Notre propre intelligence se transforme

C’EST DEMAIN – Il n’y a pas que l’intelligence artificielle (IA) qui s’améliore au contact du numérique, nos propres fonctions cognitives évoluent par le biais des interactions homme-machine. Il a ainsi été montré que la pratique des jeux augmente notre capacité à traiter des informations en parallèle, à analyser des scènes et à y être réactif, à élaborer et à vérifier des hypothèses quand il est nécessaire de construire une théorie du jeu dans lequel même les règles sont à découvrir, et que cela produit en outre un entraînement musculaire car l’aire corticale frontale – qui gère et anticipe le mouvement – est constamment sollicitée. La génération dite Z développe un cerveau qui est différent de celui de ses parents, et acquiert de nouvelles compétences cognitives. Demander à cette génération de participer à la création des AGI (intelligence artificielle générale) par le biais de jeux sérieux comme EyeWire au MIT (une plateforme pour repérer tous les neurones sur des images cérébrales) et la co-éduquer avec les AGI naissantes serait une voie prometteuse pour l’émergence d’une ASI (super-intelligence artificielle) utile à l’humanité. Car, au lieu de créer une intelligence imitant ce que nous sommes aujourd’hui, il serait plus… intelligent de la pousser sur ce qu’elle sait faire de mieux, l’aide à la décision, et co-évoluer avec elle. Cette ASI, que l’on craint aujourd’hui, sera, qui sait, ni totalement artificielle ni totalement naturelle.

La morphologie computationnelle ou l’intelligence incarnée

À Mines Nantes, Frédéric Boyer est un roboticien qui travaille selon une approche bio-inspirée. Il développe des robots qui ne nécessitent pas le recours au calcul informatique pour acquérir leur autonomie et explorent leur environnement grâce aux particularités de leurs corps, selon des principes dits de morphologie computationnelle. Cette robotique bioinspirée reconsidère l’intelligence comme une propriété émergeant des interactions du corps de la machine-animal avec le monde qui l’entoure : c’est l’intelligence incarnée. Elle ouvre la voie au développement de nouveaux sens, tant pour les artefacts que pour les humains. Parmi ceux-ci, le sens électrique, présent chez certains poissons, qui leur permet de naviguer dans des eaux sombres ou turpides. Un tel sens offre une représentation spatiale de son environnement complémentaire, qu’il peut être utile de posséder quand on évolue dans un milieu hostile.

La vie telle que nous la connaissons ?

Qu’y a-t-il en commun entre deux des sessions scientifiques que l’on retrouve depuis la première édition à Megève des Augmented Human International Conferences : Haptics and Exoskeletons et Augmenting Realities ? Dans les deux cas, la proposition est de faire des expériences de vie nouvelles, soit à l’aide d’extensions mécaniques, soit par l’ajout ou la simulation d’informations, ou bien une combinaison des deux.

Ce texte est un extrait du Cahier de veille de la Fondation Télécom, intitulé « L’Homme augmenté : Notre Humanité en quête de sens », rédigé par Aymeric Poulain Maubant avec la contribution des chercheurs des écoles de l’Institut Mines-Télécom. La première partie de ce texte est disponible en cliquant ici. La seconde partie disponible ici.

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