorisation pre-money de 2,5m€?

Réponse : 650k€ / (2,5m€ + 650k€) = 20,6%.

  1. Quelle est la valorisation pre-money minimum que je dois négocier, si je ne souhaite pas me faire diluer plus de 25% sur mon tour de table de 400k€?

Réponse : 400k€ / 25% – 400k€ = 1,2m€.

  1. Quelle est la valorisation pre-money que me propose l’investisseur, lorsqu’il réclame 18% en échange de 500k€?

Réponse : 500k€ / 18% – 500k€ = 2,3m€.

Communément, les business angels se focaliseront plutôt sur votre valorisation pre-money en vous challengeant sur ce que vous avez fait jusqu’à présent. Un fond d’investissement, lui, tentera d’obtenir un pourcentage post-money le plus élevé possible. Il s’assurera ainsi, après dilutions des levées de fonds successives, d’un niveau de détention suffisamment intéressant pour lui, au moment de la revente ou entrée en bourse de votre startup.

Comment calculer ou justifier d’un niveau de valorisation pre-money?

Commençons par oublier tout ce que vous avez appris en cours de finance pour valoriser une entreprise. Pour une startup, pas de méthode par l’actif net comptable, pas d’actualisation des flux de trésorerie, ni de multiples du secteur. En clair, aucune formule magique.

L’évaluation de votre startup sera la résultante de votre négociation avec les investisseurs sur :

  1. le montant total à lever pour couvrir 12 à 18 mois decash-burn ;
  2. le pourcentage de capital que les investisseurs obtiendront;
  3. la compétitivité du deal : les investisseurs se bousculent-ils aux portes ou faites-vous face à un seul interlocuteur?

Le secret. Soyez le premier à dégainer une valorisation. C’est à vous de devancer l’investisseur en annonçant le niveau de valorisation pre-money voulu. Lui, dans la plupart des cas, parviendra à négocier une valorisation inférieure à votre annonce de départ. Visez donc haut dès le début, pour ne pas vous retrouver à terre en fin de négociation.

Méthode. Pour malgré tout vous orienter dans cette tâche délicate, Dave Berkus, business angel californien de renom, propose la méthode de valorisation pre-moneyd’une startup early stage suivante. Partez de zéro et ajoutez-y les montants correspondants :

Tab valo

L’auteur conseille de l’appliquer principalement aux startups ne générant pas (encore) de revenus et ayant l’ambition de dépasser les 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, à horizon 5 ans.

Après deux mois de farniente, les investisseurs sont de retour ; à vos calculatrices donc !

Par Nicolas Valaize

Comment tirer profit de la relation entrepreneur-investisseur?

En phase de levée, certains entrepreneurs sont obnubilés par la valorisation au détriment de la valeur ajoutée apportée par le VC. A tort, puisque les grands succès se construisent autour d’une relation privilégiée entre l’entrepreneur et un VC « smart ». Les entrepreneurs doivent donc opter pour la meilleure valorisation et le meilleur VC possibles.

Cherchez un profil d’investisseurs conforme à vos ambitions

L’entrepreneur avisé planifiera ses rounds de financement en fonction de l’exit souhaitée. Devenir une licorne nécessitera de lever avec un fonds américain prestigieux. Maximiser ses chances de réussite se prépare dès le round A. Signez avec un fonds français reconnu permettra d’accrocher plus facilement un fonds européen reconnu puis un fonds américain « top tier ». Criteo a ainsi signé successivement avec Idinvest, Index pour finir avec Bessemer. Dans un marché normé comme celui du venture, la théorie du signal s’applique pleinement. Chaque nouvel investisseur étudiera attentivement le « pedigree » des investisseurs présents et leur capacité à collaborer ensemble. C’est lors du dernier meetup de Point Nine Capital que sa participation Algolia a renforcé ses liens avec Accel Partners… quelques semaines avant la conclusion d’un round B de 18 millions de dollars !

Plus généralement, un fonds « top-tier » permet à ses participations de renforcer leurs crédibilités auprès de leurs écosystèmes. Bessemer a permis à Criteo d’asseoir sa crédibilité aux USA. Celle-ci s’est traduite par la facilité à recruter des managers américains jusque-là insensibles à la pépite « frenchy ». Bessmer a également permis de maximiser la valorisation lors de l’IPO, les investisseurs américains étant, là-aussi, plus réceptifs.

