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Comment motiver la “bof génération” ? Passer le relais, oui mais à qui ?

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Coincés entre des baby boomers en départ à la retraite et une génération Y en pleine explosion, les enfants de la génération X seront bientôt aux commandes. Qui seront ces dirigeants de la “bof génération” et à quoi doivent ils s’attendre  ?

Publicis bashing : passer le relais, oui mais à qui ?

La critique de la politique de transmission (enfin résolue) du dirigeant du leader français de la pub, Maurice Levy, a ses limites : où sont les quadras et les jeunes quinquas susceptibles d’inspirer confiance à un briscard du capitalisme français ? La génération X est censée prendre les commandes d’une France qui a soif de leaders bienfaisants… mais la relève manque à l’appel. 

Nés entre 1960 et 1980, coincés entre les baby-boomers et les fameux Y, nous formons un ventre mou générationnel, bourré de qualités, mais assez désespérant. Enfants d’une transition sociale majeure, nous vomissons le paternaliste, sans pour autant proposer une alternative managériale viable.

Le défi du leadership

Au-delà de la taille des entreprises, le leadership est notre plus grand défi. Enfants des premiers bobos (tendance « flower power »), la notion même de chef représente tout ce que nous détestons : l’autoritarisme, la partialité et les privilèges. Rebelles par omission, les responsabilités nous font l’effet d’une patate chaude qui ne mérite qu’une chose : être balancée à la génération suivante, notablement encensée par les médias (elle).

Notre problème est l’engagement. Notre cynisme masque notre peur. Comme dirait maître Yoda, notre seul véritable éducateur, fondamentalement embivalents nous sommes. À la direction des entreprises, nos hésitations exaspèrent et libèrent le passage à quelques opportunistes sans foi, ni loi, ni maturité.

L’étymologie du mot ambition devrait pourtant nous rassurer : ambi (deux), ition (mouvement). L’ambition, c’est progresser sur les deux plans : matériel et spirituel. L’ambition vraie associe donc étroitement business et développement personnel, croissance économie et solidarité, etc.

L’entreprise de soi

Comment accompagner cette génération à se positionner, prendre des responsabilités et à s’autoriser sa vision créatrice ? “Nous avons besoin d’approches personnalisées, pour trouver du sens à notre vie”, me répondaient il y aq quelques jours deux managers, lors du vernissage d’une boutique de jambon, rue des Martyrs à Paris ! Logique : selon Paul Diel – fondateur de la psychologie de la motivation – le désir essentiel en chacun est la transformation personnelle guidée par le sens à l’action.

L’auteur, encensé par Einstein, donne un conseil : cultiver la conscience de soi. Elle permet de démasquer les fausses motivations, les faux motifs à l’action, qui génèrent l’hésitation. Se faire accompagner facilite alors l’observation intime, l’introspection : un “phénomène biologique transformateur”, selon l’auteur ! La tolérance à la frustration augmente. Grâce à la patience, le candidat à l’entreprise de soi accumule de l’énergie. Celle-ci renforce sa lucidité. Les obstacles sont alors plus clairement pensés : leur franchissement est facilité.

Cet effort constant favorise une vie véritablement personnelle : l’individu porte son point de gravitation en lui-même (et moins dans le regard des autres). La transformation de soi est durable : elle porte le moyen de contrôle en elle-même.

Assumer cinq contraintes existentielles

L’écrivain américain Irvin Yalom définit cinq contraintes existentielles (profondément liées au fait d’être humain) : cinq chantiers permanents, incontournables pour être une femme / un homme debout dans sa vie.

  1. La contrainte de finitude : accepter d’être mortel, tolérer que les choses ont une fin, reconnaître les limites.
  2. La contrainte de solitude : accepter d’être seul, par nature singulier et atypique, porte d’accès à la liberté.
  3. La contrainte de responsabilité : se reconnaître responsable de sa valeur, de ses émotions et de ses actes, s’engager dans la vie, se positionner. Sortir d’un monde intérieur infantilisant et culpabilisant, fait d’interdits (massifs et définitifs). Bref, trouver son centre de gravité en soi-même (et non dans le regard des autres).
  4. La contrainte d’imperfection : accepter d’être imparfait, poser un regard positif sur soi et sur sa vie (bienveillance), être son meilleur ami, s’aimer jusque dans ses défauts, déceler la beauté et la dignité en soi, s’émerveiller de ses talents, dont les plus spectaculaires sont le fruit de nos fragilités et des épreuves traversées.
  5. La contrainte de sens : construire le sens aux différentes étapes de sa vie.

Piliers de la terre

Génération douce, nous nous préparons à prendre la relève, à être à notre tour des piliers de la terre. Nous découvrons de nouveaux verbes : se reconnaître, se positionner et s’affirmer. Courage camarades ! Avec calme, sensibilité et détermination, ayons le courage d’être. Ensemble, nous pouvons y arriver. Les Y, bourrés de talents et d’espérance, ne le feront pas sans nous : ils ont le pouvoir de changer le monde, nous avons le devoir de le préparer pour eux.

par Matthieu Langeard

L’art de la négociation : transformer un « non » en un « oui » !

 

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Dans le business, « never take « no » for an anwer »… En Français, ne vous satisfaites jamais d’un « non » ! Mais comment transformer un « non » en un « oui », et quelles attitudes adopter ? Voici 10 conseils pour ouvrir le champ des possibles et faire de vous un fin négociateur.

Avant de devenir conférencier sur les Richesses Humaines et la poésie d’entreprise, j’ai commencé par dix ans de carrière en entreprise, et notamment en tant que Global Account Manager chez Microsoft. Et dans mon métier, j’ai toujours été passionné par l’art de la négociation et les joutes verbales. Une phrase de Schopenhauer m’inspire encore aujourd’hui : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. » Ce que Reid Hoffman, cofondateur de Linkedin traduit de façon un peu abrupte, mais si vraie dans les affaires : « Si vous n’avez pas honte de votre produit, c’est que vous l’avez sorti trop tard ».

Une innovation peut être donc considérée une désobéissance qui réussit. Mais alors, comment faire accepter vos idées, imposer votre réalité et la rendre évidente, utile, voire même nécessaire aux yeux des autres ? Voici quelques pistes pour devenir un fin négociateur et, surtout ne pas accepter un « non » pour argent comptant, et tenter de le transformer en « oui ». Augmenter votre pouvoir de persuasion vous amènera à construire des relations de partenariat durable, à conclure une levée de fonds, ou à faire accepter votre nouveau concept sur le marché.

