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Manuel du bon usage du mobile en milieu professionnel
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Le mobile a complètement transformé notre usage du téléphone. Nous sommes joignables partout, tout le temps… dans la sphère professionnelle, cela peut jouer des tours. À découvrir : 14 règles de savoir-vivre pour bien communiquer. |
| Comment respecter votre interlocuteur lorsque vous n’êtes pas seul
En réunion, rendez-vous ou chez des clients, le plus simple est d’éteindre votre mobile. Mais si vous avez impérativement besoin d’être joignable : |
1. Mettez systématiquement votre téléphone en silencieux ou mode vibreur
Prendre un appel mobile au cours d’une réunion d’affaires peut vous porter préjudice. Si vous êtes en rendez-vous (également lors d’entrevues ou de réunions avec les collègues ou subordonnés), la politesse voudrait que vous rejetiez l’appel.
Évitez de répondre si c’est pour dire simplement « je vous rappelle », c’est aussi irrespectueux de la personne en face de vous que de votre correspondant. S’il n’y a vraiment aucune autre solution, alors excusez-vous, et sortez répondre en abrégeant au maximum l’appel.
2. Réglez le volume de votre sonnerie
Les sonneries trop fortes ou trop « particulières » des portables peuvent lasser votre entourage. Utilisez la personnalisation de votre mobile avec parcimonie, il en va de votre image.
3. À table, laissez votre mobile dans votre sac
Vous en avez certainement déjà fait l’expérience, un déjeuner d’affaires où un convive a les yeux rivés sur son mobile déposé près de l’assiette, c’est exaspérant !
4. Évitez d’être « multitâches »
Si vous appelez tout en rédigeant un mail, en renseignant un tableau Excel ou en surfant sur Internet, votre interlocuteur percevra forcément votre distraction. Mieux vaut vous concentrer entièrement à la conversation, sous peine d’être vexant ou de vous déconsidérer.
S’il s’agit de prendre en notes les propos de votre interlocuteur, dites-le lui clairement pour éviter tout malentendu.
Apprendre à moduler sa voix : un confort utile pour vous et vos voisins
Téléphoner en étant entouré ou dehors impose parfois une véritable gymnastique vocale. Il faut savoir « régler le volume » de votre voix pour ceux qui vous entourent et pour votre interlocuteur qui ne peut deviner ce qui se passe à l’autre bout du fil !
5. Modulez votre voix
Les microphones des mobiles sont très sensibles. Ils peuvent capter les voix les plus douces, tout en bloquant le bruit ambiant. Il n’est donc jamais indispensable de crier dans un mobile. Si vous êtes entouré, soyez attentif et réduisez le volume de votre voix. Un sourire s’entend tout autant qu’un soupir : n’hésitez pas à sourire en téléphonant, votre interlocuteur y sera sensible.
6. Placez-vous à une distance raisonnable des autres
Au moins 3 mètres… ce qui vous permet de respecter votre entourage et la confidentialité de votre conversation. De plus vous offrez à votre interlocuteur un environnement plus calme.
7. En marchant, n’accélérez pas votre respiration
En déplacement, notre voix est accélérée et parfois haletante. Votre interlocuteur pourrait vous croire ému ou énervé. Prévenez-le simplement afin qu’il ne se méprenne pas.
8. Confidentialité, soyez vigilant
Lorsque nous comprenons mal notre interlocuteur, nous avons tendance à parler plus fort. Pourtant, ce n’est pas parce que vous ne distinguez pas correctement sa voix, que lui ne vous entend pas ! À moins que votre interlocuteur ne vous le demande, essayez de maîtriser votre voix et si vous devez hausser le ton, assurez-vous que vous ne dites rien de confidentiel.
Les règles à connaître lorsque c’est vous qui appelez
Lorsque c’est vous qui appelez, quel qu’en soit le motif ou le degré d’urgence, gardez en tête les principes de respect que l’on attend de vous :
9. Choisissez des horaires adaptés à votre interlocuteur
Pour un coup de fil professionnel, adaptez-vous aux habitudes de vos correspondants et tenez compte du décalage horaire si vous appelez à l’étranger.
10. N’imposez pas votre rythme à l’autre
Votre appel peut déranger autant que vous êtes vous-mêmes parfois dérangé par les coups de fils des autres. Si votre conversation risque d’être longue, demandez systématiquement à votre interlocuteur s’il a le temps nécessaire pour traiter le sujet que vous souhaitez aborder.
11. Présentez systématiquement l’objet de votre appel
Présentez-vous dès vos premiers mots, saluez votre interlocuteur et annoncez l’objet de votre appel. Si vous tombez sur un intermédiaire, laissez un message et demandez à quelle heure vous pourrez rappeler votre interlocuteur sans le déranger.
Et inversement : prenez l’habitude de vous présenter immédiatement en décrochant. Un simple « allô » peut-être perturbant pour celui qui vous appelle pour la première fois.
12. Prévenez votre interlocuteur si vous utilisez le haut-parleur puis présentez les personnes qui vont l’écouter.
Sur votre répondeur, là aussi, faites preuve de tact
13. Veillez à vous présenter clairement ainsi que votre société.
14. Communiquez les horaires auxquels vous serez joignable.
Entrepreneuriat: du balai!