Au sein du fonds, collaborez avec un partner reconnu

Le fonds est représenté au board de la société par l’un de ses partners. Lors des décisions stratégiques comme les réinvestissements, c’est lui qui portera le dossier devant le comité interne du fonds. Sélectionner un fonds doit donc prendre en compte l’interlocuteur au quotidien… au risque d’être considéré comme une participation de second rang.

L’investisseur sera plus ou moins impliqué dans l’accompagnement de ses participations. Cette implication varie en fonction de la typologie du fonds, du montant investi, de l’âge du fonds… L’investisseur apporte son expertise qui peut s’exprimer par une connaissance du secteur et/ou des sujets inscrits dans la road map.

Ainsi, un entrepreneur se posera vraisemblablement la question du développement aux USA une fois dans sa vie alors que l’investisseur y aura déjà été confronté à plusieurs reprises via ses participations. A lui de partager les bonnes pratiques. Dans un autre domaine, Xavier Lorphelin de Serena Capital est très actif sur la stratégie de build-ups de ses participations telle Augure allant jusqu’à s’occuper de la négociation avec les cibles identifiées.

La valeur ajoutée se traduit aussi par la mise à disposition du carnet d’adresses de l’investisseur. Chez Point Nine, 50 CTOs de leurs participations échangent entre eux quotidiennement sur une plateforme dédiée. Last but not least, la coopération durant en moyenne 5 ans, autant faire équipe avec un investisseur avec qui il y ait un feeling !

Les entrepreneurs «successful» vous le confirmeront ; leurs VCs ont fortement contribué à leur succès de par la valeur ajoutée apportée. Celle-ci est un mix entre l’aura du fonds, la capacité à accompagner dans la durée, les compétences, le carnet d’adresses et l’implication du partner en charge du dossier. Lors de la comparaison de term-sheets, la valeur ajoutée du fonds et du partner est donc un critère de sélection tout aussi important que la valorisation. Certains entrepreneurs acceptent même des valorisations inférieures provenant de VCs « top tier ».

Par Romain Dehaussy, directeur de Chausson Finance

 

Crédit d’impôt recherche et Crédit d’impôt innovation: quelles différences ?

CIR

 

Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et le Crédit d’Impôt Innovation (CII) sont deux instruments fiscaux destinés à encourager l’innovation des petites et moyennes entreprises en France. Si le CIR est très connu des entrepreneurs, le CII est quant à lui moins médiatisé.

Pourtant, la demande de CII s’effectue via le même formulaire (cerfa 2069-A-SD) et selon les mêmes modalités que la demande de CIR.

Quelles différences entre Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et Crédit d’Impôt Innovation (CII) ? Quelles sont les étapes de la demande ? Le blog du dirigeant fait le point.

Votre projet relève-t-il du CIR ou du CII ?

Même si les deux mesures ont le même objectif, elles ne sont pas forcément destinées aux mêmes projets d’entreprise. L’administration fiscale opère les distinctions suivantes.

Différences entre crédit d'impôt recherche (CIR) et crédit d'impôt innovation (CII)Si votre projet d’entreprise est destiné à faire progresser l’état de l’art, c’est-à-dire à faire progresser les connaissances scientifiques et techniques par rapport au début de vos travaux, votre projet relève du CIR. On parle ici de la notion de « recherche et développement ».

Si votre projet d’entreprise se destine à concevoir ou réaliser un prototype ou une installation pilote d’un nouveau produit, votre projet relève du CII. Ici, la finalité est l’innovation (une création technique ou technologique) et non la recherche et développement au sens strict.

Différences entre crédit d'impôt recherche (CIR) et crédit d'impôt innovation (CII)On constate que les deux crédits d’impôt n’ont pas vocation à encourager le même type de projet, même si, in fine, l’objectif est le même (commercialiser un nouveau produit/être compétitif).

Qui peut bénéficier du CIR et/ou du CII

Pour être éligible au CII, vous devez être une PME de moins de 250 salariés, dont le chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions d’euros ou le total du bilan inférieur à 43 millions d’euros. Évidemment, votre projet doit relever du CII comme mentionné ci-dessus.

Pour être éligible au CIR, vous devez être une entreprise imposée à un régime du réel (impôt sur le revenu dans la catégorie des Bénéfices Industriels et Commerciaux ou impôt sur les sociétés) et, évidemment, développer un projet qui relève du CIR.

