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Présumé coupable !

Voir une personne passer devant vous entre deux gendarmes, les menottes aux poignets incite-t-il à penser à la présomption d’innocence?

Souvent non!

Savoir qu’une personne est en audition auprès d’un juge d’instruction vous fait-il penser à une erreur, ou une enquête, ou bien à l’implication du prévenu dans une affaire louche?

Depuis bien longtemps et quoi qu’en disent les avocats, les forces de police, les magistrats, les politiques, les moralisateurs de tout poil, notre imaginaire se met en route à partir de faits que nous interprétons comme  les plus noirs et les plus graves pour les autres! Il est quelque part presque « jouissif » d’imaginer le pire, c’est comme si la transgression à la loi ou l’ordre nous ravissait et que le présumé coupable nous donne bonne conscience de ne pas l’avoir fait nous-même et nous conforte dans notre choix forcé ou non d’avoir suivi la règle.
Si la presse people, les informations télévisées des chaînes se battant pour les parts d’audience, les radios logées à la même enseigne et surtout la rumeur si souvent décriée et pourtant tellement appréciée de fait, ne véhiculaient pas cette perversité inhérente à beaucoup, la présomption d’innocence existerait-elle réellement?

Dans l’entreprise est-ce si différent? Il suffit souvent de très peu de choses et d’une interprétation malveillante pour qu’une personne soit accusée de tous le maux. Je ne dis pas que les comportements déviants n’existent pas en entreprise, mais les spirales entraînant les accusés sont souvent mortifères pour leur carrière et leur place dans l’entreprise. Cela passe par des choses souvent anodines au départ. Il ne s’agit pas ici de justice ou de vérité, mais d’interprétation et de fantasme projeté.

Un exemple pour réfléchir: une secrétaire vient au cabinet en consultation de médiation préventive et nous expose son mal être de la façon suivante. » Je ne supporte plus que tous les matins mon patron me pose la main sur l’épaule pendant longtemps, je pense qu’il me harcèle dans un but sexuel. Je vais porter plainte ».  Au cabinet nous prenons très au sérieux ce genre de cas , car bien plus fréquemment que l’on ne le croit les « petits chefs » tentent d’abuser de leur rapport de force hiérarchique, mais l’expérience nous prouve que l’on doit tout d’abord chasser l’interprétable avant que de n’initier une quelconque action (dans ces cas : des actions en justice). Aussi nous avons mis au point un système de questionnement destiné à valider et faire la part entre ressenti, interprétation et réalité. Suite à cet exercice, l’employée nous apprend que cette façon de faire dure depuis plusieurs années, auprès de plusieurs personnes, indifféremment femmes et hommes, mais qu’il y a six mois environ la secrétaire a quitté son compagnon. En creusant un peu plus, nous apprenons que le ressenti de l’intolérable main sur l’épaule a débuté en même temps.

La secrétaire d’elle-même a pris conscience que ce n’était pas l’attitude de son supérieur qui avait changée, mais son seuil de tolérance, dû à un changement dans sa vie personnelle et qu’il n’y avait rien de harcèlement dans le cas précis même si elle souhaitait que cela cesse. Une simple mise au point avec le hiérarchique a suffi pour dissiper tout malentendu et il a cessé son habitude « paternalisante ».

Si je vous conte cet exemple, c’est pour illustrer que sans essayer de chasser l’interprétable, il y a de fortes chances qu’une plainte eut été déposée et que ce simple fait (à supposer que la justice ait jugé de l’innocence du hiérarchique) aurait sans doute mis à bas toute la carrière de la personne incriminée tant dans la sphère professionnelle que personnelle. Attention, il y a des cas avérés  qui se doivent d’être sanctionnés, mais ce qui est en cause est la procédure d’investigation préalable qui se doit de rester secrète le temps d’avoir la certitude ou l’intime conviction du délit.

Les dernières affaires médiatisées concernant des affaires judiciaires impliquant des enfants et leurs bourreaux présumés, des hommes politiques et des entrepreneurs avec des amours tarifés, mais aussi des mises en examen pour détournement d’argent public ou privé, d’abus de biens sociaux présumés, font peser bien avant tout jugement, un sentiment de faute sur les personnes impliquées.