Déjà, être entrepreneur social, ça complique un peu les choses, en ce qu’il est nécessaire de viser des objectifs à la fois financiers et sociétaux. Mais avec la dimension numérique, on vient ajouter ce je-ne-sais-quoi d’immatériel immature qui a pour effet de moutarder l’ensemble.
Toute ma carrière fut donc passée, jusqu’à présent, des deux côtés de la barrière entrepreneuriale. Suffisamment de temps et d’apprentissage pour joyeusement remettre en cause deux postulats qui sont à la base d’à peu près toutes les politiques de financement de la création d’entreprise dans le monde. Suffisamment de frottement avec le réel pour balayer deux idées reçues qui continuent, inexorablement, à être enseignées dans nos écoles et à lobotomiser nos classes dirigeantes.
Premier nid à poussière : la primauté donnée à l’indépassable « Business Plan », sésame de tout démarrage d’entreprise (et exigé par tous, que l’on lance une start-up de micro-robotique sur le campus du MIT ou une épicerie équitable dans un village de Charente-Maritime). Le Business Plan, ce nectar d’intelligence modélisant la vie des affaires à grand renfort de spéculations prospectives et de tableurs à triple entrée. Un pensum qui a tout d’un document marketing auto-promotionnel, censé expliquer au monde que le monde est pur et parfait, que le marché adéquatement vierge nous attend tout tranquille, que la concurrence a bêtement oublié de s’y intéresser, et que tous les efforts seront dorénavant orientés jour et nuit vers un seul point-limite : le développement d’une offre forcément et singulièrement unique qui fera table rase de la vile compétition et dont on parlera le soir dans les chaumières.
Et pourtant, le roi est nu. Désespérément nu. En vingt ans de carrière, je n’ai jamais vu un seul business plan se réaliser véritablement. Pire encore, dans 90% des cas, ce que j’ai vu se réaliser, c’est l’inverse même de l’idée d’un business plan : le développement d’affaires par pur opportunisme, consistant à saisir assidument les occasions commerciales quand elles se présentent, même si elles ne s’inscrivent pas dans le « marché cible » initialement prévu, même si elles ne concernent pas le « cœur de métier » initialement théorisé, même si elles ne flattent pas l’ego de stratège de l’entrepreneur. Le système D, en somme, comme boussole indépassable.
Attention. Je ne dis pas que tous les entrepreneurs sont des poules sans tête qui tournicotent au gré du vent. Je dis que nécessité faisant loi, quand on décortique sincèrement le chiffre d’affaires d’une start-up, on réalise bien souvent que la majorité des revenus proviennent de commandes ou de contrats périphériques qui ne rentrent pas dans les cases de ce que le business plan avait labellisé « cœur de métier » ou « vision stratégique », particulièrement dans le secteur des services. C’est comme ça. Et il ne faut pas le regretter. Il faut au contraire se féliciter du fait que nos entrepreneurs sont aussi de grands pragmatiques et qu’ils font preuve d’un instinct de survie hautement méritant.
Premier coup de balai : il est temps de tuer le père et de se faire le fossoyeur du Business Plan. La réalité entrepreneuriale est malheureusement incompatible avec cet exercice de planification, ne faisons donc plus de cet outil obsolète la clé de voûte du financement. Je vois quatre tendances se profiler en lieu et place du défunt plan d’affaires:
- Promouvoir l’utilisation d’un simple canevas stratégique qui présenterait succinctement, par le biais d’un schéma visuel, le « Concept » (la solution apportée par la start-up à un besoin) et les modèle d’affaires (au pluriel, car relever d’un seul modèle financier est souvent suicidaire). Appelons cela laformule stratégique du projet. Et insistons sur sa nécessaire agilité : la stratégie entrepreneuriale doit pouvoir « pivoter » fréquemment.
- Diffuser ce que la « communauté » dit et pense du projet entrepreneurial lorsque celui-ci vise le consommateur final (Business to Consumer). Par exemple, un panorama évolutif des réactions sur les réseaux sociaux ou un test par les usagers en situation réelle (Living Labs, etc.). Appelons cela l’indice de réceptivité du projet.
- Qualifier la réputation de l’entrepreneur, au-delà de son CV (manifestation la plus évidente du conflit d’intérêt). Pour certains profils d’entrepreneurs, l’empreinte numérique – c’est-à-dire l’ensemble de ses traces digitales (vidéos, forums, interventions commentées…) – peut être un bon indicateur. Appelons cela l’indice de réputation du porteur.
- Développer un système de « tracking » de l’évolution continue de la start-up, de type échelle de temps (merci Facebook !), permettant aux financeurs publics et privés de suivre en temps réel les modifications du profil de la start-up. Appelons cela le calendrier tactique du projet (son « tic-tac tactique », si j’ose dire).
Deuxième nid à poussière : en dépit de l’avalanche de contre-exemples que la vie des affaires, grande espiègle, nous déverse sur la tête à longueur d’années, un autre mythe indéboulonnable vient systématiquement briser les jambes de l’entrepreneur :le mythe de la vitesse. Que n’avons-nous entendu sur cette idée fétiche selon laquelle, pour réussir en entrepreneuriat, il faut avant tout aller vite ! Doubler ses concurrents, être le premier entrant sur le marché, prendre de vitesse les Américains et si possible les Chinois. Urgence au scoop ! A part quelques exceptions dans des secteurs bien déterminés, l’entrepreneuriat est d’abord et avant tout un art de la patience.