Mais revenons à vous un instant ! De prime abord, savez-vous, vous-même, dire « oui » et dire « non » ? Savez -vous vous affirmer, faire passer votre message et votre point de vue ? Dans une aventure entrepreneuriale, il est parfois difficile de garder le cap que l’on s’est fixé sans se disperser au gré des vents de face. Dans le monde de l’entreprise et des affaires, tout se négocie, sauf notre mission de vie et nos valeurs intrinsèques. Aussi, il est crucial d’atteindre un compromis, un équilibre, un win-win…

Pour obtenir un « Oui, Oui » ferme, je vous propose 10 pistes à explorer dans l’art de la négociation :

1. Préparez-vous en amont

Une bonne négociation, comme une bonne présentation, ne peut avoir lieu que si vous êtes préparé, et que vous maitrisez pleinement votre sujet. Alors entrez dans la table des négociations avec des arguments préparés et répétés. Anticipez les objections pour avoir l’air d’être clair, précis, convaincu et exhaustif dans votre analyse. Comme disait Richard Nixon : « Il faut toujours être prêt à négocier mais ne jamais négocier sans être prêt ».

2. Arrivez convaincu de repartir avec un oui

Psychologiquement, c’est important : il ne doit pas y avoir d’alternative possible dans votre esprit. Il est préférable d’avoir une vraie volonté de gagner, d’arriver en négociation avec une véritable envie d’emporter un contrat malgré les obstacles éventuels.

3. Mettez-vous à la place de votre interlocuteur

Ecoutez d’abord, observez, faites preuve d’empathie pour comprendre les besoins et les envies de votre interlocuteur, afin d’y répondre vraiment en profondeur. Quelle « expérience client » lui proposez-vous ? Donnez-lui envie de faire partie de votre aventure.

4. Restez ouvert dans votre proposition

Il n’y a rien de pire que d’arriver avec une idée arrêtée, préconçue, sans avoir un minimum de flexibilité ou sans tenir compte des envies et besoin de votre interlocuteur. Pour obtenir un « oui », il faudra peut-être faire évoluer votre offre, changer de perspective, faire pivoter votre stratégie, baisser le prix, amender l’offre, augmenter le nombre de parts, changer la rémunération, modifier le territoire, etc. La seule question à vous poser en amont est : jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour obtenir ce « oui » ?

5. Recherchez un partenariat win-win

Visez dans le mile, trouver le compromis, le point de bascule, en comprenant ce qui va intéresser votre client, marché ou investisseur pour que les deux parties se reconnaissent dans votre offre, laquelle pourra être adaptée, sur-mesure ou même générale.

6. Adoptez la stature d’un « conseiller crédible »

Soyez un « trusted advisor », cet expert fiable sur lequel on peut compter pour assurer la livraison de votre prestation. Votre interlocuteur doit avoir confiance en votre capacité de délivrer, voire d’être visionnaire pour l’accompagner sur le long terme en devançant la concurrence ou ses besoins.

7. Soyez créatif et imaginatif dans vos solutions

Soyez inventifs, imaginez des scénarios possibles et originaux, pensez « out of the box », à l’extérieur de la boite, car il y a toujours une solution et une adéquation pour trouver un accord. N’hésitez pas à prendre des risques ou à faire du sur-mesure.

8. Soyez authentique et sincère dans la relation

La vie est longue et les relations d’affaires durent. Si vous n’obtenez pas un accord aujourd’hui, peut-être sera-ce le cas demain quand vos offres et les besoins du client concorderont. Aussi ne promettez rien que vous ne pourriez tenir ! Comme dans toute relation, tenez votre parole.

9. Ayez la sagesse d’attendre le bon moment

Il est parfois inutile d’insister si vous voyez que la personne n’est pas réceptive. Revenez le moment où vous sentez que vous serez tous les deux prêts et en phase. Accueillez la décision et laissez les choses se faire naturellement. Peut-être que c’est le client qui vous recontactera d’ailleurs. Donc laissez toujours une bonne impression, n’abandonnez pas, persévérez, apprenez des retours constructifs du client, et soyez encore là le jour J.

10. Sachez conclure

Peu importe l’enchainement de votre argumentaire si au final, vous ne finissez pas le travail, c’est à dire clôturer une vente ou signer un contrat. Alors pensez à aller jusqu’au bout avec un accord écrit. Au-delà des lettres de félicitations et de remerciement, « le dernier mot en affaires est toujours un chiffre », disait Pierre Dac, alors n’oubliez pas d’obtenir un « oui » définitif.

 

►►► Si vous suivez ces instructions, seul le ciel sera votre limite dans vos objectifs pour votre entreprise de vie et votre avenir ! Toutefois, sachez parfois accepter un « non » temporaire, et focalisez-vous ensuite sur votre stratégie pour obtenir un « oui » futur. A vous de jouer, et souvenez-vous que la négociation, comme l’échec, sont des jeux. « On peut convaincre par la force de la vérité, on ne doit pas imposer la vérité par la force », affirmait le philosophe Platon. Alors soyez honnête, en accord avec vous-même, vos valeurs, votre offre, et soyez habité par votre proposition. La vérité est toujours le meilleur moyen d’obtenir un « oui » durable.

par VINCENT AVANZI
Vincent Avanzi se présente comme un Chief Poetic Officer et Développeur de Richesses Humaines. Il est fondateur de La Plume Du Futur, cofondateur de l’Université du Bonheur Au Travail, et auteur des livres « Sur la Route de Soi » et « Le Bien-Etre Plan des Entrepreneurs ».

 

 

Savoir s’entourer pour rompre la solitude du chef d’entreprise

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 La volonté de maîtrise du pouvoir enferme et isole le chef d’entreprise. Une étude Bpilab montre ainsi que près de la moitié des dirigeants de PME et d’ETI souffrent d’un sentiment de solitude. Une menace qui peut mener à la dépression et au burn-out.

Le sentiment de solitude touche 45 % des dirigeants de PME et d’ETI en France, d’après une étude Bpi-Lab réalisée auprès de 2.398 chefs d’entreprise. « Tabou, ce phénomène est depuis toujours passé sous silence, explique Olivier Torrès, professeur à l’université de Montpellier et à la Montpellier Business School, président de l’observatoire de la santé des dirigeants Amarok et auteur de l’étude. Notre culture survalorise et héroïse les fondateurs de sociétés, renforçant le mythe du patron seul maître à bord qui ne doit montrer aucune faiblesse ni doute. » Ainsi, si trois dirigeants sur quatre déclarent qu’ils ne se sentent pas soutenus par leur entourage, l’expert explique que peu parlent de leurs problèmes à leurs proches.