Les dépenses concernées pour le CIR et le CII

Ce sont grosso modo les mêmes dépenses engagées par l’entreprise qui serviront d’assiette de calcul du CIR et du CII, à savoir :

  • L’achat de matériel et les dotations aux amortissements dédiés au projet d’entreprise relevant du CIR ou du CII
  • Les frais relatifs aux dépôts de brevets
  • Les frais de sous-traitance dédiés au projet relevant du CIR ou du CII
  • Les dépenses de personnel directement affectées aux opérations relevant du CIR ou du CII
  • Un forfait de frais de fonctionnement : pour le CIR : 50 % des dépenses de personnel – Pour le CII : 75 % des dotations aux amortissements concernés ainsi que 50 % % des dépenses de personnel
  • Les dépenses de personnel relatives à l’embauche de jeunes docteurs
  • Les dépenses de veille technologique (dans la limite d’un certain plafond)

Cette liste est non exhaustive et comprend des plafonds de montant.

Attention ! Concernant le CII : le total des dépenses prises en compte est plafonné à 400 000 euros par an, quel que soit le nombre de projets innovants déployés au sein de l’entreprise.

Le montant de l’aide

Le Crédit d’Impôt Recherche est égal à 30 % des dépenses de recherche et développement jusqu’à 100 millions d’euros et à 5 % sur la tranche supérieure.

Notez que pour les entreprises qui bénéficient du CIR pour la première fois ou pour celles qui n’en ont pas bénéficié depuis 5 ans, le CIR est égal à 40 % la première année et 35 % la deuxième année.

Le Crédit d’Impôt Innovation est égal à 20 % des dépenses concernées.

Les étapes de la demande de crédit d’impôt

Que vous soyez éligible au CIR ou au CII, la première étape consiste à demander une prise de position de la part de l’administration, en sollicitant un rescrit. Le document attestera de votre éligibilité future au crédit d’impôt et vous permettra de réaliser vos prévisions financières et vos premiers investissements plus sereinement.

Vous devrez ensuite évaluer le montant de votre crédit d’impôt en calculant vos dépenses éligibles (prévisionnelles ou en cours). Pour ce faire, nous vous recommandons de vous faire accompagner par votre expert-comptable, car il existe de nombreux plafonds et limites. Vous devrez ensuite faire parvenir à l’administration fiscale le dossier de demande de crédit d’impôt cerfa 2069-A-SD.

Les petites entreprises aussi ont droit au CIR et au CII, ne passez pas à côté !

Start-up vs. VC : mensonges, tromperies et nouvelles victimes

Woman with long nose isolated on grey wall background. Liar concept. Human face expressions, emotions, feelings.

En rentrant dans le secteur financier, je m’étais promis d’agir exactement comme je le faisais avant avec mes clients et plus généralement avec tout mon environnement économique : échanges transparents sur tous les sujets, prix de marché, exigence de profit, qualité de service au top, respect des engagements. Je ne dis pas que ce que je dis est vrai. Je dis ce que je pense, à tous, même quand ça va piquer.

C’est le genre d’attitude qui mène à une croissance durable et à une efficacité croissante, et qui permet de construire des équipes fiables et performantes. Vous êtes prévisible parce que vous suivez la stratégie et que vous êtes capables de refuser une opportunité qui ne la respecte pas, de penser plus loin que la prise reptilienne d’un avantage immédiat. On préfère alors travailler avec vous. Je crois que ça s’appelle la morale des affaires et c’est vieux comme le monde. Je n’ai en revanche aucune difficulté à rompre très vite toute relation avec ceux qui ne répondent pas aux mêmes standards.

Malheureusement, sur le marché du capital investissement, la morale des affaires est souvent encore plus faible qu’ailleurs, bien que les acteurs y soient souvent brillants. La mémoire est très courte, de la part de l’investisseur sur lequel on tape tout le temps mais aussi parfois du gentil entrepreneur que tout le monde trouve pourtant si cool.

La différence entre les VC et les start-up, c’est simplement le moment où ils commencent à mentir… Et en général, tout tourne autour de la promesse de croissance rapide, voire très très rapide.

Au début, les startupeurs ne mentent jamais, portés par une conviction extraordinaire. Le projet s’élabore, la vision du problème à résoudre est limpide. C’est plus tard qu’il pourra devenir menteur. Quand les résultats qu’il n’aura pas atteints commenceront à être visibles et que la promesse d’une croissance féerique s’estompera peu à peu.