La raison numéro un pour laquelle les business plans s’avèrent désespérément caduques n’est pas liée à une mauvaise analyse concurrentielle ou à une surprenante évolution « disruptive » de l’environnement : la raison numéro un de l’échec quasi-systématique des plans d’affaires, c’est une tromperie permanente sur le temps d’exécution de la stratégie, si brillante fût-elle. On avait prévu 24 mois : il en faudra le triple. Et comme on n’a pas pu sécuriser un financement sur un temps aussi long digne de l’ère glaciaire, eh bien « cap sur le changement de cap »! Source de tous nos maux d’entrepreneur, l’illusion sur les temps de déploiement est le véritable naufrageur de nos rêves de grandeur économique.
Art de la patience, donc, et patience du pauvre en prime. Pas celle du fin stratège qui fourbit ses armes dans l’attente du coup fatal. Non, la persévérance du Facteur Cheval face à son château de pierre. S’il faut à un architecte et à un maître d’œuvre chinois 90 jours pour construire une tour de 800 mètres de haut, il faut encore trop souvent une année pleine et entière pour boucler une seule vente face à une direction des achats modérément clémente.
C’est pourquoi le capital-risque n’a pas rendu un fier service à l’entrepreneuriat. Car il a imposé un rythme intenable, qui se résume en deux chiffres : 5 ans pour créer de la valeur dans l’entreprise dans laquelle le fonds a investi, 10 ans pour placer tous les capitaux du fonds en question.
Second coup de balai : finissons-en une bonne fois pour toutes avec la sacro-sainte règle des 5 ans donnés à l’entrepreneur pour créer son entreprise, en extraire de la valeur et permettre à l’investisseur de revendre ses parts au meilleur prix. Cette fenêtre magique de 5 ans est l’un des leurres les plus toxiques que la finance entrepreneuriale ait engendré ces quarante dernières années.
Mettons enfin en place des fonds de capital-risque « perpétuels » (joliment qualifiés en anglais de fonds « evergreen »), sans durée de vie prédéfinie puisqu’ils se régénèrent année après année auprès d’investisseurs institutionnels au fur et à mesure de l’utilisation des fonds (99% des fonds de capital-risque dans le monde ont 10 ans fixes pour investir, désinvestir et retourner en dixième année les rendements aux investisseurs). Ces fonds perpétuels permettraient à leurs gestionnaires de s’autoriser le temps long et d’accompagner, avec de l’argent patient, de réelles aventures industrielles. Car autant se le dire, imposer un rythme de succès d’environ 5 ans par entreprise signifie, le plus souvent, soit s’illusionner sur le monde qui nous entoure, soit léser sérieusement au moins l’une des parties prenantes de l’entreprise cible : les salariés (on comprime les coûts pour « booster » la rentabilité avant la revente), les fournisseurs et les sous-traitants (pour les mêmes saintes raisons) ou l’entrepreneur lui-même (qui doit changer d’actionnaire dans l’urgence, régulièrement, au prix de sa dilution au capital).
Deux coups de balai, deux fins de cycle.
La poussière s’est en effet accumulée, et elle coûte cher le kilo. C’est peut-être aussi cela, le grand ménage de printemps. Ça s’impose à périodes régulières, et ça fait joyeusement circuler l’air.
Quel avenir pour les entrepreneurs en France
Ce désamour se retrouve dans une caractéristique de la France aujourd’hui assez largement connue et admise : la faible propension de ses habitants à entreprendre. Depuis quelques années le GEM (Global Entrepreneurship Monitor), projet de suivi global de l’entrepreneuriat piloté par deux institutions internationales (Babson College et London Business School), publie des études sur le Taux d’Activité Entrepreneuriale (TAE) des pays. Ce TAE est la mesure systématique de l’activité entrepreneuriale en tenant compte de deux indicateurs : le taux d’entreprises émergentes (indiquant les entreprises qui sont sur le point d’être formellement lancées) et le taux d’entreprises nouvelles (indiquant les entreprises effectivement lancées depuis moins de 42 mois). Régulièrement le taux français – 4,8% en 2007 – est un des plus faibles. Non seulement les français créent peu d’entreprises, mais plus grave encore les entreprises créées manquent de vitalité et se développent peu. Comme le rappelle un récent rapport de l’Institut Montaigne, think-tank regroupant des décideurs économiques et politiques, une comparaison des chiffres de l’OCDE montre que, sept ans après leur émergence, les entreprises américaines ont plus que doublé leurs effectifs, alors que les firmes françaises n’ont créé dans le même temps que 7% d’emplois supplémentaires. Cette situation a pour conséquence le non renouvellement de notre tissu industriel : sur les 100 premières capitalisations de la Bourse de Paris, une dizaine d’entreprises seulement ont moins de trente ans d’existence.
