Cette transformation digitale dont nous avons défini les grandes lignes ne consiste pas à poser un outil nouveau sur un modèle ancien. Il s’agit bien d’une transformation profonde de la Société et donc des entreprises.
J’ai eu récemment des échanges fructueux avec des étudiants qui réfléchissaient sur ce que devra être « l’acheteur numérique » de demain. Le point de départ de la discussion porte systématiquement sur les outils avec cette question : comment l’acheteur va-t-il pouvoir améliorer ses pratiques au sein des entreprises avec ce que nous offre la technologie aujourd’hui ?
Et puis, petit à petit, en tirant les ficelles et en leur faisant quelques remarques, ils se rendent compte que « l’acheteur numérique » aura certes de nouveaux outils mais qu’avant tout il évoluera dans un monde où les repères auront complètement changé. Que devient l’acte d’achat dans un monde où le collaboratif n’est plus anecdotique, dans un monde où le troc devient une réalité ou bien encore dans un monde où l’open se développe ? L’acheteur numérique sera la personne qui devra savoir évoluer dans cette réalité !
Cet exemple est duplicable pour tous les métiers de l’entreprise.
Un changement culturel important
Il s’agit donc bien d’un changement culturel important. Il va falloir développer des nouvelles façons de penser ses produits, ses services mais aussi son organisation interne. Cette démarche sera à mener autant en externe, vis à vis de ses clients qu’en interne, vis à vis de ses collaborateurs. L’expérience client sera bonne si l’expérience collaborateur l’est aussi. Prenons l’exemple de l’open innovation : le Gartner annonce qu’en B to C, 75% de l’innovation se fera dans les années à venir, avec une implication très forte des clients. Il va donc s’agir de faire interagir les collaborateurs et les clients dans une démarche collaborative.
La grande problématique qui se pose aux dirigeants est de comprendre comment l’entreprise va réussir à faire évoluer chacune de ses activités ensemble.
Pour réussir cela, il n’y a rien d’incrémental, c’est bien une transformation qu’il faut mener. La ligne principale à suivre est très pragmatique, elle consiste à s’attaquer à des problèmes afin de les résoudre en avançant de manière agile en étant curieux,créatif. L’engagement de chacun doit être fort et c’est en réseau – en écosystème que l’on doit avancer avec comme constante : la reconnaissance du droit à l’erreur. Ce dernier point n’est pas dans notre culture latine mais c’est indispensable pour libérer la capacité à entreprendre et les apprentissages suite à ses erreurs sont un gage de performance. Cette transformation touchera chacune des fonctions de l’entreprise du haut en bas de la hiérarchie. D’ailleurs une des conséquences de cette transformation sera de rendre les entreprises horizontales de façon à pouvoir mieux se positionner sur la nouvelle chaine de valeur que le client a… du fait de la transformation digitale.
Digitaux natifs, dirigeants qui est le leader de la transformation digitale ?
C’est dans le contexte que nous venons de décrire que les « digitaux natifs » qui savent comme la plupart des jeunes de tout temps, utiliser à fond ce que l’époque leur offre, pourront participer pleinement à la transformation digitale des entreprises.
Il est inquiétant pour les entreprises de constater comme ces « digitaux natifs » se comportent différemment selon le contexte : ils peuvent être disrupteurs dans un contexte de startups et se focaliser sur des enjeux d’intégration quand ils rejoignent des entreprises « classiques ».
Carine Dartiguepeyrou présentera le 10 septembre 2015, les résultats des travaux qu’elle a menés dans le cadre de la Chaire GEM-Orange « Digital Natives » à l’occasion d’un Jeudi de l’Entreprise Digitale de l’EMSI exceptionnel.
Force est de constater que ce ne sont pas les jeunes générations qui créent les dynamiques de transformation dans les entreprises existantes. Par contre, si ces dynamiques sont lancées, ces digitaux natifs pourront amplifier ces démarches de transformation.
C’est donc bien aux dirigeants qui commencent d’ailleurs à être des digitaux natifs, de porter ce chantier et de créer dans chacune de leurs entreprises les capacités à se disrupter soi-même.