Le sentiment de solitude toucherait particulièrement les dirigeants de PME. « Hormis les entreprises familiales, les patrons de PME se voient comme des indépendants qui n’ont de comptes à rendre à personne, poursuit l’enseignant chercheur spécialiste des PME. Cette attitude crée les conditions d’une forme d’enfermement. » Dans un monde de plus en plus incertain et complexe, ce comportement risque d’engendrer un surmenage du chef d’entreprise et même un épuisement physique et psychologique, autrement dit un « burn-out ». Que faire pour ne pas en arriver là ? « Le chef d’entreprise doit prendre conscience que lui seul peut déconstruire son isolement en se créant une “armature psychologique” qui le protège », insiste Olivier Torrès, qui propose 4 solutions concrètes.

#1 : Créer un comité de pilotage

Constitué de pairs, le comité de pilotage ou de direction sert à éclairer la prise de décisions. « Ce comité peut se rencontrer tous les six mois, autour d’un repas, pour discuter des principaux axes et visions stratégiques de l’entreprise », explique-t-il.

#2 : Faire de la stratégie

« Les dirigeants de petites et moyennes structures se consacrent peu à la stratégie, par manque de temps », déplore Olivier Torrès. Un défaut compensé par la souplesse et la réactivité de l’entreprise. Or, la veille stratégique reste essentielle pour travailler le positionnement de l’entreprise et bâtir une stratégie de croissance. « Cela permet de gagner du temps au quotidien en distinguant mieux l’urgent du stratégique », précise Olivier Torrès, qui conseille de « s’astreindre à prendre une journée par mois pour réfléchir à la direction que l’on prend. »

Il préconise d’ailleurs de sortir de l’entreprise, afin de ne pas être parasité par le quotidien. Autre conseil pour capter les tendances, rencontrer régulièrement ses pairs et accéder aux informations essentielles de son secteur d’activité : adhérer à un réseau professionnel ou à un syndicat patronal.

#3 : Faire émerger un second

« Beaucoup de dirigeants ont du mal à se trouver un second, ce bras droit indispensable sur lequel s’appuyer, déplore l’expert. Cela réclame d’écouter les signaux faibles émanant des salariés, car le bon bras droit n’est pas forcément celui auquel on pense de prime abord. » Pour faire émerger la bonne personne et déceler les collaborateurs les plus motivés et talentueux, Olivier Torrès recommande de créer des challenges en accordant une forte autonomie d’exécution aux salariés. Un style de management plus horizontal et collaboratif favorise également l’implication et la prise d’initiatives de la part des salariés.

#4 : Ouvrir son capital

Pour impliquer les collaborateurs, le dirigeant peut aller jusqu’à ouvrir son capital par un système d’intéressement ou d’actions gratuites, voire même en augmentant les fonds propres. « Plus qu’une perte d’indépendance, cela favorise l’émergence d’une nouvelle interdépendance entre les parties prenantes de l’entreprise », analyse Olivier Torrès.

ARIANE GAUDEFROY

Comment calculer la « juste » valeur d’une PME

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Le « juste » prix doit permettre au repreneur de financer l’entreprise sans l’empêcher d’investir ou de maintenir son outil de production en état.

Le juste prix pour une entreprise indépendante, et donc non cotée, est un prix « raisonnable », c’est-à-dire un prix « raisonné ». Cela signifie que tous les prix sont recevables, à la condition d’être argumentés.

Mais alors, quels sont les arguments qui « tiennent », en pleine négociation ? A cet égard, je ferai une première observation destinée aux acquéreurs. La transmission de PME est un marché où les opportunités correspondant exactement aux critères de recherche souhaités sont rares. Quand on tient une « bonne » cible, il faut s’y accrocher… et accepter de rester ouvert dans la discussion sur le prix. Si un problème survient, marquez clairement et calmement votre désaccord et ajoutez la phrase « on va trouver une solution ». De cette manière, vous ne vous braquez pas, tout en signifiant que vous souhaitez un compromis acceptable. Dites-vous bien que la plupart des cédants d’entreprises n’ont aucun repère, car c’est la première fois qu’ils vendent leur entreprise et qu’ils testent en permanence votre résistance.

Aux vendeurs, je dirai qu’il n’y a pas un seul prix pour une entreprise mais qu’il existe, autour d’un montant pivot, autant de prix que de repreneurs. Il ne faut donc pas s’arc-bouter sur un montant précis issu d’une étude théorique ou d’une conviction impérieuse.

Les expertises financières usuelles qui conditionnent la plupart des évaluations de PME, telles que la méthode patrimoniale et celle de la valeur du rendement, sont imparfaites et insuffisantes. Il ne faut pas les prendre pour vérité absolue et il convient de les compléter par une investigation approfondie des « qualités » de l’entreprise. C’est ce qu’on appelle le « capital immatériel », ou, plus prosaïquement, le fonds de commerce.

Déterminer un prix « limite »

Pour mettre tout le monde d’accord, je préconise de procéder à une approche pragmatique à partir d’un simple calcul arithmétique de bon sens. Prenons l’exemple d’une entreprise dont le propriétaire estimerait la valeur à 1,5 million d’euros, alors que l’acquéreur n’en proposerait qu’un million. Supposons que cette entreprise dégage un résultat d’exploitation moyen de 300.000 euros, qu’elle dispose d’une trésorerie excédentaire de 100.000 euros et que, par ailleurs, le cash apporté par le repreneur soit de 200.000 euros. Comment peut-on, dans ces conditions, estimer le prix « limite » ?

 L’acquéreur va se servir de trois instruments pour financer sa reprise : le cash qu’il apporte, l’emprunt qu’il va contracter et la trésorerie excédentaire de l’entreprise qu’il va « faire remonter » après la cession. Afin de rembourser l’emprunt d’acquisition, le repreneur va prélever une partie du résultat d’exploitation (REX) dégagé par l’entreprise, mais dans une limite raisonnable, afin de ne pas « assécher » l’entreprise et l’empêcher d’investir ou bien simplement de maintenir son outil de production en état.

Dans ce cadre, 60 % de prélèvement est une norme admise par tous. 60 % de 300.000 euros, cela fait 180.000 euros chaque année pour rembourser le prêt. Ce prêt ayant en général une durée de 7 ans, on ne pourra donc financer par l’emprunt que 7 fois 180.000 euros. Mais il faut aussi déduire de cette somme globale les intérêts de l’emprunt qui rémunèrent le banquier, soit, grosso modo, la valeur d’une des sept échéances. Conclusion : le prix maximal finançable est égal à 6 fois 60 % du REX, auquel il faut ajouter l’apport du repreneur et la trésorerie excédentaire. Cela nous fait alors un montant global limite de 1.380.000 euros.