Ce papier pour vous dire qu’en entreprise, bien avant que de n’instruire à charge un dossier et de se lancer dans une quête de preuves, ne serait-il  pas bon d’essayer tout d’abord de chasser l’interprétable  sans jugement de valeur et sans parti pris. Ce pourquoi je milite ardemment pour la mise en place d’un système de médiation préventive qui permette d’optimiser cette façon de procéder. Le mot « médiation » est associé au conflit ouvert, ou dont les conséquences sont visibles, alors ajoutons-y le mot préventif pour que les personnes qui subissent ou ont l’impression de subir soient certaines de la réalité et de leur implication dans celle-ci avant que de n’exporter leur mal être au-delà de leur cas particulier. Le système est relativement simple, l’entreprise s’engage auprès de notre cabinet pour prendre en charge les coûts inhérents aux consultations préventives qui se déroulent d’une façon totalement anonyme et confidentielle, rien ne transpire auprès de l’entreprise, ni qui a consulté, ni la teneur des séances, un système de validation de la réalité des prestations est conclus entre l’entreprise et notre cabinet pour éviter tout abus.
Henri Jean Tolone

Les 8 atouts de la médiation en entreprise

La médiation comme mode alternatif de résolution des conflits entre personnes

Largement présente dans les pays anglo-saxons, la pratique de la médiation progresse plutôt doucement dans nos entreprises : il n’est pourtant plus à démontrer que les conflits mal gérés entraînent des coûts humains et financiers. La médiation est un mode alternatif de résolution des conflits entre personnes, en voici les principaux atouts. Si la Direction a connaissance d’un conflit interpersonnel et si ses premières tentatives de résolution du conflit ont échoué, elle peut opter pour un médiateur professionnel extérieur à l’entreprise (seules quelques grandes entreprises commencent à former des salariés à la médiation).

1-Faciliter la mise en œuvre d’une résolution d’un conflit

La médiation est une méthodologie d’accompagnement personnalisé qui permet d’aboutir à un accord en seulement deux ou trois réunions.

2-Maîtriser les coûts

La durée de la médiation est maîtrisée, ce qui évite des mois de blocage avec des coûts financiers importants lorsque les procédures judiciaires s’éternisent, en particulier avec des recours. Incontestablement, une médiation sera moins onéreuse qu’un procès. En 2014, le coût d’une médiation se situe dans une fourchette de 2 000 à 10 000 euros, précise Sophie Henry du Centre de Médiation et d’Arbitrage de Paris.

3-Etre acteur de la solution

Si le rôle du médiateur est entre autres de faciliter le dialogue entre les parties, il n’est pas là pour trouver la solution à la place des acteurs ni pour les conseiller : l’un des principes fondamentaux de la médiation est que seules les personnes concernées sont susceptibles de trouver la meilleure solution pour elles-mêmes. Si le médiateur « fait faire« , il s’assure que les débats ont lieu d’égal à égal en veillant à ce que les décisions retenues soient consensuelles. Dans le cas, où le conflit oppose un salarié et sa hiérarchie, le médiateur devra s’assurer que les acteurs sont sur un pied d’égalité ou du moins qu’il recueille bien les propositions de chacun afin d’éviter tout accord forcé.

4-Posture du médiateur

Comme nous venons de le préciser le médiateur n’imposera pas sa solution. Sa posture est clairement définie : neutralité, impartialité et indépendance. Il n’est ni un arbitre, ni un conciliateur, ni un négociateur. Aguerri aux techniques de communication (écoute active, reformulation…) et de gestion des conflits, le médiateur adoptera un comportement propice aux discussions en proposant un cadre de bienveillance et de respect.

5-Confidentialité

La confidentialité des débats et de l’accord doit être respectée par les parties et par le médiateur lui-même. Il s’engage formellement sur ce point : le médiateur ne produira aucun compte rendu ou information à la Direction de l’entreprise, les réunions se dérouleront dans un endroit neutre et à l’abri des regards indiscrets.

6-Participer et/ou interrompre la médiation

Si le médiateur n’a pas le pouvoir de trancher un différend il a en revanche le pouvoir d’arrêter une médiation s’il considère que les conditions et règles citées précédemment ne sont pas et/ou plus réunies et il en est de même pour les parties prenantes. Chacune étant libre d’arrêter la médiation à tout moment. Dans le cas où la médiation est interrompue ou si aucun accord consensuel n’a été trouvé les parties peuvent alors soumettre leur conflit aux juridictions compétentes.

7-Restaurer le dialogue

Si la médiation aboutit et que des solutions acceptables pour les deux parties sont trouvées, l’une des premières conséquences sera la restauration du dialogue entre les salariés ce qui facilitera grandement les futurs relations interpersonnelles. Le but étant que les personnes puissent travailler ensemble et que leur différend n’impacte pas leur collègues et/ou l’organisation de leur travail. La philosophie des rapports change : il n’y aura pas de gagnant ou de perdant, de fort ou de faible, il y aura uniquement des personnes adultes qui ont trouvé une solution à leur conflit.

8-Envisager le futur

Aujourd’hui, les entreprises qui décident de faire appel à un médiateur pour accompagner leurs collaborateurs dans la résolution d’un conflit prouvent que le dialogue social fait réellement partie de leur priorité et que la qualité de vie au travail à bien toute sa place. Il y a fort à parier que les risques psychosociaux y diminueront et chacun, quelle que soit sa place dans la hiérarchie, pourra envisager un avenir plus serein et motivant.