A quel moment doit-on effectuer sa première levée de fonds ? Retour d’expérience avec Arnaud Katz, co-fondateur de Bird Office.
L’AirBnB des salles de réunion a levé 1,2 millions d’euros fin 2015. Comment la start-up, qui met en relation les entreprises prêtes à partager leurs espaces vacants et les professionnels en quête de salles, a-t-elle procédé, deux ans après sa création ? Arnaud Katz, co-fondateur de Bird Office, expose les quatre principes qui ont mené à la réussite de l’opération.
#1 Avoir déjà des clients et des contrats en poche
Avant de penser à une opération de capital risque, soyez certain que votre activité commence à séduire le marché. Il faut déjà réaliser du chiffre d’affaires ou au moins avoir signé plusieurs contrats ou partenariats qui auront très vite un impact. Plusieurs indicateurs précis (nombre de produits vendus, nombre d’inscrits sur un site …) doivent prouver que votre offre attire un public significatif de particuliers ou d’entreprises. Bref, que la start-up ait pris son envol. Meilleurs seront vos chiffres et plus votre capacité à mobiliser du capital sera forte. Au moment de sa levée de fonds de 1,2 million d’euros fin 2015, Bird Office avait déjà fait la preuve du concept. « La croissance était de 30 à 40% par mois et la récurrence de la clientèle très forte», témoigne Arnaud Katz, co-fondateur en décembre 2013 de cette plateforme de réservation d’espaces professionnels à l’heure ou à la journée.
#2 Ne pas se précipiter sur le premier investisseur
Les bons projets sont souvent très tôt repérés par les investisseurs. Surtout s’ils ont été distingués par des concours de start-up. « Aux sollicitations d’un fonds, n’hésitez pas à lui répondre : revenez me voir dans un mois, si vous ne vous sentez pas encore suffisamment solide pour présenter votre projet», recommande Arnaud Katz.
Ne vous focalisez pas uniquement sur le montant à lever, la capacité du fonds à vous accompagner sera aussi importante.« Entre plusieurs investisseurs, choisissez celui avec lequel vous avez envie de bosser, poursuit l’entrepreneur. Le fonds News Invest qui nous a financés est aussi là pour nous aider à développer l’activité. Leur management est très opérationnel, réactif avec un réseau qui peut répondre à nos besoins ».
#3 Anticiper la durée de l’opération
En moyenne, une opération de levée de fonds prend facilement six mois. Si vos résultats sont encore fragiles, la durée peut encore s’allonger. Sollicitations restées sans réponse, rendez-vous sans suite … le marathon va vous épuiser. Si vous ne réussissez pas à faire rêver l’investisseur, il sera difficile d’avoir une seconde chance. C’est pour cela qu’il ne faut pas partir trop tôt. « En revanche, si votre traction est réelle et mesurable, la levée de fonds peut se boucler assez rapidement, affirme Arnaud Katz. Il a suffi de quelques entretiens et au bout de trois semaines notre investisseur a donné le feu vert. Un mois de plus a été ensuite nécessaire pour concrétiser le deal avec les avocats ».
#4 Avoir une réserve de trésorerie
N’attendez pas non plus d’être en panne de trésorerie pour solliciter des investisseurs. En étudiant vos comptes, ces derniers s’apercevront vite de votre situation et en profiteront pour vous imposer des conditions défavorables. Par exemple une valorisation très inférieure à celle que vous espériez. Le couteau sous la gorge, vous serez tenté d’accepter n’importe quoi. « Pour notre part, nous avons toujours au moins six mois d’avance dans les caisses, assure Arnaud Katz. Nous étions donc très sereins au moment de négocier. L’idéal est d’inverser le rapport de force en donnant à l’investisseur le sentiment qu’il a besoin de vous ».
Par BRUNO ASKENAZ