Au-delà de ce prix, le repreneur ne pourra pas financer ; en deçà, le vendeur serait lésé. C’est ce qu’on appelle un point d’équilibre !

 

GILLES LECOINTRE, ÉCONOMISTE SPÉCIALISTE DU FAMILY BUSINESS

 

Les 7 étapes clés pour créer votre première entreprise sereinement

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Alors que la création d’entreprise chez les jeunes a fait un bond de 208% en près de 10 ans et que, plus globalement, 37% des Français souhaitent débuter une aventure entrepreneuriale, la plupart ne connaissent pas les bonnes pratiques pour se lancer, et surtout se développer sereinement. Une problématique à laquelle a souhaité répondre l’assureur Hiscox, qui dévoile aujourd’hui une infographie afin de donner aux entrepreneurs en herbe les clés du succès, en 7 étapes.

1 – Définir son business model

Trouver un business model viable, capable de dégager des revenus à un moment donné est la première action à mettre en place dans votre plan de développement. Une étape que beaucoup négligent, et qui peut couter très cher à terme. Des enchères aux commissions en passant par l’affiliation et les abonnements, plusieurs business model ont aujourd’hui déjà fait leurs preuves pour pouvoir envisager de s’y appuyer.

2 – Tester son projet

Une étape qui permet de sonder le public, afin d’améliorer le produit avant son lancement officiel, mais également de récupérer une première base de clients potentiels, et ainsi de limiter les risques lors du lancement officiel.

3 – Rédiger son business model

Votre business model validé, il vous faudra ensuite le présenter à de potentiels investisseurs au travers d’un document d’une vingtaine de pages capables de démontrer la solidité et la valeur ajoutée de votre projet. Présentation du marché, de la concurrence, de l’équipe, de l’offre, mais également plan d’action et gestion financière ne sont pas à négliger dans cette étape.

4 – Trouver des aides à la création

De nombreuses aides privées et publiques existent aujourd’hui afin de vous accompagner dans la création de votre propre entreprise. Certaines pourront par exemple vous aider à trouver des locaux, d’autres pourront vous conseiller sur votre plan d’action ou vous apporter une aide financière.

5 – Officialiser son activité

Pour pouvoir exercer légalement, il vous faudra obtenir un numéro d’immatriculation (SIRET). Mais avant cela, sélectionner le statut qui convient le plus à votre activité : entreprise individuelle (auto-entrepreneur ou freelance), société à part entière, ou portage salarial.

6 – Se financer…

… En levant des fonds, par exemple. Une étape qui vous permettra d’atteindre une stabilité financière dans votre développement.

7 – Assurer son entreprise

Une prime d’assurance ne représente que quelques dizaines d’euros par mois, soit le prix d’un forfait téléphonique. Une étape à ne pas négliger, afin d’assurer la survie de votre entreprise en cas de sinistre.

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par Iris Maignan

5 conseils aux directeurs financiers pour partager sa vision grâce aux données

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Qu’il s’agisse de présenter des mesures financières décisives ou d’informer des collègues sur les performances des différentes activités de l’entreprise, tous les directeurs financiers ont une vision à partager, notamment en cette période de début d’année qui requiert reporting sur l’année passée et prévisions pour 2017. Dans cette optique, la collaboration avec les autres services est considérée comme une priorité par 70 % des directeurs financiers (*Etude Adaptive Insights, CFO Indicator –Q4 2015 Report). Aujourd’hui, ils doivent donc plus que jamais communiquer efficacement et obtenir rapidement l’accord des parties prenantes pour les décisions métier. De ce fait, la mise en récit des données apparaît comme l’une des méthodes les plus payantes. Mais quel est donc le secret d’une mise en récit efficace?

Ne pas avoir peur d’utiliser des données pour partager sa vision

Il incombe au directeur financier de définir une stratégie et de donner des orientations en matière de ressources. Arriver à faire parler les données rend les personnes plus convaincantes et les interlocuteurs se concentrent sur la teneur essentielle du message et, donc, sur ce qui est important.

Ne pas noyer ses collègues sous une masse d’informations

Il est essentiel de ne pas surcharger d’informations sorties de leur contexte les personnes qui ne travaillent pas dans la finance. Pour intéresser son audience, il est important de mettre l’accent sur l’histoire que peuvent raconter ses données. Les histoires permettent de donner vie aux faits. Elles peuvent aider à donner du sens à un ensemble disparate de faits. Elles facilitent la mémorisation des points essentiels et permettent d’avoir une image claire de l’avenir. Les histoires favorisent également l’interactivité: l’audience s’implique davantage et peut s’identifier à la situation.

Un bon récit devra reposer sur diverses questions: «quoi?» ( les faits et les données), mais aussi «qui?», «comment?», «pourquoi?» et, ce qui manque souvent, «et alors?». Ce sont ces éléments de l’histoire qui rendront les données pertinentes et tangibles.

Construire une analyse comme un récit, avec un schéma narratif

Lors de la création d’une histoire riche en données, il faut d’abord savoir ce que l’on va raconter. Qui sont les personnages? Quels sont les obstacles à surmonter? Que peut-on attendre de son audience à la fin de l’histoire? Pour le savoir, il faut commencer par analyser les données et exposer ses découvertes, en utilisant des outils de visualisation de données pour accélérer et aller plus loin dans l’analyse. Chacun sera ainsi davantage en mesure d’examiner ses données de manière plus précise et plus pertinente.

Il faudra ensuite créer un storyboard qui représente la structure et la forme de son histoire. Cela aidera à réfléchir aux meilleures analogies ou métaphores, à définir clairement le défi ou l’opportunité et à déterminer le déroulement du récit et les transitions nécessaires. Le storyboard permet également de mettre l’accent sur les éléments visuels les plus importants, ceux dont on souhaite que les dirigeants se souviennent. Il est important de n’utiliser qu’un nombre restreint de diapositives. Si des détails supplémentaires sont nécessaires, il est préférable de les fournir dans un document annexe.

Etre vrai… Et l’histoire coulera de source

Pour mieux capter l’attention de ses interlocuteurs, il est important de se demander comment rendre un fait lié aux données plus personnel et qui interpelle davantage. Pour que les données soient marquantes, il est possible de les associer à une métaphore ou à une anecdote. Il faudra d’abord développer son histoire avec des données puis présenter les données et les faits sur lesquels repose le raisonnement. Ensuite, ces données pourront être complétées avec des données qualitatives.