Développer en France une plus forte propension à entreprendre est donc aujourd’hui une nécessité et un défi, mais comment relancer dans ce pays la “machine entrepreneuriale” ? Les gouvernements successifs, conscients du problème, multiplient les mesures incitatives. Mais les résultats resteront limités tant que subsisteront en France des problèmes liés à l’ouverture de ce pays aux logiques entrepreneuriales, à des règlements et institutions d’un autre temps et à l’image que la société française a de l’entrepreneur. Nous proposons des idées pour changer les choses à ces trois niveaux, après avoir exposé les raisons du désamour de la France vis-à-vis de ses entrepreneurs.
Les raisons d’un désamour à la “française”
Une part importante des élites françaises a encore une programmation mentale marxiste pour les plus archaïques, et keynésienne pour les plus modernes. Pour s’en convaincre nous nous limiterons à quelques exemples, mais nous pourrions sans difficulté aucune les multiplier : le titre d’un ouvrage de Gisèle Ginsberg “Je hais les patrons” ; Ségolène Royal, alors candidate à la Présidence de la République, déclarant aux deuxième semestre 2006 qu’“il faut effrayer les capitalistes” ; son ex-compagnon François Hollande, secrétaire général du parti socialiste français indiquant “je n’aime pas les riches” ; Jacques Chirac, ancien Président de la France, qui dans sa jeunesse fut membre du Parti Communiste Français, considérant que le libéralisme serait pire pour son pays que le marxisme ; etc. Olivier Blanchard, économiste français enseignant au M.I.T., porte un jugement sévère sur ses compatriotes : “La France se caractérise par une étonnante inculture économique. Le poids de la tradition marxiste, sans doute, et la conséquence d’un enseignement classique où cette discipline tient peu de place. Beaucoup de français croient que l’économie est un jeu à somme nulle : la richesse leur apparaît comme un gâteau de taille fixe que se partageraient patrons et salariés en fonction de leurs rapports de force”.
Les Français dans leur grande majorité n’aiment pas leurs chefs d’entreprise et ceci pour plusieurs raisons. La première nous semble être très profondément ancrée dans notre histoire et dans nos traditions. L’image du chef d’entreprise est liée à ce que valorise notre société et à la conception que nous avons de ce qu’est un homme respectable. Les travaux du sociologue Philippe d’Iribarne nous enseignent qu’en France, un homme respectable est celui qui est traité avec les égards dus à son rang, lequel est déterminé par un titre (un diplôme) qui donne une sorte de droit à occuper une position sociale plus ou moins valorisante et prestigieuse. Si l’on comprend bien la proposition, pour être un chef d’entreprise respectable dans la société française il faut être un ancien élève de l’Ecole Polytechnique ou de l’ENA et diriger EADS, Vivendi, EDF ou la SNCF, ce qui doit représenter moins de 0,1% de la population des chefs d’entreprise. Dans le cas général, la situation de chef d’entreprise n’est pas “noble” et son image est construite sur un type de capital qui n’est pas valorisé par la société française laquelle ne reconnaît que le capital scolaire et le diplôme.
Une deuxième raison est liée à des amalgames de clichés et de représentations qui génèrent des confusions et des ambiguïtés permanentes entre des notions qui ne sont ni équivalentes ni superposables. Un chef d’entreprise n’est pas un entrepreneur et réciproquement tous les chefs d’entreprise ne sont pas assimilables à de grands capitaines d’industrie et réciproquement les entrepreneurs ne peuvent pas être réduits uniquement à des créateurs d’entreprise. L’hyper médiatisation de la notion d’entrepreneur et son utilisation à “toutes les sauces” et à toutes les fins ne fait que renforcer ce sentiment de grande confusion et d’incompréhension. Alors que de nombreux travaux depuis des siècles ont tenté, souvent avec difficulté, de clarifier des notions aussi essentielles que celles d’entreprise, d’entrepreneur et d’agent économique, très peu de connaissances, au fond, ont pénétré l’homme de la rue. Ce niveau d’inculture généralisée à propos de l’économie au sens large et de l’entreprise, d’une manière plus singulière, nous semble être spécifiquement français, comme cela a été souligné par Olivier Blanchard.
Une troisième et dernière raison provient, selon nous, d’une catégorisation des chefs d’entreprise et des entrepreneurs qui sans nuance aucune établit une dichotomie entre des Héros et des Bandits. Les médias et les Français ne veulent parler que des uns ou des autres. Les premiers, les Steve Jobs, Bill Gates ou Richard Branson (très souvent les héros ne sont pas des français !!) apparaissent comme des êtres extraordinaires qui ont réussi des choses hors de portée du commun des mortels. Les bandits (ils sont bien français eux !!), ont parfois eu une première étiquette de héros et sont présentés comme des figures emblématiques incarnant l’ensemble des chefs d’entreprise ou des entrepreneurs, alors qu’au sens strict ils n’en sont plus ou n’en ont jamais été. Peut-être pourraient-ils être qualifiés d’hommes “d’affaires”, en tout cas ils ne constituent pas des exemples à suivre pour la société et pour la jeunesse. Les bandits se font prendre la main dans le sac, ils s’enrichissent indûment, bénéficient de “golden parachute” ou encore n’hésitent pas à licencier des centaines, voire des milliers de personnes, pour améliorer la profitabilité de leur entreprise et augmenter leur niveau de rémunération directe ou indirecte. Les bandits sont très souvent des dirigeants de grandes entreprises dont les comportements déviants vont ternir l’image de tous les chefs d’entreprise. Parfois, plus rarement, ces hommes “d’affaires” apparaissent comme des “Robin des Bois” des temps modernes, des bandits sympathiques, “empruntant aux riches pour donner aux pauvres”, jouant à cache-cache avec les gendarmes et les lois. Ce faisant ils génèrent encore plus d’ambiguïté et contribuent à effacer davantage les repères en démontrant que dans notre société on peut être bandit et héros à la fois.