Cela peut être encore plus pervers quand la start-up poursuit une acquisition client effrénée, qui ne sert plus qu’à masquer l’inatteignabilité des objectifs de marge.
Exemple : Je ne fais pas de marge, même si j’ai déjà levé 40 millions de dollars, que je travaille effectivement sur un service payant, avec une vraie marge brute facilement calculable… Mais j’ai encore besoin de cash pour acquérir mes nouveaux utilisateurs, et si je ne réalise pas ma levée, ma société est en danger de mort.

Là… il y a de l’eau chaude dans le mojito. On ne devrait en aucun cas se retrouver dans ce genre de situation. Et force est de constater maintenant que ce cas s’est produit plus souvent qu’on ne voudrait le reconnaître, tant en Europe qu’aux États-Unis. Dans de nombreux cas, l’hypothèse d’une marge brute sous-jacente s’est avérée insuffisante à couvrir les coûts fixes, comme Prim dans le lavage des fringues à San Francisco, et peut-être comme Take Eat Easy plus près de nous.

C’est très souvent le moment où le startupeur se met à mentir. A l’écouter, il ne lui manque plus que 10 millions d’euros pour atteindre la masse critique. Mais non… car en réalité c’est un modèle de service et la scalabilité est faible. Le startupeur peut alors adopter un discours incroyable et se transformer en fonctionnaire de La Poste. Justifiant un modèle dépassé et sous perfusion de capital externe, il ne défend plus que sa propre situation dans un système de gabegie. Le startupeur le sait, mais il ne le dit à personne. Au contraire même, il continue de produire des stats épatantes à son board, de plus en plus épatantes même, soulevant des perspectives inédites. Mais comme Winston Churchill le disait : «Je ne fais confiance à une statistique que si je l’ai falsifiée moi-même.»

De leur côté, les VC mentent beaucoup eux aussi…

En général, les VC ne mentent pas à l’entrepreneur. Ils mentent au marché. Par peur de rater le bon dossier, il n’y a jamais, selon eux, de mauvaises conditions pour lever des fonds. Tous ceux qui évoquent une éventuelle contraction du capital veulent abuser des gentils entrepreneurs, leur mettre la pression, les diluer comme un Vittel fraise. Ce n’est pour eux qu’une posture, une simple question de gestion de leur image. Je me souviens l’année dernière, au début de l’automne, quand j’ai commencé à dire que le downturn s’amorçait…

Au début, beaucoup m’ont dit que non, que je me trompais, qu’il ne se passait rien et qu’au contraire nous allions faire l’expérience de nouveaux records. Ben tiens… Un an plus tard, ce sont le Q3 2015, le Q4 2015, le Q1 2016 et le Q2 2016 qui sont en baisse si l’on parle de seed et série B, les séries A et C ayant repris un peu de poil de la bête au Q1. En revanche, le Q2 est plus faible dans tous les compartiments, à l’exception des séries C, compartiment un peu particulier tout de même.

Dire que l’on est guéri serait une anticipation très osée. Nos clients américains nous parlent tous de conditions plus difficiles sur le marché du capital. Encore aujourd’hui, ils sont très nombreux parmi les VC, ou même les accélérateurs, à cacher que leur tactique a changé, voire leur stratégie. Je connais des cas d’accélérateurs qui, dans leur pratique, ont totalement révisé leur dogme officiel, cherchant à maximiser l’efficacité capitalistique de leur prise de participation au-delà du raisonnable.

Quoi qu’il en soit, le spread sera bien plus fort en 2016 qu’en 2015 entre ceux qui veulent lever et ceux qui lèveront. Et c’est bien de là que vient le danger. Nous en sommes exactement là, au moment de la rencontre entre le mensonge des VC et celui des startupeurs. J’appellerais cela le 21 décembre, le jour où l’hiver commence vraiment.

C’est le moment de vérité, celui qui déterminera la durée de l’hiver. Soit les faillites se multiplient salement et balaient la confiance pour longtemps, soit, plus vraisemblablement, le marché atterrit en U et redémarre une fois les échéances politiques américaines et européennes purgées.