Miser sur le visuel, comme un réalisateur

Les symboles, les graphiques et les images sont des outils de communication efficaces. Un élément visuel bien choisi et bien conçu transmet le message instantanément. En revanche, les tables de données ou de nombres ne sont pas toujours faciles à interpréter pour ceux qui n’ont pas l’habitude des feuilles de calcul. Il faut donc créer des analyses, tableaux et graphiques visuels bien conçus.

Cela s’applique en particulier lorsque l’on doit présenter des faits et des données qui ne constituent pas de bonnes nouvelles pour ceux qui écoutent. Par exemple, si l’on doit communiquer des informations sur un concurrent qui connaît une croissance rapide, une image montrant un prédateur sur la piste de sa proie peut être plus efficace qu’un tableau de chiffres en berne. L’image visuelle permet de prendre conscience du problème et du danger imminent. C’est également un bon point de départ pour faire avancer la discussion.

Se simplifier la vie et celle de son audience

La mise en récit facilite la communication. Les interlocuteurs se souviendront de la teneur essentielle du message et pourront agir en conséquence. Toutefois, la mise en récit doit être simple et directe. Il est certes possible de regrouper plusieurs histoires dans la même présentation, mais il ne faut surtout pas oublier que le cerveau humain ne peut généralement pas retenir plus de trois à cinq concepts ou faits majeurs. Il est donc important d’essayer de se limiter à deux ou trois questions essentielles et de les présenter d’une manière qui fasse écho auprès de l’auditoire.

Par Edouard Beaucourt, directeur France et Europe du Sud chez Tableau

7 idées de résolutions à tenir (ou non) en 2017 pour les entrepreneurs

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Qui dit nouvelle année dit nouvelles résolutions. Que vous ayez déjà votre “To-Do List” ou que vous manquiez encore d’inspiration sur le sujet, vous n’échapperez pas à la règle. Mais pas de panique, Maddyness a décidé de vous aider à préparer votre rentrée d’entrepreneur 2017 en sélectionnant, pour vous, sept résolutions à tenir (ou non) !

Networker tu essaieras

Si l’on a décidé de la mettre en première de cette liste, c’est sûrement parce qu’elle est la résolution la plus simple à tenir. Profitez de toutes les occasions que l’on vous offre, ou presque pour rencontrer du monde : entrepreneurs, investisseurs, médias ou partenaires potentiels. Tout événement est bon à prendre pour se faire connaître et faire naître des synergies business, quelle qu’elles soient.

Ton planning tu optimiseras

Morning Routine, méthode Pomodoro, travail dans un bistrot (si si), ou encore technique du jardinier, si les méthodes pour vous faire gagner de précieuses minutes chaque jour se multiplient et trouvent leur public, c’est que leur efficacité n’est, pour certaines, plus à prouver ! Le temps, c’est de l’argent, alors inspirez-vous des entrepreneurs à succès pour bien commencer votre journée, testez plusieurs solutions afin de connaître celle qui vous correspond le plus, et essayez d’en faire une habitude durable.

agenda bonnes résolutions

Les médias tu n’harcèleras pas

Difficile de gagner en notoriété lorsqu’on monte sa propre entreprise. Certains, pour se faciliter la tâche, feront immédiatement appel à une agence RP, tandis que d’autres choisissent de s’occuper eux-mêmes de leurs relations presse. Si vous êtes dans ce second cas, il est alors temps de renoncer à l’envie d’inonder la boite mails (et vocale) de vos médias de prédilection. Nous le savons, c’est une résolution des plus difficiles à prendre, mais les journalistes reçoivent pour la plupart plusieurs centaines de mails par jour, et n’ont pas toujours le temps de répondre à toutes les sollicitations ! Si vous ne recevez pas de réponse, ne vous offusquez pas, et préférez une gentille relance par mail ou même par Twitter quelques jours plus tard. 

NB : Le téléphone c’est dépassé, alors même si vous avez le numéro d’un journaliste, ne l’utilisez pas à tout-va. Et surtout, préférez le sms au coup de fil , même “de juste 5 minutes” qui forcera votre interlocuteur à interrompre ce qu’il était en train de faire, le mettant, la plupart du temps, dans de mauvaises dispositions


Tes clients tu écouteras

Si vous n’avez pas assez entendu cette règle ces 10 dernières années, on préfère vous la répéter encore une fois pour bien commencer l’année : le client est roi. Qu’il soit gentil, méchant, insistant, ou aux abonnés absents, il vous faudra cette année porter une grande importance aux relations clients, l’idéal étant d’avoir une personne en interne chargée de répondre aux questions et sollicitations des clients. Si vous le faîtes vous-même, rappelez-vous qu’un commentaire mécontent sur les réseaux sociaux peut avoir de véritables conséquences sur votre business, et qu’il vaut toujours mieux prévenir que guérir.

Des fonds tu ne lèveras pas sans raison

Si certaines entreprises ont besoin d’augmenter leur capital rapidement afin de se donner les moyens de se développer, on assiste aujourd’hui à une surenchère de levées de fonds dans tous les secteurs. Pourtant, nombreux sont les entrepreneurs et investisseurs qui conseillent de se concentrer davantage sur son produit ou son service avant de penser à boucler un tour de table dont l’investissement humain peut se révéler écrasant pour son activité. Lever trop tôt, trop tard, ou sans raison, c’est prendre le risque de faire chuter son propre business.

lever fonds entrepreneur

Ton équipe tu féliciteras

Si les salariés ne sont pas grand chose sans une entreprise pour les embaucher, il est d’autant plus vrai que l’entreprise n’est absolument rien sans ses salariés. Un patron à tout a gagner à assurer le bonheur de ses collaborateurs pour établir un climat serein au sein de son entreprise. Un bonheur qui passera par de petites attentions, d’éventuelles récompenses, mais surtout des félicitations lorsque le travail fourni en mérite. À la clé : bonne ambiance, productivité multipliée, et compétitivité.

NB : si le babyfoot n’est pas une condition sine qua non au bonheur en entreprise, un espace de détente est un vrai plus, de même que la possibilité de télétravailler !

De temps en temps tu décrocheras (mais vraiment)

Sans doute la résolution la plus difficile lorsque l’on est un entrepreneur. Pourtant, trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle fait partie des clés de la réussite, puisque chaque moment de détente vous permettra de repartir de plus belle par la suite. Apprenez à ne rien faire quelques minutes par jour, profitez de votre entourage, famille ou amis, ou encore faites du sport, trouvez l’activité de détente qui vous permettra de vous vider la tête, mais aussi de garder un véritable lien social hors de votre périmètre d’activité professionnelle.

NB : à ce qu’il parait la méditation fait des miracles aussi !