Dans ces conditions d’absence (ou pour le moins d’insuffisance) de valorisation du statut, de méconnaissance des notions économiques et sociales essentielles et de médiatisation caricaturale des acteurs, la position de chef d’entreprise apparaît largement inaccessible à la majorité des français par impossibilité (normative ou technique) et par rejet.
Ouvrir la France à l’économie de l’entrepreneuriat
Les travaux de l’économiste américain David Audretsch font clairement ressortir l’émergence d’une économie entrepreneuriale et son importance actuelle. Il analyse le dernier demi-siècle comme la succession de trois périodes historiques correspondant à trois visions de l’économie.
La première période peut, de manière schématique, se définir comme étant celle de l’Economie du Capital. Elle a été formalisée par Robert Solow. Elle débute approximativement avec la période de l’après-guerre. C’est l’ère de la production de masse, une ère où les économies d’échelle semblent être le facteur décisif et déterminant de l’efficacité et où chaque institution sociale et économique majeure s’emploie à renforcer la stabilité et la prévisibilité nécessaires à la production de masse. Quant au regard porté sur les nouvelles et petites entreprises il est essentiellement négatif :
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Elles sont généralement considérées comme étant moins efficaces que les firmes de grande taille.
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Elles fournissent aux travailleurs des compensations d’un moindre niveau.
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Elles ne sont que marginalement impliquées dans l’activité d’innovation.
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Leur importance relative décline avec le temps aussi bien en Amérique du Nord qu’en Europe.
Dans l’économie traditionnelle, capitalistique, correspondant au modèle de Robert Solow de l’après-guerre, les petites firmes et l’entrepreneuriat apparaissent comme un luxe, peut-être nécessaire en Occident afin d’y assurer la décentralisation des décisions, mais un luxe maintenu au prix d’une perte d’efficacité.
Vient ensuite l’Economie de la Connaissance, formalisée par Paul Romer et Robert Lucas. Elle coïncide grosso modo avec la période tardive de l’après-guerre, c’est-à-dire les années 1980. La critique de Romer à l’égard de l’approche de Solow ne porte pas sur le modèle de base de la fonction néoclassique de production, mais plutôt sur ce qu’il estime avoir été omis dans ce modèle : la connaissance. Romer, Lucas et d’autres, expliquent que la connaissance est un facteur important de production à côté des facteurs traditionnellement pris en compte : le travail et le capital. De plus, ce facteur, étant déterminé de façon endogène au travers des externalités et des effets de débordement, apparaît particulièrement important. Dans cette deuxième approche, l’entrepreneuriat, au moins sous la forme de nouvelles firmes, ne semble pas compatible avec l’économie basée sur la connaissance. Au fur et à mesure que le facteur de la connaissance gagne en importance, la plupart des prédictions suggèrent que les nouvelles et les petites firmes joueront seulement un rôle marginal dans la contribution à l’innovation et à la croissance.
Enfin, l’Economie de l’Entrepreneuriat trouve ses racines dans le milieu des années 1970, mais ne connaît réellement son essor que plus tard, dans les années 1990. L’Economie entrepreneuriale qui émerge en Amérique du Nord et en Europe donne en conséquence un nouveau rôle à l’entrepreneur. Plutôt qu’handicaper l’économie sur le plan de l’efficacité, comme cela semblait être le cas dans une économie managériale, l’entrepreneuriat fait fonction de moteur de croissance en procurant un conduit essentiel pour les effets de débordement et la commercialisation de connaissances et de nouvelles idées.
