Vider des poubelles débordantes, recycler les feuilles usagées, commander de nouveaux cartons… La gestion du papier fait partie des nombreux et coûteux casse-tête que les entreprises doivent gérer au quotidien. Mais ce cauchemar pourrait ne durer encore que quelques années: le temps nécessaire pour quela start-up britannique Reduse mette à point son projet.
Cofondée par David Leal, chercheur à l’Université de Cambridge, qui a conçu l’idée, et Hidde-Jan Lemstra, qui a convaincu ce dernier de commercialiser son invention, l’entreprise a élaboré une machine capable d’effacer tout texte imprimé au toner.
« Il suffit d’empiler les feuilles à blanchir et de les positionner devant la bouche de l’appareil, pour les retrouver parfaitement propres à l’issue du processus », explique Hidde-Jan Lemstra.
La technologie, qui utilise l’ablation au laser, fonctionne sur tous types de papiers et de couleurs: seul le texte éventuellement écrit ou ajouté au stylo ne peut pas – pour le moment – être effacé: soit 30% du papier jeté, selon l’entrepreneur.
Beaucoup moins de CO2 que lors du recyclage
Une révolution en termes de simplicité, donc: désormais, « il n’y aura même plus besoin de détruire les documents confidentiels », fait remarquer Hidde-Jan Lemstra. Mais aussi sous l’angle de l’impact sur l’environnement. « En blanchissant et réutilisant le papier, on émet 80% de CO2 de moins qu’en recyclant les feuilles », calcule le jeune directeur général.
Potentiellement, le même papier peut être réutilisé à l’infini, du moins tant qu’il n’est pas froissé ou déchiré. Et même l’encre pourrait à terme être réutilisée, une fois que le moyen de séparer les diverses couleurs aura été trouvé.
Le premier modèle sera vendu à 2.000 euros
Quid alors des coûts? « Les grosses sociétés, qui impriment beaucoup de documents, rentabiliseront leur acquisition d’une ‘désimprimante’ en 18 mois », estime Hidde-Jan Lemstra, sur la base de celui qui devrait être le prix du premier modèle en vente: 2.000 euros.
Il faudra néanmoins patienter encore un petit peu, puisque la production devrait être lancée dans deux ans, pour une mise sur le marché dans trois. Reduse, qui a déja reçu au total 900.000 euros par un accélérateur de start-up de l’Union européenne basé au Royaume-Uni, l’un des Climate Kics, et levé 1 million d’euros auprès d’investisseurs privés, un fonds capital-risques et le gouvernement britannique, affirme avoir besoin au total de 5 millions d’euros afin d’atteindre son objectif.
Déjà contactée par de grosses sociétés
Sélectionnée parmi les finalistes de l’édition 2015 du concours entre start-up de l’Institut européen d’innovation et technologie (European Institute of Innovation and Technology, EIT), la société reste en revanche prudente quant à une éventuelle acquisition. « De très grosses sociétés sont déjà venues frapper à notre porte mais c’est trop tôt pour leur faire confiance », observe Hidde-Jan Lemstra.
« Pour le moment, nous n’avons rien à leur vendre », observe-t-il humblement. Mais Reduse, qui aujourd’hui compte trois associés, six salariés et cinq partenaires en trois continents, et qui a déjà déposé ses brevets dans plusieurs pays, est surtout consciente du potentiel disruptif de son produit et n’a pas l’intention de le solder.