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par Iris Maignan

Pourquoi ça ne sert à rien d’être premier sur son marché ?

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Dans l’écosystème des startups, un débat persiste : celui de savoir s’il vaut mieux être le premier sur son marché ? Bien souvent, ce débat est agrémenté d’expressions telles que « time to market », « innovation de rupture » et « évangélisation du marché ». J’ai essayé de démêler le vrai du faux pour apporter une réponse claire aux questions suivantes :

Pourquoi c’est une bonne chose d’être le premier sur son marché ? Pourquoi ça ne l’est pas ? La position de premier arrivé est-elle toujours gage de réussite ?

Les avantages d’être le premier sur son marché

Vous pourrez dire que vous êtes « le seul à faire ça » et pour une fois ce sera vrai.

Arriver en premier sur un marché avec une idée est une bonne chose. Tout d’abord parce que vous pourrez dire haut et fort que vous êtes « les seuls à faire ça » et que pour une fois cela sera vrai. #seulaumonde. Plus sérieusement, votre rôle de pionnier peut vous servir et vous assurer une longue vie, mais pour cela il faudra satisfaire votre client dès le départ. Prends ça le Lean startup.

Bon lui, il ‘a pas tout compris…

Vous allez éduquer le marché. Cela va vous couter cher, mais vous aller pouvoir l’éduquer à votre convenance. Les post-its, les surligneurs fluo que l’on appelle tous des Stabilos, MacDo, Facebook, Snapchat… Personne n’imagine une autre utilisation que celle dictée par les marques.

Le pionnier est celui qui a le plus de chance d’enregistrer les meilleurs profits. Notamment parce qu’il est au centre du marché et qu’il est en position de force. Aussi parce que c’est le premier arrivé qui fixe les barrières à l’entrée pour les autres. Inutile de préciser que si vous n’avez aucun avantage, quel qu’il soit (technologique, marketing…), être pionnier sur son marché ne sert à rien.   

Les désavantages d’être le premier sur son marché 

En 2006, Archos le pionnier a vendu 1 million de baladeurs contre 39 millions pour Apple

Pour beaucoup, derrière la notion de « time to market » il y a le temps qu’une startup met à sortir son produit. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas totalement vrai. Avec cette vision on croît uniquement qu’un mauvais « time to market » c’est arriver en retard sur son marché. Mais arrivé trop tôt fait très souvent plus de dégâts que l’inverse et c’est un mauvais « time to market ». Donc oui, vous ne devez pas mettre 20 ans à sortir votre produit, mais arriver trop tôt pose problème.

Si vous arrivez trop tôt, vous devez évangéliser votre marché. En d’autres termes, vous êtes trop en avance pour vos clients, que vous qualifierez de « hasbeen » et qui ne comprendront pas encore votre valeur ajoutée. Vous n’imaginez pas le nombre de startups qui justifie leur échec ainsi. Si BlaBlaCar a mis 7 ans à décoller, ce n’est pas parce que l’idée était nulle ou qu’ils n’avaient pas de moyens financiers. C’est juste qu’il a fallu 7 ans pour que les gens prennent conscience du bienfondé du service. Peu de startups peuvent attendre 7 ans.

En étant premier, vous avez aussi un risque, celui d’être copié. Si vous innovez et que vous avez commencé à utiliser votre notoriété de premier à bon escient, cela ne vous fera pas peur. Au contraire, car vos concurrents vous aideront à évangéliser le marché. Pour autant, ils bénéficieront de votre travail et pourront  en profiter pour implémenter une nouvelle techno qui le rendra plus efficace ou pour réduire les coûts, c’est ce que l’on appelle le Free Ride Effect.

Enfin, même en étant le premier, si vous n’avez pas la capacité d’innover, vous ne ferez pas long feu. Il en est de même si au moment de la consolidation de votre marché vous n’êtes pas capable de produire à une assez grande échelle et assumer votre rôle de leader. Le pionnier qui a créé un nouveau marché ne détient environ que 7% du marché qu’il a créé après la consolidation. Toujours envie d’être premier ?

Exemple de startups/entreprises qui était pionnière avec un produit / service :

Arrivés premiers, ils ont réussi :

  • Coca-Cola est le pionnier incontesté. Dès le départ, les clients sont satisfaits. Ensuite, le marketing est soigné. Le père Noël est même devenu rouge. Une marque qui a tiré profit de sa position de pionnier pour développer d’autres marchés et innover.
  • Meetic est aussi un bon exemple. Fort de sa position de pionnier en France, l’entreprise impose son modèle en Europe. Au-delà de la place de premier en France, le site est devenu une référence en Europe jusqu’à dépasser des concurrents domestiques sur les marchés étrangers. Une performance réalisable grâce à l’expérience acquise en France.

Arrivés premiers, ils ont du mal à s’imposer :

  • En 2000, Archos sort le premier baladeur musical muni d’un disque dur avec près de 16 mois d’avance sur Apple et l’iPod, aux performances bien moins impressionnantes que le baladeur français.  En 2006, Archos a vendu 1 million de baladeurs contre 39 millions pour Apple. La puissance du marketing. 
  • Non, ce n’est pas Airbnb qui a inventé la nuitée chez l’habitant. C’est français, et c’est à Montpellier. En 2007, BedyCasa voit le jour. Pourtant devant le succès du modèle américain, qui s’explique notamment par un marché domestique beaucoup plus important et une approche beaucoup moins étique, BedyCasa doit s’adapter. Je ne vais pas vous mentir, des exemples de cas où le pionnier s’est fait doubler, il y en a des milliers d’autres dans les startups (L’arrivé d’AppleMusic, Myspace…) .

Être pionnier ne vous garantit rien. Ni la pérennité ni le succès. En revanche, votre position de premier est un avantage. Si votre idée est vraiment brillante et innovante, alors vous serez copié donc ne vous contentez pas de cette position. N’oublier jamais que « L’important ce n’est pas les cartes, c’est ce que vous en faites » Winamax, 2014. Chacun ses références.

à part pour lui, c’est pas toujours facile en plus !

Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous conseille de lire cette étude :  Pioneer advantage: Marketing logic or marketing legend?  

Par Kevin Bresson

Value Proposition Design, la bible de la proposition de valeur

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Après le succès retentissant de Business Model Generation, maintenant connu sous le nom de BMG, Alexander Osterwalder et sa fine équipe signent un nouveau livre qui poursuit leur travail et s’attaque à un sujet fondamental pour les startups : les propositions de valeur.