Il peut être utile à ce niveau de préciser ou repréciser les rôles de quelques figures de l’économie que l’on a tendance à confondre en France. Tout d’abord, alors que l’expression “chef d’entreprise” renvoie à l’existence juridique d’un statut et à une catégorie sociale, comme il en existe beaucoup d’autres (ingénieur, ouvrier, journaliste, etc.), force est de reconnaître que celle d’entrepreneur, aujourd’hui, est plutôt assimilable à une manière d’être ou de faire certaines choses. En d’autres termes, si le chef d’entreprise peut être défini par les droits de propriété et/ou les mandats sociaux qu’il détient, l’entrepreneur ne peut l’être, nous semble-t-il, qu’à travers ce qu’il fait (et aussi, où et comment il le fait). Ensuite, et c’est là que s’établit le lien entre les deux notions, un chef ou un dirigeant d’entreprise peut directement ou à travers son organisation activer deux fonctions essentielles à la survie et au développement de toute entreprise. La première est la fonction d’exploration qui consiste à innover et à tirer profit de l’innovation ; à concevoir et à lancer de nouveaux produits, de nouveaux services, de nouvelles activités ; à conquérir de nouveaux marchés. Dans cette fonction, le chef d’entreprise est un entrepreneur tel que le concevait d’ailleurs Schumpeter. Notons au passage que les héros évoqués précédemment sont tous assimilés à des explorateurs ou à des innovateurs. La seconde fonction est celle d’exploitation. Elle se traduit par l’apport direct, l’acquisition, l’assemblage et l’organisation des ressources humaines, relationnelles, technologiques, physiques et financières qui s’avèrent nécessaires à la concrétisation des avancées découlant de l’exploration. Dans cette fonction, le chef d’entreprise fixe les objectifs et les stratégies pour les atteindre, il est alors gestionnaire ou manager. Relevons comme nous l’avons fait plus avant que les bandits se retrouvent plutôt dans cette fonction, il suffit d’ailleurs de se remémorer à quel point les mots “exploitation”, “exploitant”, “exploiter” sont connotés négativement en France. Celui qui exploite est assez systématiquement suspecté d’intentions non respectables. Il peut abuser d’une position jugée dominante, s’enrichir avec le travail des autres ou détourner à son profit des biens sociaux.
Dans une approche complémentaire, Stevenson et Jarillo définissent l’entrepreneur comme un individu qui poursuit des opportunités (principalement liées à la création de nouveaux produits ou de nouveaux services) sans se préoccuper des ressources directement contrôlées. Deux logiques d’action guident alors les comportements stratégiques et managériaux des individus et des organisations. L’orientation vers les opportunités d’affaires qui s’avère très proche de la fonction exploration et l’orientation vers le contrôle (et l’administration) des ressources qui relève de la fonction gestionnaire.
Avec l’Economie de l’Entrepreneuriat, le rôle des entrepreneurs et des petites firmes entreprenantes redevient central, et par conséquent la nécessité d’entreprendre. Elle est d’autant plus cruciale aujourd’hui que la France a entamé un déclin qui risque de s’accélérer assez rapidement.
En 1980, la France était encore la quatrième puissance économique mondiale, en 2007 elle n’est plus que sixième et en 2030 elle pourrait, selon les prévisionnistes, se situer au huitième rang, menacée par le Brésil. Pour éviter un tel scénario la France doit impérativement inciter ses citoyens à entreprendre.
Dérèglementer et changer les institutions, mais en douceur !
La décision de devenir entrepreneur peut être analysée comme une alternative au travail salarié et de nombreux économistes, dont Mark Casson, ont traité de ce choix. L’entrepreneur potentiel fait une comparaison parfois formalisée, le plus souvent intuitive- entre ses futurs bénéfices d’entrepreneur et ses futurs gains de salarié. La différence de gain espérée est liée au revenu moyen d’une activité entrepreneuriale réussie pondérée par la probabilité de succès et le revenu moyen d’un travail salarié lui-même pondéré par la probabilité de trouver (ou de ne pas perdre) un emploi. L’entrepreneuriat n’est pas un phénomène purement psychologique, même si la dimension psychologique y est importante. Les motivations économiques sont également importantes dans la décision de devenir entrepreneur.
Par conséquent la décision de créer une entreprise peut être décrite par un modèle économique de maximisation d’utilité. Or, en France, le coût d’opportunité du passage du salariat au non-salariat, à l’entrepreneuriat, est particulièrement élevé. Le risque supporté par l’entrepreneur n’est pas indépendant des droits associés au statut de salarié. Plus le salaire est élevé et relié à des droits sociaux futurs, plus il est coûteux de quitter ce statut. Notre système social incite peu à créer une entreprise, et ce d’autant moins qu’on a un diplôme élevé donc des espérances de gain et de statut élevés. Dans un tel contexte, on comprend aisément la faible propension des diplômés de nos grandes écoles à créer des entreprises. Georges Ribeill, un sociologue qui a étudié les comportements entrepreneuriaux des ingénieurs français, fait clairement ressortir cela : la propension des ingénieurs à créer une entreprise est inversement proportionnelle à l’étiquette sociale conférée par la notoriété de leur école.
Le choix de l’entrepreneuriat constitue donc un réel défi pour la France et les français. Que peut-on alors proposer face à la nécessité économique d’encourager l’entrepreneuriat dans un pays ayant développé depuis longtemps un tel ensemble de droits sociaux pour les travailleurs ?
Il y a deux voies, l’une politiquement acceptable et l’autre qui l’est beaucoup moins. La solution difficile à mettre en œuvre sur le plan politique consiste à rapprocher la situation du salarié de celle de l’entrepreneur, c’est-à-dire à augmenter le risque supporté par le salarié pour le rapprocher de celui supporté par l’entrepreneur. En d’autres termes cela revient à déconstruire partiellement notre système de protection sociale. Des mesures comme la mise en place du CNE (Contrat Nouvelle Embauche, permettant aux entreprises de moins de 20 salariés de licencier sans formalité pendant deux ans tout nouvel embauché), puis la proposition de CPE (Contrat Première Embauche) visant à étendre les dispositions du CNE aux jeunes. Le gouvernement dut retirer son texte face aux manifestations d’hostilité vont dans ce sens. La solution plus acceptable consiste à rapprocher la situation de l’entrepreneur de celle du salarié. Par exemple en maintenant temporairement les droits du salarié qui quitte son emploi pour créer son entreprise. Diverses mesures ont déjà été prises en ce sens. Si elles sont plus facilement admissibles politiquement elles ne peuvent être que limitées tant l’acceptation du risque comme l’espérance d’un profit constituent des dimensions centrales de la fonction entrepreneuriale.
