La stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS) pourrait permettre, en stimulant les bons neurones, d’accélérer drastiquement l’apprentissage.

La stimulation transcrânienne à courant direct (« tDCS »). Un nom barbare qui désigne une neurotechnologie en vogue. Comme les rayons X en leur temps, on l’invoque pour tout et n’importe quoi. Au début du XXe siècle, Edison s’était presque rendu aveugle et avait estropié un de ses employés par excès de rayons X. Plus tard, quand la radioactivité eut le vent en poupe, on proposa des boissons radioactives au public, ainsi que du fourrage pour le bétail… Heureusement, de pareils excès n’ont pas encore été commis avec la « tDCS ».
Cette technologie est fascinante. On a déjà prouvé qu’elle pouvait accélérer considérablement la formation des pilotes de chasse en stimulant des neurones qui interviennent dans leur apprentissage. On en a également observé un effet curatif sur le stress post-traumatique. On cherche aujourd’hui à généraliser sa fonction d' »accélérateur cognitif », même si ce n’est pas sans risques.
Le principe est simple : on stimule électriquement une population de neurones, ce qui a pour effet, entre autres, d’élever le son de leur voix parmi les 100 milliards de citoyens neuronaux de la planète cerveau. C’est donc un peu comme si on leur avait donné un mégaphone : leur signal porte plus loin et accède plus facilement au cortex frontal, centre essentiel de la planification, de la décision et de la conscience qui, elle, est un peu le tableau d’affichage central de notre vie mentale.
Impression de connaissance
La stimulation à courant direct pourrait permettre de sélectionner précisément, neurone par neurone, une connaissance à imprimer dans le cerveau. C’est de la pure spéculation pour le moment. Mais considérons le « syndrome acquis du savant », ce cas rarissime où une personne développe une nouvelle compétence, par exemple jouer du piano, après un traumatisme. L’explication fournie par certains neuroscientifiques est que dès que nous avons vu quelqu’un jouer au piano ou parler une langue étrangère, même une seule fois, il existe dans notre cerveau une population de neurones capable de reproduire cette action. En revanche, cette population n’aurait pas accès aux fonctions exécutives centrales, ce qui inclut notre conscience.
Dans cette interprétation, la pratique ultérieure du piano ou d’une langue consisterait non pas à former les neurones à la compétence, mais à connecter les bons neurones déjà existants à nos fonctions exécutives. C’est cette connexion qui demanderait vingt ans de pratique, dans le cas du piano par exemple. Dans la planète cerveau, le problème ne serait donc pas d’avoir des experts individuels, mais de les trouver parmi tout l’encéphale et de leur donner la parole. Or, cette capacité à donner la parole, c’est précisément ce que réalise la stimulation transcrânienne à courant direct. Imaginons donc que nous puissions 1) localiser les neurones compétents par imagerie et 2) les amplifier avec une précision micrométrique. Il serait alors possible d’imprimer une connaissance. « Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire », aurait dit Walt Disney.