La première chose que l’on remarque dans ce livre, et qui n’est pas aussi superficielle qu’on pourrait le croire, c’est son design. On sait depuis longtemps l’importance que revêt cet aspect chez les consommateurs modernes fans de vidéos d’unboxing, et les auteurs du livre ne s’y sont pas trompés. Pas de portrait de l’auteur et de polices criardes et moches sur la couverture : un design sobre et une belle illustration, dignes de la réputation des Suisses dans le domaine.

L’ouvrage précédent de cette série faisait déjà la part belle aux illustrations, et les auteurs ont continué sur la même lancé avec ce nouvel opus. En feuilletant le livre rapidement, on pourrait presque s’y tromper : peu de texte, beaucoup d’images, est-ce un livre sérieux ? C’est qu’Osterwalder n’essaie pas d’écrire un ouvrage théorique.

Contrairement à la plupart des livres de la catégorie business qui ressassent sur plusieurs centaines de pages une idée abstraite souvent facile à résumer en 2 paragraphes, Value Proposition Design est autant un manuel qu’un livre d’exercices et un guide pratique.

Les auteurs ont essayé d’écrire la meilleure synthèse de ce que l’on sait sur le sujet des propositions de valeur, et de la présenter de la façon la plus percutante et la plus parlante possible, tout en proposant des moyens d’appliquer ces connaissances dès le livre refermé.

Et ils font un travail admirable : tout comme vous ne pouvez pas oublier le business model canvas après avoir lu Business Model Generation, vous ne pourrez plus oublier le value proposition canvas après avoir lu sa suite.

C’est là l’innovation principale du livre, pas dans ses apports théoriques, mais comme un nouvel outil pratique à ajouter à votre boîte à outils.

Le Value Proposition Canvas

La première partie de l’ouvrage est consacrée à la présentation d’un outil qui va servir dans le reste du livre.

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Partant de la case Value Proposition du Business Model Canvas (si vous n’avez pas lu BMG, les auteurs font un rappel largement suffisant au début du livre), Osterwalder a décomposé cette partie centrale de tout business model en deux grandes parties :

  1. Le Customer Profile : comme son nom l’indique, cette partie décrit le profil du client recherché, avec les tâches qu’il essaie d’accomplir (ici, Osterwalder reprend le concept de jobs to be done de Clayton Christensen), les résultats bénéfiques qu’il en attend, et les désagréments qu’il essaye d’éviter.
  2. La Value Map : elle est le pendant du point de vue de l’entreprise et comprend les produits et services que vous offrez au client pour qu’il accomplisse ses tâches, les avantages que ce produit va apporter, et les douleurs qu’il va soulager chez le client.

Les auteurs entrent dans le détail pour chaque section, en proposant une liste de questions très utiles à se poser pour approfondir et préciser sa compréhension du client. De nombreux conseils guident également le lecteur pour qu’il puisse travailler sur son projet au gré de sa lecture.

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Comme dans l’ouvrage précédent, vous avez accès à une version PDF imprimable de ce schéma sur le site consacré au livre pour pouvoir mieux l’imprimer et jouer avec en équipe à coller des post-its un peu partout pour remplir ces schémas.

Une fois tous les éléments mis en place, vous pouvez évaluer beaucoup plus facilement votre fit :

  • Est-ce que votre produit correspond bien aux tâches que votre client veut accomplir ? Est-ce que vous calmez leurs douleurs ? Est-ce que vous leur apportez des avantages ? C’est le fit problème-solution.
  • Est-ce que la valeur que vous pensez créer pour votre client se traduit par de la traction sur le marché ? C’est le fit produit-marché.
  • Est-ce que vous pouvez créer et délivrer cette valeur de façon durable ? C’est le fit business model.

Il reste à savoir comment faire évoluer sa proposition de valeur pour parvenir à ce stade ultime où la startup devient une entreprise à laquelle il ne reste “plus” qu’à exécuter son business modèle et à grandir.

Améliorer sa proposition de valeur ou en découvrir de nouvelles

C’est l’objet de la deuxième partie, la plus longue du livre, où les auteurs exposent leur méthode pour développer de vraies propositions de valeur à partir de vos idées.

Même si cette section fait un peu plus fouillis que la précédente, elle regorge d’outils et de techniques pour trouver de nouvelles propositions de valeur et les affiner.

Une fois que l’on est habitué à jongler entre les différents canvas comme illustré dans plusieurs cas d’étude au cours du livre, on parvient à une vision d’ensemble très fructueuse lors des brainstorms : chaque case du canvas peut donner naissance à une nouvelle idée, à un petit changement auquel on n’avait pas pensé plus tôt.

Et si on essayait plutôt de baser notre modèle sur un revenu récurrent ? Et si on transformait notre produit en service ? Et si on partait du client plutôt que du produit (technology push vs. market pull) ?

Besoin d’en apprendre plus sur votre client type ? Tout est expliqué : comment aller chercher des données, quelles règles suivre pour poser des questions utiles, comment étudier le public qui vous intéresse pour votre produit.

Finalement, une liste de critères bien choisis vous permet d’évaluer vos propositions de valeur, et de la comparer à celle de vos concurrents.

Si vous travaillez dans une organisation plus grande, une large part du livre y est aussi consacrée : comment organiser des ateliers, comment donner du feedback constructif, etc.

Tester sa proposition de valeur

Une fois la proposition de valeur choisie, reste à la tester pour s’assurer qu’elle est viable.

Ici, les auteurs reprennent en très grande partie la théorie du customer development de Steve Blank, et si vous avez lu le Manuel du créateur de startup, vous ne serez pas déboussolé.

Pour résumer, on peut présenter cette méthode en quatre étapes :

  1. Customer discovery : sortez de chez vous pour apprendre les besoins, les points de douleurs de votre client
  2. Customer validation : faites des expériences pour vérifier que vos clients trouvent de la valeur à ce que vous faites
  3. Customer creation : commencez à créer de la demande, attirez des clients dans votre entonnoir de vente, commencez à préparer votre croissance
  4. Customer building : passez de la startup à l’entreprise établie qui ne recherche plus son business model mais qui l’exécute pleinement

Pendant les premières étapes, avant d’avoir atteint le fameux product-market fit, le livre suggère de travailler par itérations (et reprend ici les méthodes classiques de la lean startup) : proposer une hypothèse de travail (un business model et une proposition de valeur), construire une nouvelle version de votre produit, mesurer les performances du produit, analyser les résultats et en tirer des leçons pour la prochaine itération.

C’est en répétant ces tests, ces expériences que l’on s’approche le plus rapidement d’un business model viable.