Mais cela peut finalement prendre près d’un an tout de même, une éternité pour tous ceux qui veulent lever maintenant et auxquels ça fait une belle jambe de savoir que le marché est inondé de liquidités… et que les VC lèvent comme des fous. Ce dernier point étant le seul vraiment bon signe puisqu’il traduit une confiance à long terme pour les start-up.

Nouvelles start-up, nouveau prolétariat, nouvelles victimes ?

Les start-up doivent respecter les valeurs du business et rester conformes avec les lois des pays dans lesquelles elles opèrent. Sans ça, l’investisseur ne sait quand même pas vraiment où il va…

Beaucoup trop de startupeurs, enhardis par les joutes homériques d’Uber contre les taxis (justifiées par un siècle d’immobilisme dans le secteur) ou celles d’Airbnb et d’Anne Hidalgo, encore plus marrantes, défoncés au growth hacking (difficile d’admettre que 95% des leads sont bidons), n’ont rapidement plus de point commun avec l’esprit entrepreneurial. Et c’est ainsi que tu te retrouves avec des crétins qui s’étonnent de ne pas réussir leur négociations partenariales (car il faut être deux), qui ne savent s’engager sur rien, à part leur nombril et leurs utilisateurs qui, souvent, ne valent pas encore grand-chose. Sauf que… il te faut une équipe que tu respectes, des fournisseurs que tu respectes aussi, des investisseurs… Bref, tout un tas de mecs relous qui partagent un objectif différent du tien au départ et que tu devrais entraîner avec toi.

Quand l’hiver est venu, que tu t’aperçois que tu n’étais pas Peter Thiel (et même si tu l’étais d’ailleurs…), que tu n’es pas Musk, que tu n’as pas levé assez pour attendre le printemps, où que tout simplement tu as une difficulté passagère, tu te retrouves seul, idiot et déprécié. Pas parce que tu as échoué car on devrait pouvoir échouer avec élégance. Non, tu es déprécié parce que tu n’as pas su demander de l’aide, reconnaître ton impuissance à traiter telle ou telle thématique, mais surtout c’est ta nonchalance que l’on retiendra. Celle qui t’a poussé à faire comme si de rien n’était jusqu’au bout, comme si tu pouvais toujours honorer tes commandes, sans te soucier de tes salariés, de tes fournisseurs, des travailleurs indépendants qui bossent pour toi.

Faire autrement est sans doute très difficile, mais c’est faisable. Tu es aux commandes, tu vois la réserve de cash et la tendance. Si elle est négative et que tu ne la sens plus, il est temps pour toi de dire stop et de prévenir tes actionnaires pour qu’eux sachent aussi (en premier, car ce sont les premiers aussi à t’avoir fait confiance !) ce que tu t’apprêtes à faire : payer ce que tu peux payer et arrêter l’hémorragie. Exercice incroyablement difficile, mais que le contexte de sharing economy, de supply chain partenarisée, devrait imposer à un esprit honnête et entrepreneurial.

C’est quand même merveilleux cette nouvelle supply chain avec des mecs moins protégés que des salariés et disposant de moins de moyens de défense que des entreprises. Ça diminue la dilution au début (car plus flexible que des salariés), ça diminue la dilution plus tard (car plus flexible que des salariés). Ça ne mériterait pas un peu de considération dans le management des périodes de crise, ça ?

Ainsi, Take Eat Easy devait payer ses coursiers à vélo, et pourquoi pas ses restaurateurs, fin juin ou fin juillet, et arrêter. Ce n’est pas une levée de fonds de plus qui, dans leur cas, allait changer l’équation économique qui ne fonctionnait pas. Je suis intimement persuadé qu’ils sont bons et qu’ils le savaient. Je suis sûr qu’ils y ont beaucoup appris et je ne veux pas participer à l’hallali. Si je suis convaincu de ma démonstration, je suis aussi convaincu qu’il faut beaucoup de maturité pour l’appliquer… et résister à la pression de ses fonds.

Il n’y a pas de nouveaux entrepreneurs dispensés de respecter leur communauté. Hacker le système oui, les gens NON.

Winter has come. Mais je pense qu’il ne sera pas trop long. En attendant, offshorez votre prod software et vos shared services, diminuez les salaires et augmentez la rémunération en action, n’hésitez pas à lever un peu moins bien. Bref, survivez dans la joie et la croissance saine et continuez à vous regarder dans la glace !

Par Frédéric Lasnier, CEO de Pentalog