Un deuxième point doit être relevé qui constitue également un frein à l’entrepreneuriat : la fiscalité très élevée, la socialisation des profits. En 2006 le taux des prélèvements obligatoires rapportés au PIB (Produit Intérieur Brut) était de 44%, les dépenses publiques consommaient 52,9% du PIB. Un calcul a été fait : le français commence à travailler pour lui le 16 juillet, du 1er janvier au 15 juillet inclus, il travaille pour la collectivité. Un tel contexte encourage-t-il les français à vouloir augmenter leurs gains ? Les gouvernements se succèdent, tantôt d’une couleur politique, tantôt de l’autre, et cet état de fait non seulement perdure mais même s’aggrave d’année en année.
Changer l’image des entrepreneurs
Pour changer les représentations sociales relatives aux entrepreneurs, nous préconisons une implication plus forte des principaux acteurs concernés et une revalorisation de la démarche d’entreprendre. Ces groupes d’acteurs sont les enseignants, les journalistes et les chefs d’entreprise eux-mêmes. Les enseignants et le système éducatif ont une mission cruciale : sensibiliser, préparer et former les esprits à ces situations, à ces catégories sociales et à ces fonctions. Il est essentiel que les enseignements contribuent à diffuser des connaissances sur les valeurs, les attitudes, les motivations des entrepreneurs et des chefs d’entreprise ; sur les situations et les contextes d’action dans lesquels ils opèrent ; sur les outils et les techniques qu’ils mettent en œuvre. Les enseignants et les chercheurs doivent apporter des connaissances sur des questions clés comme : Qui entreprend ? Pourquoi ? Comment ? Dans quels contextes et avec quels résultats ? Les médias constituent un vecteur indispensable et puissant pour relayer l’école et l’université. Ils peuvent toucher un public large, généralement moins averti. Des médias responsables devraient, selon nous, refuser l’amalgame des notions, génératrice de non-sens et la facilité qui consiste à ne parler que de certains types d’entrepreneurs. Les chefs d’entreprise, les dirigeants et les entrepreneurs ont aussi un rôle à jouer, celui de l’exemplarité. Ils sont (ou devraient être) des modèles et des sources d’inspiration pour toute la jeunesse. Ce rôle pourrait être mieux tenu si les acteurs concernés se reconnaissaient le devoir d’aller à la rencontre des collégiens, des lycéens, des étudiants et de leurs enseignants pour témoigner de leurs parcours, de leurs déterminants et des résultats qu’ils ont obtenus, pour montrer toute la symbolique et la force d’expériences de vies “ordinaires”.
Comment revaloriser la démarche entrepreneuriale en France ? Les statistiques officielles nous rappellent régulièrement que de nombreux individus créent ou reprennent des entreprises par nécessité vitale, pour survivre, s’insérer ou se réinsérer dans un monde social dans lequel on est “jeune de plus en plus vieux et vieux de plus en plus jeune”. En effet, les jeunes qui poursuivent des études jusqu’à l’approche de la trentaine sont aujourd’hui monnaie courante. Dans le même temps, on a tendance à vieillir prématurément dans les entreprises et les institutions au point qu’il n’est pas rare, en France, de connaître des problèmes d’employabilité entre 40 et 45 ans.
Des travaux sur les ingénieurs entrepreneurs ont montré, par ailleurs, que de nombreux ingénieurs créent des entreprises par hasard, lorsqu’ils préfèrent changer de statut plutôt qu’abandonner un projet technique ou une recherche qui n’intéresse plus leur laboratoire ou leur entreprise. La dynamique du projet et le lien affectif unissant le sujet à l’objet l’emportent sur la sécurité, parfois toute relative, de leur emploi salarié.
Ces deux modes d’accès à l’entrepreneuriat, par nécessité et par hasard, rendent compte de la faible importance que la société française accorde aux entrepreneurs et à l’acte d’entreprendre, lequel reste encore très largement contre culturel dans ce pays.
Nous pensons cependant qu’une troisième voie est possible et souhaitable. Elle va de pair avec une revalorisation de l’entrepreneuriat en tant que phénomène économique et social vital pour les individus, les entreprises, les institutions et la société dans son ensemble. Elle implique également une volonté collective et un engagement de tous les acteurs concernés.
Deux conditions nous semblent devoir être réunies pour devenir entrepreneur dans une société enfin convaincue de la légitimité sociale et de l’importance d’un tel acte.