Mais de quels tests parle-t-on ? Tous les tests nécessaires pour transformer les hypothèses qui sous-tendent votre proposition de valeur (qu’est-ce qui doit être vrai pour que ça marche ?) en preuves solides. Et les auteurs déclinent tous les tests possibles et imaginables que vous pouvez faire pour cimenter vos idées : campagnes AdWords, landing pages, MVP, A/B testing, etc. etc.

Attention, le livre n’explique pas non plus tout en détail : il s’agit davantage d’un tour d’horizon général que d’un livre référence qui contiendrait tout le savoir nécessaire. C’est une boussole pour vous guider.

Débrief

En résumé, Value Proposition Design s’affiche comme un très bon livre. Il synthétise de façon éclairante tous les fondements théoriques de la création de valeur dans une startup, et ne se contente pas d’une présentation abstraite : les exercices abondent et vous permettent de vous plonger concrètement dans cette recherche. Si vous n’êtes pas encore sûr d’avoir trouvé l’idée parfaite, ce livre vous aidera sans doute dans cette quête. En plus son design très réussi en fera le coffee table book parfait pour les startupers en herbe.

par David Oudiette

Comment ruiner sa prise de parole en 4 étapes

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Managers et leaders portent souvent une grande attention au contenu de leurs prises de parole. Il y a pourtant des points de détail, régulièrement oubliés, qui peuvent ruiner la mieux préparée des interventions. Voici quatre d’entre eux.

Etre un leader, c’est plus qu’une fonction, c’est un label. C’est un engagement, une promesse envers les autres qui peut se résumer en un mot : l’inspiration, qui peut être traduite par la capacité à essaimer, générer de nouveaux leaders.

C’est parce qu’ils ont cette responsabilité que les leaders sont souvent de grands storytellers. Steve Jobs et Barack Obama sont de grands classiques que tout le monde connaît.

Pour inspirer, il faut pouvoir raconter ce dont on parle, car il y a un enjeu de connexion. Et au contraire d’un argument et d’une opinion, une histoire est conversationnelle, connectée par nature. Un argument et une opinion appartiennent au registre du monologue, une histoire se situe dans le dialogue.

Pour essaimer, faire naître de nouveaux leaders, il faut aussi que ce que l’on dit puisse faire l’objet d’une appropriation  par le public visé. On parle bien d’une véritable appropriation, pas d’une ingurgitation : un travail de prise de propriété sur le message émis est fait par l’auditoire avec, là aussi, une connexion avec la propre histoire de ces personnes, exercée par elles-mêmes sans contraintes extérieures.

Les leaders efficaces savent cela. Et pourtant, cela ne les empêche pas de commettre des erreurs de storytelling qui peuvent ruiner leurs efforts. Ces erreurs sont particulièrement basiques. Nous avons du mal à imaginer un leader expérimenté faire des ratages à ce niveau, mais c’est un peu comme quand on peste parce qu’on a égaré ses lunettes alors qu’en réalité elles se trouvent juste sur notre tête.

 

Erreur n°1 : l’histoire racontée n’est en réalité… pas une histoire

Le mot storytelling est aujourd’hui ce qu’on appelle un buzzword : il est plaqué sur toutes sortes de discours et d’écrits. Parfois, du storytelling est labellisé avec justesse, parfois une communication tout ce qu’il y a de plus traditionnelle l’est à tort, et parfois même, un storytelling n’est pas identifié comme tel. Les médias ne nous aident pas à y voir plus clair, car ce sont très largement eux qui ont contribué à ce flou artistique en utilisant le mot storytelling à tour de bras dans leurs articles et reportages. Quand ce n’est pas carrément le titre d’une émission, qui parle un peu de storytelling mais aussi de plein d’autres sujets et techniques dans lien réel.

Comment reconnaître (à temps, ou pas…) que l’on est en train de s’égarer ?

C’est le début qui va tout de suite être un indicateur (tant mieux !).

Si le speech commence par « Notre objectif est de… » ou « Voici les valeurs qui nous définissent… » ou encore « Voici pourquoi nous sommes un investissement de choix pour nos partenaires… », c’est mort. Ce n’est pas du storytelling. Ce n’est pas une histoire mais une liste d’arguments, une explication.  Une histoire, ce sont des événements qui se produisent, ou pourraient se produire, et qui arrivent à quelqu’un.

Commencer un speech par des éléments vivants de contexte d’une situation précise, parler d’une personne précise, ou de soi-même est un moyen plus sûr de faire du storytelling.

 

Erreur n°2 : demander la permission de raconter une histoire

On l’entend souvent : « si vous le permettez, je vais vous raconter une histoire… ». Comme si on s’excusait de ne pas utiliser les codes habituels (et inefficaces) des discours plan-plan. Comme si, aussi, on la considérait comme une parenthèse dans le discours, un peu de divertissement avant le cœur du speech. C’est à bannir. L’histoire est de suite décrédibilisée, quelle que soit sa valeur, et tout le reste du speech aussi, car son auteur aura l’air suspect, en donnant l’impression de vouloir noyer le poisson.
Erreur n°3 : « je vais vous raconter une histoire »

Cette erreur n’est pas sans liens avec la précédente. Mais l’effet est tout autre. Ici, on tue carrément l’histoire. Il y a effectivement une chose importante dans le storytelling, c’est la capacité d’accrocher l’auditoire dès le début du speech. Une même histoire amenée de deux façons différentes peut avoir des résultats complètement opposés. Si l’histoire que l’on veut utiliser est bonne, nul besoin de l’annoncer, on la raconte, tout simplement sans avoir besoin de mentionner le mot « histoire », les mécanismes internes du public la reconnaîtront.

 

Erreur n°4 : ne pas reconnaître une grande histoire quand on en rencontre une

Je me souviens encore toujours de cette entreprise dans laquelle j’avais travaillé. Pendant la guerre, le patron-fondateur avait déménagé son entreprise et ses salariés en zone libre française, à 400 km de son lieu d’implantation, juste pour ne pas être sous le joug des nazis.

Beaucoup de monde connaissait cette histoire dans l’entreprise. Par contre, elle n’était jamais utilisée, à part lors de conversations informelles et sans but précis, pour meubler. Par contre, lorsque l’entreprise a connu de grosses difficultés, tout le monde a baissé les bras très vite, sans penser à trouver de la ressource dans cet exemple du passé, dans le cadre duquel l’entreprise avait osé, s’était rebellée contre le destin. La force de cette histoire n’avait pas été repérée. C’est une compétence nécessaire pour un leader, et le genre d’histoires à avoir dans sa base de données narrative personnelle.

 

Il y a bien d’autres erreurs de storytelling à pouvoir commettre, mais ces quatre-là sont à la fois basiques et rarement prises en compte par les leaders.

Chronique de Stéphane Dangel