Les banques françaises sont à deux doigts de franchir une nouvelle étape dans l’ère du shopping connecté, qui voit converger le monde du e-commerce et des magasins. Face au développement de nouveaux usages de consommation liés au mobile, elles se sont déjà toutes dotées de portefeuilles électroniques, mais, pour faire mouche, il manquait à ce contenant du contenu ! Les cartes de fidélité et promotions associées sont les grandes absentes de ces « wallets ». C’est ce sur quoi planchent depuis près de deux ans les établissements de l’Hexagone. Selon nos informations, le Crédit Agricole a en particulier quasiment finalisé le dispositif qui lui permettra de proposer à ses clients de bénéficier d’offres commerciales d’autant plus avantageuses qu’elles seront ciblées en fonction de l’analyse de leurs flux de paiements.
Les modalités seront peu ou prou les mêmes pour toutes les banques françaises. En fonction de leur consommation, les clients qui le souhaiteront recevront via leur site de banque en ligne des promotions sous forme de « cashback ». Ils devront sélectionner d’un click celles qu’ils souhaitent utiliser pour que ces offres de remise soient directement liées à leur carte bancaire. Une fois dans le magasin, le simple règlement de l’achat avec ladite carte déclenchera le remboursement partiel sur leur compte.
La plate-forme construite par le Crédit Agricole – qui a vocation à irriguer les différentes entités du groupe mutualiste – constitue le cœur du dispositif : c’est elle qui analysera l’ensemble des flux des transactions des clients volontaires. Et ce grâce à une solution logicielle fournie par la start-up Cardlinkin’, qui viendra s’implémenter sur le système d’information de la banque. Plebicom, spécialiste des services de fidélisation en ligne, apportera de son côté son expertise en matière d’animation du réseau de commerçants partenaires et de négociation des offres commerciales avec les enseignes. Mais « aucun d’eux n’aura accès aux données », garantit une source proche.
Protéger les données
Les banques assurent en effet avoir pris soin de protéger jalousement les données de leurs clients. « Le secteur veut préserver son image de tiers de confiance et il n’était pas question de mettre ces informations sensibles à disposition d’autres acteurs », souligne un expert du secteur, qui garde en mémoire les déboires de ING. Le groupe néerlandais avait reçu une volée de bois vert en annonçant il y a un an qu’il était prêt à partager les données de ses clients avec des entreprises extérieures afin de leur permettre de mieux cibler les consommateurs.
Les banques sont d’autant plus soucieuses de rassurer leurs clients sur ce plan que l’enjeu est important. Source de commissions supplémentaires (voir ci-contre), en démocratisant les programmes d’avantages liés à la carte bancaire, ce type de solution peut renforcer aussi tout à la fois la fidélité de leurs clients et le recours à un moyen de paiement moins coûteux que le liquide ou le chèque.
Or, d’autres acteurs venus d’Internet se positionnent aussi sur cenouveau marché. Pour cause : 90 % des achats se font en magasin. Plebicom lui-même, qui opère le site eBuyClub – 2,5 millions de membres et 1.900 e-commerçants – est en passe de basculer son site de « cashback » dans le monde physique. Il s’est associé à Ingenico pour permettre aussi à d’autres acteurs disposant de sites d’avantages en ligne d’étendre leurs offres à des marchands traditionnels. Dans cette configuration, c’est la plate-forme d’Ingenico qui permettra de faire le lien entre le client, identifié par sa carte quand il paie sur le terminal de paiement, et Plebicom qui déclenche l’offre de remboursement. Le spécialiste de la fidélité en ligne a déjà trouvé un accord de poids : il prépare la bascule dans le monde physique d’ici à la fin de l’année du site Ma Galerie Marchande de MasterCard