Avis aux publicitaires: les femmes ont changé !

les 12 archétypes de la féminité à l’usage des publicitaires (c) Kantar Mediales 12 archétypes de la féminité à l’usage des publicitaires (c) Kantar Media

Il y avait urgence : mieux éduquées, disposant d’une espérance de vie plus longue et d’un fort pouvoir d’achat – évalué à 18 milliards de dollars en 2018 selon l’étude – les femmes sont aujourd’hui à la tête d’une start-up sur trois dans le monde, contre une sur 25 en 1972.  Cependant, malgré « l’évolution en cours de la vision de la féminité, on constate une déconnection entre le ressenti et le discours des marques »,  a expliqué Céline Gorgeon, directrice d’Addedvalue France, lors d’une présentation des résultats en avant-première, le 26 mars. De quoi renvoyer aux oubliettes les bons vieux stéréotypes – après, il est vrai, de longues années de bons et loyaux services rendus à la cause de la mode, de la beauté et…des produits ménagers, bien sûr.

Des femmes âgées célébrées

La perception du vieillissement, donc, est le premier des grands changements sociétaux signalée par l’étude. « Finie, la recherche de la jeunesse éternelle, on célèbre désormais les femmes âgées », souligne Camilla Guimard, spécialiste de l’analyse culturelle à Addedvalue. Et voilà Charlotte Rampling, Inès de la Fressange (57 ans), Jane Fonda (77 ans), ou Joan Didion, la nouvelle égérie de Céline – 80 ans au compteur –  redevenues « des modèles inspirants » à la faveur du vieillissement de la population, sans doute, mais aussi d’une société perçue comme plus « intergénérationnelle ». Sans oublier cette nouvelle tendance à considérer « l’âge comme source de libération », dixit l’experte, en invoquant l’existence « de nombreux blogs » utilisant ce thème. Deuxième axe de transformation : la relation hommes-femmes, aujourd’hui marquée par un plus grand sentiment « d’indépendance et de liberté » des femmes, voire de « goût pour l’éphémère », illustrés à merveille par le slogan que les trentenaires adorent, « adopte un mec ». Et dans notre monde global, la femme occidentale est loin d’être la seule à vivre cette révolution : en Chine, le « solo living » ne cesse de progresser, tandis qu’au Japon, les geishas seraient progressivement remplacées par les « femmes carnivores ». A vérifier tout de même, dans un pays  fort peu porté à la parité et au travail des femmes.

Trois pistes prometteuses

Dans l’escarcelle de nos exploratrices de tendances, trois autres pistes prometteuses. Une nouvelle « relation au corps » : ce dernier n’a plus à être parfait, et peut même servir de « message politique » (comme dans le cas des Femen). La maternité : finie, « l’image de la supermaman », elles se mettent en réseau sur internet pour échanger au sein d’une même « communauté ». Quant aux papas, les voilà désormais plus engagés…puisque 10% d’entre eux restent à la maison : pas encore un raz-de-marée, donc ! Enfin, une « nouvelle étape du féminisme, mieux intégré à la société » dont les égéries pourraient être la chanteuse Beyoncé, symbole de puissance et de réussite, et l’actrice Emma Watson (Harry Potter), ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes. En 2015, être féministe n’empêche plus d’être féminine, plaident les auteurs de l’étude. Certaines marques surfent d’ailleurs déjà sur cette mouvance, comme Pantene (P&G), qui fait campagne sur le thème « Don’t be sorry ». Ne vous excusez pas en permanence : un grand classique du coaching au féminin.

Conclusion ?  « Etre féminine en 2015 n’a pas d’âge et pas de frontière », résume Isabelle Guégan, directrice commerciale à Kantar Media. Pour elle, une douzaine d’archétypes se combinent pour dessiner la féminité d’aujourd’hui. A l’éternelle femme fatale représentée dans les publicités pour les marques de luxe, et à la classique amazone – plus connue aujourd’hui sous les traits de la femme de pouvoir – s’ajoutent désormais des femmes libres et un brin provocatrices (mind shakers), des gaffeuses rigolotes (goofs), des oiseaux sur la branche, énergiques et créatives (humming birds), mais aussi des adeptes de la « zen attitude » – très prisées des marques de cosmétique et des voyagistes – de traditionnelles idéalistes, et des « Girls only » auxquelles on vendra sans scrupule des cartes de crédit rose Barbie. Ou encore des aventurières (Ralph Lauren, Vuitton), des jongleuses (nouvelle version de la Working girl des années 90), des femmes « nature », des alternatives, tendance intello. Et même des femmes…. « qui transgressent les codes de la féminité », comme la britannique Tilda Swinton, blonde égérie de l’ambiguïté. Et maintenant ? Les marques vont devoir se positionner par rapport à ces nouveaux modèles. Et se confronter à cette multiplicité des nouvelles formes de la féminité. Bon courage : c’est nettement moins facile que de parler à la ménagère de moins de 50 ans !

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