La première condition est l’intention d’entreprendre. L’intention est la représentation cognitive de la volonté d’une personne d’exercer un comportement. Elle est considérée comme un bon moyen de prédire des comportements humains planifiés et contrôlables. L’intention, dans la théorie du comportement planifié, très utilisée dans les sciences du comportement, est le résultat de trois antécédents conceptuels que nous allons présenter en les appliquant au cas de la création d’entreprise. Les attitudes envers le comportement constituent le premier antécédent. L’intention de créer une entreprise est fonction du degré d’évaluation favorable ou défavorable du comportement en question. Pour qu’il y ait intention de créer, il est nécessaire que des attitudes favorables vis-à-vis du comportement aient été formées. Différents milieux (la famille, les territoires, les professions, etc.) peuvent agir sur ces attitudes. Les écoles, les universités, les actions de sensibilisation jouent également un rôle important. Un deuxième antécédent se trouve dans les normes sociales perçues. L’intention de créer une entreprise dépend des perceptions que les individus ont des avis des personnes ou groupes sociaux, qui comptent pour eux, par rapport au comportement envisagé. Que pensent mes amis, ma famille, mes professeurs de mon idée de créer une entreprise ? Pensent-ils que c’est bien pour moi, que c’est un bon choix de carrière ? Ces normes sociales perçues par les individus viennent notamment des milieux évoqués plus haut et sont influencées par des variables culturelles et sociétales. La contrôlabilité perçue, enfin, est le troisième et dernier antécédent. L’intention de créer une entreprise est fonction des facilités ou des difficultés perçues dans l’hypothèse où le comportement, ici la création d’entreprise, surviendrait. Dans un comportement intentionnel, les individus raisonnent en se posant des questions du type : “Ai-je toutes les compétences nécessaires ? Est-ce que je maîtrise bien les techniques et outils de gestion indispensables ? Ai-je bien identifié les bons réseaux et pourrais-je les utiliser ?”. Nous pourrions schématiquement résumer ce qui précède en postulant que pour qu’il y ait une intention de créer une entreprise, il faut que le comportement soit perçu comme étant désirable et faisable.
La seconde condition pour devenir entrepreneur est le projet. Ce dernier peut se former sous l’effet de l’intention ou venir d’un déplacement, d’une discontinuité dans la vie personnelle ou professionnelle. La rencontre d’une personne dans laquelle on voit un partenaire possible, la détection d’une opportunité dans un secteur d’activité ou encore la survenance d’une idée peuvent constituer des facteurs de déplacement qui vont contribuer à l’émergence du projet. Le projet d’entreprendre réunit d’après nous deux dimensions qui mêlent projet de vie et projet professionnel et ne sépare pas l’une de l’autre. Comment imaginer une seule seconde qu’une décision de création d’entreprise, dans cette logique de l’intention, puisse être préparée sans que toutes les implications et les déterminants n’aient été évalués, compris et acceptés. La logique du projet, le travail de projection au sens propre, s’opposent d’une certaine façon à la logique d’adaptation très, trop souvent enseignée ou considérée comme la seule possible par les individus, les institutions et les entreprises. Se projeter ouvre l’horizon et laisse une place au rêve, à l’anticipation et au changement créatif.
En conclusion, nous pensons que les entrepreneurs et les chefs d’entreprise, surtout ceux qui dirigent les PME-PMI, sont parmi ceux qui nous montrent que le rêve est encore possible, que l’anticipation est un moyen de conserver ses positions, ses ressources et son indépendance et enfin, ils nous disent, à travers leurs actes, que changer le monde et créer des richesses économiques et sociales ne relèvent ni de l’utopie, ni de la mission impossible, il suffit parfois simplement de le vouloir et de l’inscrire dans son projet de vie. Comme tous les français n’ont pas encore compris cela, il est de la responsabilité collective de contribuer à restaurer l’image de ceux qui entreprennent et dirigent des petites et moyennes entreprises. Il y va de la crédibilité nationale, dans un monde global, de faire évoluer le versant social obscur de l’entrepreneur français.
Les sociétés qui tuent l’humain, quand la Rentabilité remplace la Compétence.
Nous sommes en période de crise, les entreprises souffrent….Tel est le discours que nous entendons depuis des années.
Ces Managers qui sont mis au placard, qui sont licenciés sans égard…
On remplace, et on sacrifie des hommes et pourtant….pourquoi ne pas penser autrement, ne pas diriger autrement.
Savoir s’entourer de bons éléments est essentiel pour aller vers la réussite.
Les entreprises choisissent la rentabilité au profit de la compétence, combien ont été débarqués du jour au lendemain sans explication réelle? tout simplement parce que la raison inavouée est le salaire?
Ne nous étonnons plus du manque de savoir faire, comment des collaborateurs peuvent apprendre si les sociétés retirent du terrain les éléments formateurs.
Nos jeunes générations n’ont ils pas besoin de référants, de modèles, d’exemples.
On préfère des salariés à moindre coût, c’est plus rentable, mais les conséquences sont fâcheuses.
Manque de résultats, manque d’investissement, manque d’implication, les entreprises se retrouvent face à un problème qu’ils ont crée finalement.
Il est facile derrière une bureau, de lire une feuille d’analyse, mais qu’en est il vraiment sur le terrain?
Ce sujet tabou, un problème qu’on a peur d’exprimer….
Aujourd’hui, il est temps de mettre carte sur table, de discuter, d’affronter, ce silence est pesant.
Les médias commencent à prendre conscience du phénomène, et combien d’entre vous ont vécu cette situation qui a bouleversé votre vie…


